Idrissa Kouyaté envoie Sfax en finale

Duel Tuniso-Tunisien en demi-finales de la mouture Africaine de l’Europa League, le CS Sfaxien vient à bout du CA Bizertin (1-0) au terme d’un match débridé.

Même si elles sont fréquentes (Du fait des formats des Coupes d’Afrique et du nombre de clubs engagés dans les deux coupes) les confrontations 100% Tunisiennes comportent un fumet particulier, surtout à un stade aussi avancé de la compétition.

Et au-delà de l’enjeu, c’est-à-dire rejoindre l’épouvantail RD Congolais le Tout Puissant Mazembe en finale de cette coupe de la Confédération, ce CS Sfaxien - CA Bizertin c’est l’affrontement des deux clubs à la mode en Tunisie, aussi bien au niveau dynamique que football pratiqué.

Le CS Sfaxien, champion de Tunisie en titre, est entraîné par le Hollandais Ruud Krol qui a ressuscité l’équipe Nationale et lui a redonné une dignité en l’espace de quelques semaines de boulot, et de 90 minutes de jeu, contre le Cameroun en barrages aller de Coupe du Monde. Pour l’instant pas gêné par l’alternance Sfax-Sélection, l’ex latéral volant de l’Orange Mécanique fait jouer ses deux groupes de la même manière, un jeu offensif et enthousiaste, vivacité et déplacement entre les lignes à tout va.

Quand à Bizerte, c’est le coriace aux dents longues qui n’a peur de personne. Vice-champion il y’a deux ans, une coupe de Tunisie et une belle épopée en Afrique en 2013 (Ligue des Champions puis reversé en Coupe de la Confédération).Une équipe incarnée par ses trois ambitieux: Le jeune gardien Ben Mustapha, un temps pisté par Angers, le relayeur à la technique raffinée Ahmed Harrane, et la gueule d’ange ex-prodige des U17 Hadhria au poste de numéro 10.

Après le 0-0 à Bizerte à l’aller dans un stade limité à 3 mille personnes, le retour est délocalisé au stade Olympique d’El Menzah à Tunis. La encore le nombre de places est limité par manque d’encadrement sécuritaire mais au moins (et pour la première fois depuis plus d’un an tout compétitions confondues) les supporters des deux camps sont présents, on va pouvoir savourer de nouveau les échanges d’amabilités verbales qui font le charme du foot Made in Bled.

Et au-delà des tribunes la fête est sur le terrain. Nullement crispées par l’enjeu les deux équipes envoient du jeu à tous les étages. Le coach Bizertin Kebaier (ex-Etoile du Sahel) décale le feu follet Rejaibi sur un côté, le grand échalas Guelbi placé en pointe pour être à la retombée des centres.

Le CSS n’obéit à aucun système. Tout bouge à une vitesse phénoménale, et moins de dix secondes après avoir récupéré la balle les hommes de Krol prennent d’assaut les buts adverses à chaque action en un incompréhensible 3-2-5.

Les latéraux montent comme des mobylettes soutenir le trio offensif (les deux Ivoiriens Lebri et Kouyaté, et le grand rouquin international Tunisien Ben Youssef) et au milieu, deux types identiques donnent le tempo. Hannachi et Sassi, 1 mètre 70, cheveux gras et jambes de feu, orientent le jeu à leur guise, provoquent balle au pied, et sèment le désordre dans la défense Bizertine.

Paradoxalement c’est le CAB qui se procure les deux situations les plus chaudes de ces trente premières minutes, sur deux montées acérées de Salhi. Sur la première, une-deux avec remise subtile de Hadhria en pleine course, le gardien Sfaxien Jeridi intervient, et sur la deuxième, centre au cordeau pour Guelbi qui étend son double mètre, rentre dans le but après deux roulades, mais ne fait qu’effleurer le ballon.

L’avantage finit néanmoins par aller au plus entreprenant : Une offrande chacun pour les deux Ivoiriens, Lebri refuse en tirant à côté aux six mètres avec le but grand ouvert, Kouyaté accepte et ouvre le score pour les Sfaxiens (43’, 1-0).

Condamné à égaliser pour se qualifier, les Requins du Nord Bizertins font deux changements et se mettent en mode siège des buts du CSS. Le milieu offensif Youssoupha Mbengué entre en jeu. Sachant que côté Sfaxien y’a un défenseur nommé Youssouphou, je vous laisse deviner comment le commentateur s’est amusé. Facon Marquinho-Marquinhos, Abdullah-Abdallah, Esjberg-Elfsborg, vous connaissez les classiques.

L’équipe de Krol ne sachant pas se replier, on se retrouve dés la 60ème avec une situation siège stérile dans la surface d’un côté, contre-attaques à 4 contre 2 de l’autre. Hannachi et Sassi se font plaisir, tapent des grands sprints sur les autoroutes de quarante mètres qu’on leur offre. Mais leurs coéquipiers gâchent pas moins de huit opportunités de finir le boulot, le pompon étant la chandelle allumée au point de penalty par Kouyaté sur une belle remise de Ben Youssef.

Globalement plus léger qu’en première mi-temps, surtout offensivement, le CAB n’arrivera à inquiéter qu’une fois Jeridi en fin de match, mais se sera longtemps maintenu à flot du fait de la maladresse des Sfaxiens. Certains joueurs manquent encore un peu de métier pour être constants sur toute une rencontre, et Hadhria hormis 2-3 gestes de classe a encore déçu.

Ce sera donc le CSS qui affrontera le Tout Puissant Mazembe en finale, et s’ils arrivent à développer ce jeu échevelé tous les espoirs sont permis, à condition d’être plus efficaces devant le but. 

Résumé vidéo : 

Résumé de l'autre demi-finale :

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee