Le cru 2015 du Raja Casablanca, largué en championnat, n’a pas (encore) composté son ticket pour les oubliettes. Dans un stade Mohammed V en fusion, les Verts ont sorti Kaizer Chiefs (1-0, 2-0) et accèdent au top 16 continental. Trop rarement inquiétés par des sud-africains qui ont laissé passer leur chance en début de deuxième mi-temps, les hommes de Romao, solides et déterminés à défaut d’être géniaux, ont gardé leur avantage, et l’imposant Osaguona a fini le boulot en fin de match.

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Une fresque somptueuse pour rendre hommage au passé, et fustiger un présent nettement moins fringant. Les visages des triomphes africains du Raja (coachs et joueurs emblématiques des 3 graals africains, Coupe des Clubs Champions 89 puis Ligue des Champions en 97 et 99) ont été brandis de part et d’autre de la Curva Sud. Le tifo central, en 8 actes, a fêté ces 3 glorieuses puis livré le désenchantement du public rajaoui vis-à-vis d’une saison 2014-2015 riche en déceptions et en désillusions.

Toujours est-il que malgré l’absence de fonds de jeu, une multitude de matchs ratés dans les grandes largeurs, un championnat qui semble définitivement plombé par les deux défaites à Fès et face à Agadir, un président insulté qui a montré des velléités de démission, le Raja peut encore s’offrir quelques frissons dans les mois à venir. La double confrontation contre les Kaizer Chiefs a été bien négociée, et un huitième de finale de Ligue des Champions face au tenant du titre, l’ES Sétif, se profile.

Hier, une foule inquiète et déçue a pris place au stade, mais a donné de la voix et soutenu son équipe d’entrée. Les Chiefs ne sont pas partis à l’abordage pour effacer ce retard d’un but concédé à Durban. A vrai dire, sur plusieurs périodes de la rencontre, les hommes de Baxter n’ont pas semblé concernés par les débats.

A partir du moment où les premiers coups de pied arrêtés sont gâchés par une combinaison «  masse de joueurs au premier poteau » qui rappelle Le Havre époque Nicolas Gillet, il ne faut pas venir se plaindre. L’attaquant de pointe Lebese a eu deux balles en or pour remettre les deux équipes à égalité sur l’ensemble des deux matchs. Pas de regret sur la première, bloquée par la défense, mais cette frappe non cadrée sur la deuxième dans une position idéale, il ne fallait pas la rater. Dans l’ensemble, que ce soit Parker dans sa manière de dézoner ou Letsholonyane en meneur de jeu reculé, personne n’a trouvé la bonne carburation côté visiteurs.

Le Raja a tactiquement bien mené son affaire. Beaucoup d’agressivité au milieu, et de nombreuses fautes obtenues dans le camp adverse pour casser le rythme et garder les Chiefs le plus loin possible. La défense a une nouvelle fois affiché un manque de sérénité flagrant, mais a dégagé la quasi-totalité des ballons qui trainaient. Dans le doute, pas besoin de se compliquer les choses, une bonne chandelle et le tour est joué.

Salhi s’est encore montré intermittent, un mauvais choix seul devant le but, mais très inspiré sur cette louche pour Mabidé qui a mystifié l’arrière-garde sud-africaine. Pour le reste, Osaguona s’est chargé de déblayer le terrain.

Le nigérian a une gestuelle déconcertante. Il semble mal coordonné, tente des frappes inconsidérées, exploite souvent mal son physique de mastodonte, mais son travail de sape a usé la défense des vice-champions d’Afsud. Bilan : un défenseur dégommé (la cheville de Gould se rappellera longtemps de l’entreprise de démolition) et deux buts plein d’opportunisme marqués de près en fin de match. Suffisant pour que les Verts hurlent leur soulagement. A 6 jours du derby, leur saison n’est pas encore enterrée.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee