L’absence de plusieurs titulaires n’a pas gêné le tenant de la Ligue des Champions à Casablanca. Supérieure au Raja dans l’utilisation du ballon, l’ES Sétif a trouvé la faille à deux reprises. Les Verts ont rendu les coups encaissés en imposant de courtes phases de domination intense. Le 2-2 concédé hier contraint les hommes de Romao à aller gagner en Algérie dans 2 semaines pour arracher la qualification.

Soutenez le projet Lucarne Opposée - Chili 2015

« Le peuple veut la Champion’s League ». A l’entrée des deux équipes pour l’échauffement, le stade Mohammed V est plein à craquer, et les rajaouis signifient à leurs joueurs qu’il n y qu’un seul moyen d’embellir cette saison décevante : aller chercher le graal continental. Face à Salhi, Osaguona and co se dresse le champion d’Afrique en titre, de retour au Maroc 4 mois après le fiasco de la Coupe du Monde des Clubs et la défaite face à Auckland City (voir Coupe du Monde des Clubs 2014 : Auckland surprend de nouveau, Cruz Azul revient de loin).

Sétif, rasséréné par une victoire importante en championnat face à la JS Kabylie, était privé pour ce match d’éléments importants en défense (Aroussi, Megatli, Boukria) du milieu de terrain Gasmi et de leur attaquant de pointe Abdelmalek Ziaya. Mais contrairement à ce qui a été annoncé dans les médias algériens, le petit (1 m 65) et virevoltant Belameiri était disponible.

Les deux équipes ont évolué dans un schéma similaire, mais sur plusieurs aspects le 4-3-3 algérien parait un cran au-dessus de celui proposé par Romao. Le milieu de l’ESS a montré plus de fluidité dans les transmissions, plus de facilité à ressortir proprement de son camp. Djahnit et Belameiri, niveau prises de balle et appels, ont une fois de plus justifié l’attention que leur portent les grands clubs du continent (en particulier en Tunisie). Benyettou a tiré dans le mille en exploitant à merveille les deux opportunités qu’il a eues. Deux buts à l’extérieur, Sétif n’en demandait pas tant pour se faciliter la tâche.

Qu’a opposé le Raja à cela ? Un milieu de terrain à l’image de la saison en Botola, imprécis et en manque de spontanéité. L’attaquant nigérian Osaguona, isolé, a le choix entre s’écharper avec les défenseurs sur des longs ballons ou redescendre plus bas. L’animation offensive est extrêmement laborieuse, et les quelques inspirations de Salhi (qui met un coup-franc magnifique au retour des vestiaires) sont les seules cautions techniques à se mettre sous la dent.

Reste cette capacité, sur des courtes périodes, à emballer le match et le rendre irrationnel. Durant les minutes qui suivent les deux égalisations, l’euphorie qui s’empare des joueurs du Raja est difficile à contenir. Le public déjà chaud bouillant s’embrase, les percées –très- désordonnées de Mabidé et Aqqal se multiplient, et soudain Sétif est déstabilisé. L’arrière-garde et le portier Khedhairia ont été au bord de la rupture, et les Verts ont pu se maintenir à flot grâce à ces petites poussées d’adrénaline.

Il faudra montrer autre chose au match retour pour espérer créer l’exploit. Les rajaouis, moins créatifs que leur adversaire, doivent absolument trouver la solution pour exploiter les qualités athlétiques d’Osaguona. Gagner en Algérie nécessitera un volume de jeu plus conséquent, et une tactique qui ne se limite pas à espérer que Salhi invente un geste décisif. Faute de quoi, Sétif aura les cartes en main pour accéder à la phase de Poules de Ligue des Champions.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee