Pour sa deuxième édition, la Copa Euroamericana accueille un club français, l’AS Monaco.Même si elle reste une compétition amicale et l’occasion pour les européens de préparer leur saison, pour les suiveurs du football non-initiés, cette Euroamericana est une formidable porte d’entrée sur cet autre football.

Organisée par Direct TV, un service de télévision par satellite basé à Los Angeles, la Copa Euroamericana possède quelques analogies avec la Ryder’s Cup : deux continents s’affrontent sur huit matchs, chaque victoire apportant un point à son camp. A la fin des huit matchs, on totalise les points et sacre un champion. Face aux quatre européens invités, Monaco, Fiorentina, Valencia, et le champion d’Espagne, vice-champion d’Europe, l’Atlético Madrid, restait à trouver un casting de choix. L’occasion donc pour nous de vous présenter les « américains ».

Junior et Atlético Nacional : le meilleur de la Colombie pour l’ASM


En tirant les deux colombiens du casting sud-américain, l’AS Monaco ne fait pas dans le facile. D’un côté, Junior, premier adversaire de ce dimanche soir, de l’autre l’Atlético Nacional.

Junior n’est pas un club quelconque dans le paysage colombien. Le troisième plus ancien du pays, celui qui vît passer des Garrincha et autres Valderama, n’est autre que le vice-champion en titre, battu dans les derniers instants du dernier tournoi. Longtemps dans la roue du terrible duo MillonariosAtlético Nacional, les Tiburones ont échoué aux tirs au but lors de la finale. Dirigé par Julio Avelino Comesaña, qui l’avait conduit au titre national il y a 21 ans, avec Sebastián Viera, ancien gardien de Villarreal (un temps annoncé à Arsenal) comme capitaine, Junior, c’est une des valeurs sûres du championnat colombien. Pour les amateurs de légendes, c’est le club qui a lancé en première division Teófilo Gutiérrez et autres Carlos Bacca.

Reste que le plus gros morceau pour Monaco sera l’Atlético Nacional. Triple tenant du titre, quart de finaliste de la dernière Libertadores dont il était l’un de nos favoris pour le titre, le club dirigé par le génial Juan Carlos Osorio reste ce qu’il se fait de mieux au pays. Evoquer l’Atlético Nacional, pour les amoureux du football sud-américain, fait immédiatement remonter l’époque Francisco Maturana, celle dorée qui fît du club un vainqueur de la Libertadores. Rester dans ce passé fait oublier ce que sont les Verdolagas en 2014 : l’une des plus belles équipes du continent. Ainsi, Monaco devrait croiser une jeune génération de joueurs talentueux dont le symbole est le formidable duo Sherman Cárdenas – Edwin Cardona. A leurs côtés, leur capitaine international Alexander Mejía, l’excellent Daniel Bocanegra, le buteur Jefferson Duque et la légende Juan Pablo Ángel. On pourrait poursuivre la liste des talents présents dans cette équipe mais vous l’aurez compris, s’il est une équipe à découvrir à l’occasion de cette tournée monégasque, c’est l’Atlético Nacional.

Le reste du casting.

Deux péruviens, un argentin, un brésilien, un chilien, un américain, un mexicain, la Copa Euroamericana peut aussi vous permettre de vous familiariser avec quelques belles formations du continent.

Alianza Lima et Universitario sont probablement les deux meilleurs ennemis au Pérou, les deux protagonistes du Clásico Peruano, choc des titans au pays qui s’est déroulé à 342 reprises (128 victoires à 115 pour l’Alianza Lima). L’Alianza Lima a connu de longues périodes de succès et une longue période sèche, notamment après le drame de 1987 qui vît l’ensemble de l’équipe succomber lors d’un crash aérien (c’est à cette occasion de la légende Teófilo Cubillas rentrera au pays pour jouer gratuitement pour aider le club à reprendre vie). Champion lors de quasiment chaque décennie (à l’exception donc des années 80), les Aliancistas ont décroché la dernière Copa Inca et retrouveront ainsi la Libertadores en 2015 dont ils furent deux fois demi-finalistes. L’Alianza Lima, c’est le club qui a lancé Teófilo Cubillas ou plus récemment Jefferson Farfán, deux légendes du football péruvien. S’il a du mal à trouver un héritier à ses légendes (surtout depuis le départ de la pépite Yordi Reyna), le groupe de l’uruguayen Guillermo Sanguinetti apparaît plus expérimenté, à l’image du duo d’attaque Wilmer Aguirre – Mauro Guevgeozián, uruguayen récemment appelé en sélection arménienne. Un grand club qui ne meurt jamais et sait toujours revenir occuper les premiers rôles au pays. Constat similaire avec son grand rival Universitario. Champion en titre, l’autre grand club de Lima s’appuie sur une génération dorée péruvienne qui est en train d’éclore : Guarderas, Flores, Gonzales, Ruidiaz, quatre gamins de moins de 23 ans, grands espoirs du football péruvien. Universitario est le club le plus titré du pays, le premier à avoir atteint une finale de Libertadores. Un géant du football péruvien.

Que l’on suive le championnat argentin avec assiduité ou non, impossible de ne pas connaître Estudiantes. Les Pinchas de la famille Verón (le père et le fils, tous deux vainqueurs d’une Libertadores avec le club) sont l’un des grands au pays. Récemment, après la période dorée que fut l’ère Sabella, Estudiantes a connu un passage à vide qui le fît lutter pour sa survie. Mais emmené notamment par une jeune génération talentueuse, dont l’un des symboles est l’excellent Guido Carrillo, 21 ans, encadrée par de glorieux anciens et dirigé par l’excellent Mauricio Pellegrino, Estudiantes est redevenu un sérieux candidat, terminant le dernier tournoi à la troisième place.

Il en est de même avec Palmeiras. L’un des géants du football brésilien, qui revient tout juste de l’enfer qu’est la Serie B, reste l’un des plus titré de l’histoire du football carioca. Il est le seul club à avoir remporté toutes les compétitions organisées au pays. Champion de Serie B tout en étant huitième de finaliste de la dernière Libertadores, le Verdão est désormais passé sous les ordres du génial Ricardo Gareca et compte dans ses rangs le duo uruguayen Victorino – Eguren et l’ancien Xeneizes Pablo Mouche. Reste que s’il est un géant historique, le Palmeiras 2014 est encore loin d’être redevenu un grand. Avec un groupe en reconstruction, le club cherche avant tout à assurer son retour dans l’élite et reste encore loin des favoris du moment que sont les Cruzeiro, Corinthians et autres São Paulo.

L’Universidad Católica est également l’un des géants historique de son pays. Si pour certains, la Católica c’est le souvenir de la période Pizzi avec le duo Cañete – Pratto qui affolait la Libertadores en 2011, celle de 2014 reste pleine de promesses. Passée sous les ordres de Julio César Falcioni, dernier coach victorieux avec Boca, la Católica possède l’un des plus beaux effectifs du pays, notamment sur le plan offensif avec le trio Óbolo – Muñoz – González. Le duel annoncé face à Valence s’annonce passionnant.

Côté américain, le représentant ne sera pas la meilleure équipe de la MLS mais l’une de ses valeurs sûres. Les Quakes du trio Wondo – Lenhart – Gordon avaient manqué leur début de saison l’an passé avant de finir en trombe pour venir mourir au pied des play-offs. Il semble que 2014 soit identique. Actuellement plus mauvaise équipe de la conférence Ouest, San José, quart de finaliste de la dernière Ligue des Champions de la CONCACAF, ont une devise : « Goonies never die ». Autant dire qu’il vaut mieux ne jamais les enterrer trop tôt.

Reste de dernier membre du casting, l’un des plus excitants : América. Seul représentant mexicain, les Águilas (les Aigles) sont les plus titrés du pays : 11 titres nationaux, 8 trophées internationaux. Ancien club du sélectionneur devenu légende au Brésil, Miguel Herrera, América est désormais dirigé par l’argentin Antonio « El Turco » Mohammed, et poursuit sa transition. Il vient de frapper très fort lors du dernier mercato en s’offrant Paolo Goltz en défense et surtout l’excellent Oribe Peralta en attaque. Il fait d’ores et déjà parti des favoris pour le titre et est, pour vous qui vont le découvrir via cette Copa Euroamericana, l’occasion de découvrir l’un des meilleurs clubs mexicains du moment.

Avec ses quelques éléments de qualité, ces anciens en quête de nouvelle gloire et ses valeurs sûres, le continent américain offre donc aux clubs européens quelques beaux adversaires. Pour ceux qui ne sont pas des habitués du paysage nord et sud-américain, la deuxième Copa Euroamericana sera donc l’occasion de découvrir quelques habitués aux joutes continentales. Et ainsi entrer doucement dans cet autre football.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.