Dernière journée du Sudamericano pleine de suspense. Pendant qu’Equateur et Uruguay jouaient le titre, les géants Argentine et Brésil ne devaient pas se manquer sous peine d’être privés de Coupe du Monde. Un seul des deux allait se sauver.

Il fallait un miracle à l’Argentine pour décrocher une place à la prochaine Coupe du Monde de la catégorie. Deux solutions se présentaient à la jeune Albiceleste, aucune ne semblait évidente. Première possibilité, écraser le Venezuela par cinq but d’écart minimum pour ne dépendre de personne. Deuxième possibilité, gagner et espérer que le Brésil ne s’impose pas face à une Colombie déjà éliminée. Il fallait donc s’imposer et l’Argentine a mis toutes les chances de son côté. Ubeda sortait un système très offensif et cherchait à rapidement ouvrir le score, son équipe se ruant à l’attaque dès le coup d’envoi. Le souci de l’Argentine est qu’autant elle cherchait à prendre son destin en main, autant elle souffre des mêmes carences, à commencer par sa cohérence, son incapacité à produire du jeu. Alors, elle pouvait montrer de l’envie, elle manquait de clarté, d’efficacité et le Venezuela pouvait défendre sans trop de problèmes. Tout allait basculer sur les cinq dernières minutes du premier acte, sur deux actions similaire, un long ballon mal jugé par l’arrière garde de la défense vénézuélienne et parfaitement exploité par Lautaro Martínez. Le buteur du Racing marquait ainsi à deux reprises en trois minutes et garantissait un second acte de folie, l’Argentine ayant presque fait la moitié du chemin. Mais la seconde période restait dans la continuité du premier acte. L’Argentine se montrait plus tranchante mais sans pour autant véritablement menacer Fariñez à l’exception de l’énorme coup de casque de Cristian Rodríguez sur corner. Ubeda lançait alors Conechny et Barco, l’entrejeu albiceleste y gagnait en fluidité, le danger se rapprochait. Le formidable portier vénézuélien se mettait alors en action, la Vinotinto tentait de résister et ne se procurait que des semblants d’opportunités en contre, Soteldo faisant tout de même trembler la barre sur coup franc. Alors l’Argentine poussait mais ne parvenait pas à accentuer son avance, l’Albiceleste laissait son destin entre les mains (ou les pieds) des Colombiens, les derniers qui pouvaient leur offrir une place en Corée du Sud. Côté Vinotinto, l’heure était à la fête, les hommes de Dudamel pouvaient célébrer leur qualification pour la prochaine Coupe du Monde, la deuxième de l’histoire après celle de la génération Salomón Rondón en 2009.

L’équation était donc simple pour le Brésil, une victoire et la Canarinha s’envolerait pour la Corée du Sud. L’adversaire du soir, la Colombie, ne jouant pour rien d’autre que son honneur, on pensait que les hommes de Rogério Micale n’auraient aucune difficulté à remplir leur objectif. D’autant que d’entrée de partie, l’hyperactif Richarlison bousculait l’arrière garde des Cafeteros. Tout passait par ses pieds ou ceux de Felipe Vizeu, le danger ne faisait que se rapprocher. Si bien qu’à l’issue du premier quart d’heure, on pensait que la Colombie allait finir par céder. Ç’aurait pu être le cas sans une parade exceptionnelle de García devant Richarlison peu avant la demi-heure ou si le jeune attaquant du Fluminense ne manquait pas le cadre quelques instants plus tard. Malheureusement pour le Brésil, la suite des événements allait être à l’image de leur Hexagonal, voire de leur tournoi. Au fur et à mesure que les minutes défilaient, les occasions d’amenuisaient, le danger se faisait moindre pour un García qui n’avait plus à véritablement briller. Rien n’allait y faire, malgré une Colombie absolument inoffensive et une domination de tous les instants, jamais le Brésil ne parviendra à faire trembler les filets. Son 0-0 final l’élimine de la Coupe du Monde et offre ainsi une quatrième place totalement inespérée à une Argentine qui n’en demandait pas tant.

L’heure était alors venue d’assister à la grande finale de ce Sudamericano, le choc entre pays hôte et Uruguay, deux équipes qualifiées au coup d’envoi mais qui allaient se battre pour le titre, l’Equateur espérant réussir le coup parfait au meilleur des moments. Malheureusement pour la miniTri, pour réussir à bouger cet Uruguay, il ne faut pas lui faire de cadeaux. Celui de Segovia pour Joaquín Ardaiz allait rapidement tuer le suspense, le salteño du Danubio (tiens tiens), l’exploitant à merveille et permettant à la Celeste d’ouvrir le score dès la cinquième minute. Le coup était rude pour l’Equateur qui s’il tentait de se montrer dangereux par Cabezas ou Ayoví montrait trop de carences défensives que l’Uruguay exploitait à merveille à l’image de ce délice de passe de Nicolás De La Cruz pour Ardaiz qui filait seul au but et tuait le suspense alors que la demi-heure de jeu n’était pas atteinte. Car la suite n’était que gestion de la part d’un Uruguay qui allait pourtant se faire quelques frayeurs en fin de partie lorsque Lino exploitait parfaitement un long ballon de Minda pour réduire l’écart. Mais rien n’y faisait, l’infranchissable Uruguay avait fermé la partie et s’envolait vers une quatrième victoire en cinq matchs dans l’Hexagonal, la victoire qui lui offre le titre, le huitième de son histoire, le premier depuis 1981 et un Sudamericano déjà organisé en Equateur lors duquel la Celeste était emmenée par un certain Enzo Francescoli.

Bilan : la nouvelle donne

C’est sur ce succès que se termine le 28e Sudamericano de l’histoire, le troisième organisé sur les terres équatoriennes. Une fois encore, ce championnat de la jeunesse sud-américaine aura démontré une tendance qui se confirme quelle que soit la compétition continentale, les cartes ont bien été rebattues en Amérique du Sud, l’hégémonie argentine et brésilienne semble révolue. La belle génération 2015 de l’Argentine semble ainsi n’avoir été qu’une agréable parenthèse tant la sélection nationale se montre incapable d’aligner un collectif cohérent et repose sur quelques individualités. Le constat dressé en 2015 pour le Brésil pointait son manque de consistance et de régularité. Il est toujours le même en 2017 qui a montré une Canarinha impressionnante au début avant de disparaître à mesure que la compétition avançait. Comme toujours, les mêmes causes ont généré les mêmes effets. Avec des sélections de jeunes trop délaissées, des fédérations totalement corrompues et un football local en pleine crise, Argentine et Brésil ne mesurent toujours pas à quel point le sérieux travail mené chez les voisins n’a fait que combler l’écart sur lequel les deux géants se reposaient jusqu’ici. Après s’être enthousiasmé pour le Pérou de Yordy Reina et sa bande et la Colombie de JuanFer Quintero lors de l’édition 2013, celle-ci confirmant en 2015 avec les Lucumí et autres Santos Borré, l’édition 2017 restera sans aucun doute celle du Venezuela. Après l’énorme travail entrepris par Rafael Dudamel avec les A, ce dernier a bâti un groupe de u20 d’une grande cohérence et d’un équilibre quasi parfait, équilibre reposant sur quelques individualités d’un talent rare. Reste une exception dans ce paysage, toujours la même, l’Uruguay qui ne cesse de produire des talents et de montrer une cohérence à tous les étages et dont le titre mérité ne fait qu’illustrer que la Celeste est bien la nation numéro 1 en Amérique du Sud.

Sur le plan collectif, il y aura bien des déceptions comme le Chili et le Paraguay, jamais véritablement au niveau pendant cette épreuve et qui vont devoir se remettre au travail. Mais sur le plan individuel, ce 28e Sudamericano a encore révélé, voire parfois confirmé, quelques grands talents. C’est le cas des Uruguayens Facundo Waller et Nicolás De La Cruz, dont vous aviez déjà entendu parler dans les comptes rendus hebdomadaires du championnat, et qui ont confirmé les attentes placées en eux comme leurs coéquipiers Rodrigo Amaral et Nicolás Schiappacasse. C’est le cas aussi du duo Wuilker Faríñez – Yeferson Soltedo côté Venezuela qui, avec le futur joueur de Manchester City, Yangel Herrera aura porté une belle Vinotinto. C’est le cas enfin du Brésilien Richarlison et du Colombien Juan Camilo Hernández, au niveau attendu mais bien trop isolés au sein de leurs sélections, et de l’Argentin Lautaro Martínez, rare véritable satisfaction côté Albiceleste. Dresser une liste des belles révélations de ce Sudamericano tournerait rapidement au catalogue, il ne reste désormais qu’à ceux-ci à venir confirmer en club avant d’espérer changer le destin de leurs sélections majeures. Une chose est cependant sûre, l’avenir de l’Amérique du Sud est bien assuré. 

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.