Le glorieux club uruguayen de Liverpool a vécu une drôle de semaine, entre la police madrilène et un voyage que le club ne veut pas faire à Caracas au Venezuela.

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La police madrilène voulait être sympathique, et souhaiter la bienvenue dans la capitale espagnole de la coupe aux grandes oreilles. Las, si elle a bien souhaité la bienvenue à Tottenham, elle s’est trompé d’adversaire en mentionnant le Liverpool FC, dont la suite du nom « 1915 », aurait déjà dû les faire tiquer. 1915, c’est déjà bien ancien, mais c’est bien moins ancien que 1892, date de fondation des Reds de Liverpool (soit juste après Peñarol, ou presque). On ne peut que conseiller à la ville de Madrid de lire l’histoire du club du Liverpool uruguayen fondé en 1908 malgré ce qu’indique son nom sur Twitter, disponible ici.

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Car, en effet, Liverpool n’est pas qualifié pour la Ligue des Champions mais pour la bien plus difficile Copa Sudamericana. Les joueurs de Pezzolano ont éliminé les Brésiliens de l’Esporte Clube Bahía au premier tour, ce qui constitue une très grosse performance pour un club uruguayen de milieu de classement, et se voit donc poursuivre l’aventure. Le tirage au sort avait lieu lundi soir, et patatras, ce n’est pas à Madrid que Liverpool a atterri mais dans un autre type de port de pêche, Caracas. Les Vénézuéliens ont en effet été reversés à ce stade suite à leur élimination par Melgar (mais en gagnant le match retour) en troisième phase qualificative de Libertadores. C’est une mauvaise opération à plus d’un titre pour les Uruguayens. Tout d’abord, le déplacement de la trentaine de membres de la délégation de Liverpool va effacer presque à lui tout seul la prime touchée par le club pour la qualification à ce stade. Il n’y a en effet pas de vol direct entre Montevideo et le pays caribéen, et il est hors de question en termes de coûts de prendre un vol charter. Par comparaison, Wanderers et Cerro sont séparés de moins de dix kilomètres à Montevideo et se retrouvent face à face au même stade de la compétition, assurés donc de faire entrer des billets verts dans les caisses du club avec leur déplacement en bus.

Cela aurait pu être anecdotique, car tous les clubs engagés dans la compétition ont ces problèmes de déplacements au vu de la taille du continent et de la faiblesse de certaines connections aériennes, si l’on ne parlait pas du Venezuela de 2019. Le délicat président Palma est donc sorti dans la presse, demandant le transfert du match en lieu neutre, déclarant « la situation au Venezuela est de pire en pire. J’ai demandé à Jorge Bava (le gardien) de parler avec l’association des joueurs pour qu’ils demandent aussi le changement de stade. Voyager à Caracas est très couteux (…) mais la demande est à titre humanitaire ». Avec le soutien de la AUF et de l’association des joueurs de football, une demande est donc partie pour jouer le retour hors du Venezuela. D’autant plus qu’entre temps, le Palestino chilien a fait la même demande pour ne pas aller jouer Zulia à Maracaibo. Les Chiliens ne trouvant même pas de compagnie aérienne souhaitant assurer de vol charter vers cette destination pour leur match du 22 mai. Las, la CONMEBOL a rejeté les arguments des deux clubs (notamment sur le fait que seul les USA ont interdit les vols directs vers le Venezuela et qu’il existe donc encore des liens aériens avec d’autres villes), et les clubs ont reçu des « garanties » de la Fédération Vénézuélienne pour que la sécurité des deux équipes soient assurés.

Le communiqué se terminant par une menace à peine voilée, rappelant que le match retour se jouera bien, rappelant les obligations des clubs auprès du règlement de la compétition (sous-titré : si vous ne voulez pas jouer, vous serez sanctionnés). Les matchs auront donc bien lieu, du 21 au 23 mai pour ce qui est des matchs allers et du 28 au 30 mai pour les matchs retours. Les matchs auront lieu en après-midi au Venezuela pour être sûr d’avoir à dépendre plus du soleil et que du Ministère du Pouvoir Populaire pour l’Energie Electrique (MPPEE).

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba