On a coutume de dire que la France n’a pas de culture foot. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, il existe de nombreux projets en rapport avec le football et développés par des français. C’est l’exemple de Stad’In, jeune entreprise qui propose de voyager à travers l’Europe du foot à moindre coût. Rencontre avec Jonathan Canitrot, son fondateur.

Comment est né le projet ?

J’ai travaillé pendant 2 ans à Barcelone pour une entreprise spécialisée dans la billetterie qui revendait des places du Barça en France mais aussi des places pour l’Angleterre et l’Italie. L’expérience fut bonne et je me suis surtout rendu compte qu’entre le club de foot et le client, il y avait souvent un certain nombre d’intermédiaires avec comme conséquence un prix du billet multiplié par 2 ou 3 entre le tarif de départ et celui d’arrivée. En rentrant en France, je me suis alors dit « Pourquoi ne pas créer un site de billetterie sportive et travailler directement avec les clubs ». L’idée est d’y aller au culot auprès des clubs en leur expliquant qu’on a des clients qui sont intéressés pour assister aux rencontres à des tarifs raisonnables et donc s’ils veulent travailler avec nous pour satisfaire cette demande. C’est avec cette idée qu’on a réussi à créer des partenariats, notamment avec le FC Barcelone et on essaie désormais de se développer. On essaie aussi de travailler avec les clubs amateurs pour les mettre en relation avec les clubs pros lorsqu’ils veulent organiser des sorties en fin de saison.

Les clubs sont ouverts à ces pratiques ? Parce que vous entrez directement en concurrence avec leur propre billetterie…

Les clubs comme le Barça ne s’opposent pas à l’idée de confier une partie de leur billetterie à des intermédiaires autres que les réseaux classiques ou leur billetterie. L’avantage pour eux, c’est qu’en début de saison, ils vendent un certain nombre de places aux intermédiaires et n’ont donc plus à s’en soucier. Le risque, il est ensuite pour l’intermédiaire qui doit lui revendre ses places. Typiquement, on est partenaire du FC Barcelone et on a ainsi, pour chaque match, entre 30 et 50 places achetées à l’avance pour tous les matchs. Si on ne les vend pas, le Barça n’est pas impacté, c’est pour notre poche. D’autant que pour eux, vu la taille de leur stade, 30 – 50 places vides, ça ne se voit pas.

C’est applicable en France ?

Ce n’est pas pertinent de travailler avec les clubs français. Tout simplement parce que notre marché étant principalement français, les clients, s’ils veulent aller voir un match de Ligue 1, ils n’ont pas un réel intérêt à passer par nous. On travaille un peu avec l’OM mais uniquement sur de la billetterie de groupe en passant par le service du club pour avoir des tarifs intéressants. On travaille principalement avec les gros clubs étrangers, espagnols, anglais, italiens…

L’Angleterre, ça doit bien marcher parce que les tarifs sont assez prohibitifs et il est toujours compliqué d’obtenir des places ne serait-ce directement par les clubs.

Exactement. Disons qu’en France pour aller voir un match anglais, il y a des distributeurs comme la FNAC ou Carrefour Voyage ou autres mais ce genre de réseaux de distribution travaillent généralement avec des fournisseurs basés dans les pays qui eux travaillent avec un intermédiaire qui lui travaille avec le club. Alors même si déjà, à la base, les places sont relativement chères en Angleterre, toutes ces strates viennent gonfler davantage le tarif. Tout cela s’ajoute à la complexité rencontrée lorsqu’on veut passer en direct avec les clubs.

Pour résumer, quel est le catalogue proposé par Stad'In ?

Oui. En Angleterre, on propose principalement Arsenal, Chelsea, les deux Manchester et Liverpool, avec parfois des demandes ponctuelles sur des matchs impliquant West Ham, Tottenham. En Italie, Roma, Juve, les deux clubs de Milan…

..Naples ?

Le souci à Naples, c’est un souci sécurité dirons-nous. On a eu des demandes mais en Italie ils sont assez restrictifs. A chaque fois, il faut envoyer nom, prénom, date de naissance, photocopie de la carte d’identité, etc… Ca c’est la base mais à Naples ils sont encore plus demandeurs d’informations. Ce qui fait que pour l’instant, on n’a pas envoyé de client là-bas. On aimerait, moi le premier, mais pour l’instant on ne le met pas trop en avant parce que c’est compliqué.

Ensuite, on travaille aussi avec l’Allemagne et le Bayern même si là, c’est rendu compliqué par le fait que le club n’a pas besoin de nous pour remplir son stade, il ne reste quasiment aucune place à chaque match. On peut en faire 2-3 mais vraiment sur des matchs particuliers. Puis on travaille beaucoup avec l’Espagne, avec les deux clubs de Madrid et surtout le Barça. Comme on est partenaires, on le met aussi en avant.

Du Barça à la Roma en passant par l'Italie, l'Europe du foot s'offre aux passionnés sur Stad’In

On peut faire du sur mesure ? Demander un match particulier genre Belgique ou Ajax ?

L’Ajax c’est un bon exemple. Depuis le début de l’année, on a eu des demandes, on devrait pouvoir y répondre sans problème. Tout est faisable, on est à l’écoute de nos clients. Même si ce sera plus compliqué pour Chypre ou Malte…

Il ne manque plus que l’AmSud donc ?

C’est clair, mais dans ce cas, faut mettre en place des séjours complets.

Vous comptez le faire déjà en Europe ?

Oui. On réfléchissait à l’idée d’organiser des week-ends londoniens où sur le même week-end tu peux aller voir 2-3 matchs. Par exemple, sur le week-end du 2 février, il y a Arsenal – Southampton et West Ham – Aston Villa. Ca collerait parfaitement pour organiser un séjour londonien.

Vous avez l’idée de proposer des séjours complets (hébergement + match) ?

Au début on y avait pensé mais on a été confronté à un problème de législation. Pour proposer cela, il faut une licence de voyage et ça coûte de l’argent. Stad’In n’a que deux ans et on ne peut pas encore prendre ce risque. Quand on a des demandes, on travaille avec des agences de voyage partenaires qui parfois viennent s’agréger à notre offre en proposant hébergement et/ou transport. Mais on garde l’idée en tête, on le proposera un jour.

La demande est importante en France ?

Assez importante. Pour l’Angleterre notamment. On a des clients assez divers, des clubs de foot, des CE, des agences de voyages… La demande est là mais la concurrence est rude. On fait face à des mastodontes qui ont la chance d’être déjà connus et qui, même si leurs prix sont supérieurs aux notres, attirent plus.

La difficulté d’être crédible…

Exactement. Rassurer le client sur internet est un enjeu énorme. Il faut gagner crédibilité et légitimité. Et cela passe par se faire connaître.

Tu disais que Stad’In est une structure encore jeune. Vous fonctionnez comment ?

On est deux ! Je gère la partie commerciale par mon expérience alors que mon associé s’occupe de la partie réseaux sociaux, technique… On est deux gros fans de foot et de sport en général donc on s’entend bien et avec la motivation, on avance.

Conséquence, l’énergie dépensée est énorme.

C’est clair que les journées sont très longues, rythmée de hauts et de bas. Maintenant, on est passionnés, on vend du foot, ce qu’on aime et on profite de cela aussi pour aller voir des matchs, parcourir l’Europe. On est quand même assez comblés à ce niveau-là. C’est notre récompense. 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.