C’est l’histoire d’un projet fou de reportage au cœur du football de Buenos Aires. Sur plus de 250 pages de photos, Football Passion in Buenos Aires de Sebastian Frej tente et réussit le pari de vous transporter au cœur des stades de la ville, pour vous faire vivre la passion à l’Argentine. Rencontre avec son auteur.

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Tout amoureux du football a rêvé d’assister à un Superclásico ou à un Clásico de Avellaneda, ces matchs qui embrasent Buenos Aires autour de 22 acteurs et d’un ballon. Les images des papelitos, des ambiances folles s’impriment évidemment toujours dans les imaginaires collectifs. Pourtant, à côté de ces grands matchs, à l’ambiance surchauffée, il existe d’autre lieux où la passion n’a pas de limites, où pendant 90 minutes la victoire de ses couleurs se vit avec une intensité rare. Ces lieux sont aussi au menu du magnifique reportage photo de Sebastian Frej dont le résultat, « Football passion in Buenos Aires » offre plus de 250 pages de photos prises dans une cinquantaine de stades aux quatre coins de Buenos Aires. Du Ferro à River, de Boca à Dock Sud en passant par le mythique Cilindro, le Libertadores de América et tous les autres grands stades de Buenos Aires, Sebastian Frej vous offre une plongée au cœur de la démesure argentine mais pas seulement. Au fil des pages, vous y croiserez des enfants, des parents, des grands-parents. Toutes les générations d’un pays qui ne voit pas dans le football un simple moyen de vibrer mais bien plus que cela. Un livre essentiel pour tout amoureux de football. Un livre que son auteur nous présente.

Comment ce projet est-il né ?

Il y a environ 6 ans, lors de mon premier séjour en Argentine, je n’avais qu’un appareil photo de poche mais j’ai vécu des moments incroyables. Depuis, j’étais persuadé que j’allais y retourner pour faire véritablement quelque chose

Pourquoi l’Argentine ?

Enfant, j’aimais le maillot argentin et les papelitos qu’on voyait dans les stades.

Comment as-tu travaillé ?

Pour ce projet, je suis allé trois fois à Buenos Aires sur une période totale de sept à huit semaines. Désormais, avec la Superliga, ils annoncent les heures des matchs quelques semaines plut tôt. Avant, l’AFA le faisait seulement quatre jours avant le match, ce qui rendait toute organisation compliquée. J’ai fait le choix de faire un match par jour, ce qui fait qu’une fois, j’ai été voir 12 matchs en deux semaines.

Les hinchas argentins sont souvent décrits à travers leurs débordements, leur violence. Mais dans le livre, une grande place est laissée aux enfants, aux mères, aux grand-parents, aux familles. C’est la grande réalité des stades argentins, loin de celle des barras. Etait-ce un choix prémédité ?

La plupart du temps en Europe, on ne parle de football argentin que quand des barras s’entretuent ou qu’un gardien mange un burger… Donc oui, mon objectif était de montrer l’énorme passion qui animent l’ensemble des fans de tous horizons.

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Comment as-tu interagi avec les hinchas ?

Lorsque tu fais des photos dans un stade en Argentine, tu as deux types de supporters. La majorité d’entre eux veulent être pris en photos, mais toi, en tant que photographe, tu ne veux pas toujours ce type d’images, alors tu essaies d’être invisible. Et tu as les barras qui ne sont évidemment pas de grands amateurs des photographes. Alors il faut être le plus gentil possible.

Tu as eu des soucis avec les barras ?

J’ai fait attention autour des stades et j’ai bien écouté les conseils de mes collègues argentins, gardé l’œil ouvert, en particulier après les matchs. Lorsque tu dois trouver un transport en trimballant des valises de 25 kilos pleines de matériel photo, il est difficile de te fondre dans la foule. Par chance, le seul souci que j’ai eu a été du côté de Dock Sud, du côté du stade de San Telmo en dehors d’un jour de match. Mais par chance, j’ai réussi à trouver comment m’enfuir pour ne pas être volé.

Au-delà du simple fait que le football à Buenos Aires est pure passion, lorsqu’on entre dans un stade, on ressent une sorte « d’émotion physique » qui te saisit immédiatement. Certaines photos du livre décrivent à merveille cette notion « d’émotion physique ». L’as-tu ressenti également durant tes séjours ?

Je vois que tu as aussi été en Argentine. J’ai également ressenti exactement la même sensation, cela m’a saisi dans n’importe quel stade argentin. L’homme d’âge mur qui pleure à chaudes larmes quand son équipe entre sur le terrain avant le match. Sa passion est incroyable. Durant les 30 premières secondes, je ne pouvais que le regarder, je n’étais pas capable de prendre la moindre photo, j’étais sous le choc.

On sait que chaque fan est unique, mais si tu devais les résumer, tu utiliserais quel mot ?

Passion, passion pure.

Tu as prévu d’autres volumes ? Aurons-nous un “Football passion in Rosario » par exemple, ou dans d’autres pays sud-américains ?

J’aimerais. J’attends de voir comment cet album est accueilli. Jusqu’ici, je n’ai eu que des commentaires positifs. Si quelqu’un est prêt à m’aider sur plusieurs aspects de ce type de projet, pourquoi pas ? J’aimerais aller dans d’autres coins d’Argentine, je suis fasciné par les grandes villes qui possèdent de nombreux clubs. Je rêve aussi de Montevideo, d’Asunción où toutes les équipes de l’élite sont dans la capitale.

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.