Dans une saison jonchée par les valses d'entraîneurs, conflits d’arbitrages et autres projets sportifs en déliquescence, un club a montré que l’on peut allier beau jeu et bonne gestion. Pour ce deuxième chapitre de notre bilan de la saison en Thaïlande, direction Chonburi, pour qui l'espoir renaît après des années de chute.
Pour évaluer la réussite sportive d’un club, les amoureux du ballon rond ont souvent tendance à prendre le classement d’un championnat comme indicateur principal. En terminant septième la saison dernière, Chonburi FC ne donne pas forcément l’impression d’une équipe très performante, ni menaçante pour ses concurrents. Ce sentiment s’amplifie quand on regarde de près les années précédentes. Depuis 2018, le club a terminé neuvième, septième, douzième et donc septième au crépuscule de la saison dernière. La nécessité de s'intéresser à Chonburi réside donc ailleurs. Le jeu, la cohésion de groupe, l’aura d’un entraineur et une belle ambiance, toutes ces choses non quantifiables font de cette ex-gloire, le tube de la saison en Thaïlande.
Un homme, une finale et l’espoir
Pour comprendre ce qu’est Chonburi à l'échelle du football thaï, il est nécessaire de placer l’analyse d’un point de vue continentale. En étant le premier club du pays ayant atteint les quarts de finale de l’AFC Cup en 2009, ceux que l’on surnomme les Sharks ont permis à la Thaïlande de se placer sur la carte du football de club asiatique. Trois ans plus tard, cela s’est confirmé par une place en demi-finale de cette même compétition face aux égyptiens du SC Erbil. Malheureusement, et comme cela arrive trop souvent au royaume, le club n’a guère su capitaliser sur ses campagnes continentales pour devenir le mastodonte qu’il aurait dû être. Entre choix sportifs douteux et instabilité à tous les étages, les Sharks s'enlisent dans le ventre mou du championnat et disparaissent des radars en Asie. C’est dans ce contexte morose que Chonburi décide alors de s’attacher les services d’un nouvel entraîneur, Sasom Probprasert. On est en 2019, le virage vers un retour au premier plan est entamé.
L’homme au parcours cabossé n'a pas la réputation de faire dans la dentelle. Ancien joueur de Police Tero dans les années quatre-vingt-dix et entraîneur passé par les équipes de jeunes de l'équipe nationale, Sasom Probprasert a la difficile tâche de faire remonter à la surface un club en perdition. Avec du temps et de la patience, l'exubérant coach restructure petit à petit l'équipe première par le biais de concepts tellement simples, qu’ils ont tendance à tomber aux oubliettes. Retour de la discipline, préparation physique adéquate et surtout mise en place d’un jeu attractif. C’est par cette accumulation de recettes basiques que Sasom Probprasert parvient à mener son équipe en finale de la FA Thai Cup en 2021. Certes, en s’inclinant aux tirs aux buts face à Chiang Rai, Chonburi repart les mains vides, mais l’essentiel est ailleurs. L’ex-gloire revient sur le devant de la scène et a désormais la ferme intention de se distinguer par le jeu.
Jouer pour briller
Afin d’illustrer cette idée selon laquelle les résultats passent par l'esthétisme, Sasom Probprasert décide, à l'aube de la saison 2021/22, de s’appuyer sur des individualités, qui ont tendance à être en bonne relation avec le ballon rond. En défense central, le duo composé par Renato Kelic et Junior Eldstal pue la complémentarité et propose sans cesse de relancer le jeu par derrière, afin de construire multitudes d’attaques placées durant les matchs. Sur les côtés, Noppanon et surtout Chatmongkol, ne cessent d'épuiser leurs adversaires et proposer des solutions à force d’aller-retour sur le terrain. Au milieu de terrain, l’international thaï, Kritsada Kaman, éblouit par sa classe et son talent chaque rencontre qui passe. Les rumeurs disent de lui, qu’il pourrait être le prochain joueur local à s'exporter hors des frontières du royaume. C’est dire le potentiel. À ses côtés, le coréen Yoo Byung-soo se permet le luxe de terminer meilleur buteur du club cette saison, en plus d'être un liant parfait entre la défense et l’attaque. Devant le but, le Brésilien Dennis Murillo multiplie les efforts en jouant un rôle de pivot sur lequel tout le reste de l'équipe s’appuie pour finaliser les attaques. L’ex-joueur de Korat termine la saison en ayant marqué un but tous les deux matchs joués, ce qui est honorable en soi.
Ce tableau idyllique, ayant conduit Chonburi à terminer troisième meilleure attaque du championnat, est cependant entaché par un manque criant de profondeur de banc. Avec le départ de l’excellent Worachit vers BG Pathum lors du dernier mercato hivernal, l'équipe a progressivement montré des signes de fatigue et d’usure lors de la fin saison. C’est sans doute ce qui explique cette modeste septième place.
La possibilité d’un podium
Soyons clair, Chonburi ne fait guère partie des prétendants au podium quand il s’agit de pronostiquer la saison à venir. Cependant, il ne serait en rien utopique de penser que les Sharks ont toute leur chance. Avec un Port FC en déliquescence sportive, Bangkok United qui ne tient jamais sur la longueur et un Muangthong United dont la phase de transition tarde à se terminer, les hommes de Sasom Probprasert comptent bien montrer les muscles lors du prochain exercice. Pour cela, le club réalise un mercato sous le signe de l'expérience. Le Birman Zaw Min Tun, l'international thaï Sumanya Purisai et l’Ivoirien Amadou Ouattara, auront pour mission d’apporter, du muscle et de l'expérience, à une équipe esthète et qui reprend sa route sur le sentier du succès.