Après un lever de rideau sans grandes émotions, en particulier du côté du Sénégal, la soirée d’hier a été sans aucun doute la plus folle depuis le début de la compétition.

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On avait longtemps pensé que les choses allaient changer avec le retour des cadres, des stars. Le pensait-on vraiment ou l’espérions-nous ? La réalité a vite rattrapé les prévisions : le Sénégal d’Aliou Cissé n’avance pas. Deux nuls sans but, une courte victoire sur un penalty accordé à la 97e minute, tel est le bilan des Lions au terme de la phase de groupes. Avec toujours la terrible impression que cette équipe n’a pas d’idées. Le 4-3-3 une nouvelle fois planté a exposé un cruel manque de créativité, si Sadio Mané se procurait la première occasion du match, la seule véritable du Sénégal en première période, la volonté de jouer direct n’est restée qu’une théorie, le milieu à trois Kouyaté – Mendy – Gana Gueye n’apporte pas cette capacité à casser des lignes, à créer du jeu. Et le Sénégal s’est donc encore une fois fait peur, malgré trois situations sur coups de pied arrêtés en seconde période, un coup franc direct de Gana Gueye, deux têtes, une à bout portant d’Habib Diallo, une non cadrée d’Adou Diallo. Face à cela, le Malawi aurait pu forcer son destin sur la frappe lointaine de Muyaba ou encore et surtout sur le penalty accordé pour une faute de Bouna Sarr sur Chirwa avant que l’arbitre ne décide de l’annuler au VAR alors qu’il n’y avait semble-t-il pas d’erreur manifeste de sa part... Conséquence, un nouveau match nul sans relief qui permet cependant au Sénégal de remporter son groupe en n’ayant inscrit qu’un seul but (sur penalty) et qui donne de l’espoir aux Malawites, troisièmes avec quatre points et donc aux portes des huitièmes. L’autre heureux qualifié du groupe est la Guinée, piégée en première période par le Zimbabwe et qui n’a jamais réussi à retourner la situation pour finalement concéder une surprenante défaite qui la prive d’une première place qui semblait lui tendre les bras.

Si l’on avait été quelque peu privés d’émotions sur les matchs de 17 heures, la soirée a réussi à tout rattraper. D’un côté, il y a eu le Maroc, impressionnant de solidité jusqu’ici et pourtant totalement débordé par un Gabon au plan de jeu parfait, à l’équilibre remarquable et au jeu vertical qui faisait mal. Les Panthères se montraient capables de piquer, emmené par un duo Boupendza – Allevinah dans tous les bons coups, le second ouvrant la marque après avoir profité d’une glissade de Chakla, le premier voyait son pointu fuir le cadre d’un rien. Le plan était redoutable, il contraignait Vahid Halilhodžić à changer le sien, sortant rapidement Chair pour muscler l’entrejeu avec Selim Amallah, sans pourtant parvenir à se sortir du piège tendu par les hommes de Patrice Neveu, Munir sauvant même les siens juste avant la pause devant Palun. Les Lions de l’Atlas montraient enfin leurs fragilités (avec un onze il est vrai remanié), pensaient revenir après une sortie manquée par Amonome, sauvé par le hors-jeu d’En-Nesyri, mais s’exposaient encore et toujours la verticalité donnée notamment par un Jim Allevinah danger numéro un. Pourtant, le Maroc revenait au score, Boufal obtenant et transformant un penalty à l’entrée du dernier quart d’heure. Mais le Gabon réagissait immédiatement, une fois encore par son duo d’attaque qui provoquait le csc de Nayef Aguerd. La situation était compliquée pour le Maroc qui finissait tout de même par arracher le nul synonyme de première place sur une merveille de coup franc d’Hakimi. Match nul spectaculaire, deux qualifiés, un Maroc qui devra se ressaisir pour éviter toute mauvaise surprise quand le Gabon s’est trouvé un collectif au meilleur des moments et a rappelé à coach Vahid qu’il était bien son épine dans le pied (le Gabon est encore la seule équipe à avoir vaincu le Maroc sous les ordres du Bosnien).

Maroc – Gabon a été spectaculaire, Comores – Ghana a emboité le pas et conduit à une véritable sensation : l’élimination des Black Stars ! Au coup d’envoi, rien ne laissait pourtant augurer d’une telle folie. Maître de son destin, le Ghana savait qu’une victoire lui offrirait au minimum la troisième place du groupe. Mais tout s’écoulait en vingt minutes. Le temps d’abord pour El Fardo d’ouvrir la marque pour les Cœlacanthes dès la quatrième minute, le temps ensuite de voir André Ayew bondir pied en avant sur Ben Boina et être exclu après intervention du VAR, le portier comorien devant même céder sa place à Ali Ahamada. Le cauchemar pour les Black Stars. D’autant que l’ancien toulousain repoussait les quelques tentatives cadrées des hommes de Rajevac. Le piège se refermait encore plus sur un nouveau contre parfaitement mené en début de second acte, Ahmed Mogni trompant Wollacott à l’entrée de la surface. Dos au mur, le Ghana jetait toutes ses forces dans le combat, rassérénés par la réduction de l’écart immédiate de Boakye sur corner. La pression s’intensifiait alors sur les buts d’Ahamada, impérial dans ses cages notamment sur le coup franc de Kyereh mais impuissant sur le corner suivant coupé après déviation par Djiku au deuxième poteau. Il reste alors un quart d’heure, le Ghana était à un but de sauver les meubles et aller chercher la troisième place. Mais il était dit que le match serait fou jusqu’au bout. Les Black Stars n’y arrivaient pas, pire, les espaces laissés dans les couloirs étaient exploités, jusqu’à cette action de la 85e minute, le débordement de Youssouf et ce centre parfait pour Mogni, l’un des six Comoriens présents dans la surface ghanéenne, qui s’offrait un doublé. Doublé synonyme de victoire historique pour les Cœlacanthes et d’élimination tout aussi historique du Ghana, qui, pour la première fois de son histoire termine la phase de groupes sans avoir remporté le moindre match et surtout s’offre une élimination au premier tour pour la première fois depuis 2006 après quatre demi-finales et deux finales sur les sept dernières éditions…

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Photo : PA Images / Icon Sport

Déjà dans l’histoire en devenant la première femme à prendre part à une rencontre de la CAN, Salima Mukansaga n’a pas perdu de temps en dirigeant la rencontre opposant Zimbabwe et Guinée. Une prestation remarquée et suffisamment solide pour faire de la Rwandaise désormais l’une des candidates à la Coupe du Monde 2022.

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Exorcisme. Alors que les Fennecs algériens sont en grand danger avant l’ultime journée de leur groupe, les rumeurs les plus folles vont bon train. Au point de contraindre la fédération à devoir les nier. C’est ainsi qu’à travers un communiqué, la FAF a tenu à rappeler « qu’à aucun moment elle n’a fait appel à un quelconque exorciste (Raki) pour venir au Cameroun afin d’apporter ses ‘’services’’ aux joueurs de la sélection nationale », ajoutant qu’elle « déplore et condamne ce genre de rumeurs qui nuisent à l’image de notre sélection nationale, et se réserve le droit d’ester en justice tous ceux qui associent leurs noms et/ou activités à ladite sélection et à l’instance fédérale ».

Changement de stade. Critiqué pour l’état de sa pelouse, le stade Japoma n’ira pas au-delà des huitièmes. La Confédération Africaine de Football a décidé de délocaliser les quarts et les demies prévues au stade de Douala. Reste que le Algérie – Côte d’Ivoire final du Groupe E y est maintenu…

La fin du calvaire. La CAN 2021 de Bubacarr Trawally n’aura finalement jamais lieu. L’attaquant des Scorpions gambiens n’avait pas encore pris part à la moindre rencontre (bien qu’étant sur le banc), il est désormais rentré auprès de son club pour soigner une blessure à la cheville comme l’indique un communiqué de la fédération gambienne publié sur Facebook . Une situation qui a généré quelques controverses que Tom Saintfliet a voulu éviter : « S’il dit qu’il est n’est pas à 100%, je crois mon joueur, je n’ai pas la moindre raison de douter de lui. Nous avons reçu un email de son club, nous devons l’accepter. Nous avons besoin de joueurs à 100% et s’il n’est pas prêt, nous coopérons. Il a été essentiel durant la qualification, nous aurions aimé que Steve ait été là mais nous devons accepter la situation. C’est triste car Steve est un type fantastique, un super joueur, il va probablement nous manquer dans les prochains jours mais je suis persuadé que nous avons d’autres joueurs qui sauront saisir l’opportunité ».

prog

20 heures : Guinée-Bissau - Nigeria

20 heures : Égypte - Soudan

 

Photo une : DANIEL BELOUMOU OLOMO/AFP via Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.