Le résultat du match aller (1-1) en Afrique du Sud donne à l’Etoile du Sahel une petite longueur d’avance avant l’explication finale au Stade Olympique de Sousse dimanche. Mais les Orlando Pirates, à l’aise à l’extérieur tout le long de la compétition, n’ont pas dit leur dernier mot. Analyse des points sur lesquels cette apothéose de la C3 risque de se jouer.

Bounedjah, l’ultime défi

Cette fois, c’est fini. L’Etoile a réussi à s’offrir un peu de rab en gardant l’algérien 6 mois de plus, mais après la finale retour Bounedjah s’envolera pour le Qatar. Après 2 saisons de bons et loyaux services, des buts et des coups de sang à la pelle, le bison a une occasion inestimable d’entrer dans l’histoire du club, trois mois après avoir offert à l’ESS une coupe de Tunisie grâce à un triplé retentissant.

A Johannesburg, le numéro 9 a mis en difficulté l’axe central des Pirates en première période, en particulier sur les longs  ballons. Sangweni a paru déstabilisé par son impact physique, et c’est sur lui qu’il faudra insister d’entrée dimanche. Bounedjah aime marquer son territoire dans les matchs à domicile, l’arrière garde du Zamalek (éparpillée 5-1 à Sousse en demi-finales) peut en témoigner. L’attaquant va comme à l’accoutumée aimanter tous les ballons dans la première demi-heure, à lui de trouver la faille et surtout de garder son calme. Une saute d’humeur sous le nez de l’arbitre similaire à celle entrevue au match aller pourrait être fatale

Les couloirs : le duel Matlaba-Nagguez, Tej pour remplacer Abderrazek

Dans la bataille des arrières droits, Matlaba avait pris le dessus sur Nagguez en première mi-temps. C’est lui qui sert parfaitement Gabuza sur l’ouverture du score, et il a toujours trouvé une solution en mettant le tunisien sur le reculoir en permanence. Au retour des vestiaires, l’ESS a monopolisé la balle, et Nagguez s’est logiquement rebiffé en essayant de mettre la pression sur son vis-à-vis. Les retrouvailles risquent de peser lourd au match retour. A l’image des latéraux de sa génération, Nagguez est particulièrement porté sur l’offensive et s’il met les bouchées doubles dimanche, il devra se méfier de Matlaba et la couverture du défenseur central Boughattas dans son dos devra être irréprochable.

A gauche, Abderrazek n’a pas brillé à l’aller, à l’image de ses prestations ces derniers mois. Le placement défectueux de l’arrière a permis à Rakhale de s’engouffrer dans la surface à quelques reprises. Sa suspension pour le 2ème round lance le polyvalent et volcanique Marouène Tej dans l’arène. L’ex-joueur du Stade Tunisien a montré de belles dispositions dans un rôle plus offensif et inhabituel pour lui, mais il saura dépanner en retrouvant son poste de prédilection à condition qu’il ne prenne pas trop de risques.

INTERDICTION DE JOUER LE 0-0 !

L’ESS a déjà joué une finale retour à domicile après avoir fait 1-1 à l’aller. C’était en 2006, et les coéquipiers de Jmel et Mathlouthi-déjà présents à l’époque- avaient pris une option à Rabat grâce au but ô combien important de Gelson Silva. A Sousse, les étoilés, partagés entre l’envie d’aller de l’avant et la tentation de garder ce maigre avantage, avaient offert à leurs fans 2 heures longues et stressantes et 10 secondes de terreur avec le but des FAR à la 92ème minute…refusé. Le laps de temps qui a pétrifié le Stade Olympique et précédé la fureur des marocains a semblé durer une éternité.

Pour éviter un tel scénario, les hommes de Benzarti devront se souvenir des phases ou ils ont inconsciemment reculé d’un cran alors que la situation leur était favorable et à quel point ça leur a coûté cher (contre Zamalek à 2-0 à l’aller, avant la réduction du score d’Hefny, et durant ce match retour qui a tourné au calvaire). L’ESS doit s’inspirer de son match intense, plein et volontaire contre Al Ahly, de la seconde période contre l’EST à Sousse, c’est-à-dire prendre l’initiative et jouer pour aller marquer, sans gamberger ni lever le pied. L’Etoile doit aborder la rencontre comme si le match aller n’avait pas existé.

Les Bucs à l’aise à l’extérieur, l’esprit de 1995 source d’inspiration

Avec 4 victoires en 6 matchs de C3 joués hors de leurs bases, les Orlando Pirates ont montré qu’ils sont à leur avantage à l’extérieur. L’ambiance du Stade Olympique de Sousse ne devrait pas influer sur leur rendement, ils en ont vu d’autres. En confiance après avoir rejoint Bounedjah en tête du classement des buteurs de la compétition avec un but sublime à l’aller, Gabuza est en forme.

A l’image du compère de Gabuza à la pointe de l’attaque Kermit Erasmus, les sud-africains croient dur comme fer qu’ils peuvent inverser la tendance, et s’inspirent de la génération des Pirates de 1995, qui a remporté la Coupe des Clubs Champions en gagnant (1-0) à Abidjan contre l’ASEC après avoir été tenu en échec (2-2) à Johannesburg. A propos de cet exploit, Erasmus a déclaré au magazine Kick Off : « Les gars de la génération 95 y ont cru, se sont soutenus pour accomplir l’impossible, et ils avaient juste besoin d’un but, d’un seul but. Notre groupe comporte quelques-uns des meilleurs joueurs de ce pays, on a tout donné durant notre parcours et on n’a rien à perdre. Tout ce qu’on a à faire c’est aller là-bas et marquer ce but à l’extérieur ». Les Bucs ont marqué dans tous leurs matchs importants à l’extérieur (1 par match de poule, 4 en demi-finale) les tunisiens sont prévenus.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee