Une action à deux entre Akaichi et Msakni à l’entame de la seconde période a sauvé la Tunisie d’une grosse désillusion face au Togo (1-0). Sur une pelouse injouable, les Aigles de Carthage, inquiétants dans le premier acte, ont su faire preuve de sérieux et d’implication après l’ouverture du score. Cette victoire poussive replace les hommes de Kasperczak sur la bonne voie, à condition de confirmer à Lomé la semaine prochaine.

Tout «  stade fétiche » qu’il est, le stade Mustapha Ben Jannet, symbole de la ferveur provinciale à l’opposé d’un Radès frileux, comporte une pelouse qui n’aide pas vraiment les footballeurs à exprimer leur talent. La Tunisie, qui devait faire le jeu, a éprouvé toutes les peines du monde à faire circuler la balle correctement sur un billard ébréché ou les rebonds étaient légion. Bien en place, le Togo de Romao n’en demandait pas tant.

L’excuse recevable du terrain ne suffit pas, néanmoins, pour expliquer l’extrême lenteur dans les transmissions en première mi-temps, ni l’apathie et le manque de spontanéité que certains ont affiché. Moncer a à peu près raté tout ce qu’il a entrepris, Msakni a volé à chaque contact dans les 40 premières minutes sur ces tentatives de dribbles en position arrêtée.

Plus inquiétant, Ferjani Sassi, censé être le milieu axial le plus créatif, a perdu un nombre incalculable de ballons, souvent dans des positions ou la deuxième-troisième touche de balle a été fatale. Trop gourmand, le joueur du FC Metz ne lâche toujours pas la gonfle assez vite, est pris dans le dos par les milieux adversaires alors qu’il avait le temps, et ne s’oriente pas face au jeu assez souvent. Ce problème ne peut être compensé ni par l’enthousiasme de Larbi en début de match, ni par la permutation de ce dernier avec Moncer.

Heureusement, la mi-temps a été salutaire. L’énergie d’Akaichi, qui se bat sur tous les ballons tel qu’il est habitué, et le regain d’activité de Msakni ont engendré l’action décisive qui a soulagé les Aigles de Carthage. Impliqués sur la seule occasion tunisienne des 45 premières minutes (déviation du premier, frappe contrée du second) les deux éléments les plus satisfaisants du secteur offensif ont échangé les rôles : centre d’Akaichi, tête victorieuse de Msakni qui s’est arraché pour l’ouverture du score.

Un Msakni revigoré qui a signé une deuxième mi-temps aux antipodes de la première : de l’agressivité, des efforts dans le pressing, quelques belles percées dans l’axe, il a su maintenir le ballon très haut avant sa sortie. Ben Amor, qui a pris le relais de Saihi après sa blessure, a colmaté les brèches. En défense centrale, Ben Youssef a été très bon dans l’anticipation. Et, fait rare pour être souligné, le latéral gauche Ali Maaloul a cette fois-ci gardé l’équilibre entre l’attaque et la défense. Ce n’est pas génial, mais avec du sérieux et de la concentration la Tunisie a su neutraliser le Togo après le but et garder son avance sans jamais être mise en danger.

Aussi pénible soit-il, ce 1-0 fait basculer les Aigles de Carthage dans le bon sens. Mais interdiction de jouer petit bras au Togo : s’il continue à engranger, l’étonnant Libéria pourrait s’avérer être un concurrent plus coriace que prévu. Les ouailles du pays de George Weah, qui n’ont perdu à Lomé que par la plus petite des marges (2-1) ont dans l’escarcelle leur victoire à l’aller contre la Tunisie et la perspective de faire le plein à domicile (Djibouti dans 3 jours, Togo en Juin). Afin de conclure les qualifications en septembre dans de bonnes conditions et avoir une bonne marge, s’imposer mardi serait une excellente idée, jeu ou pas.

Photo : SALAH HABIBI/AFP/Getty Images

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee