Garder sa cage inviolée à Marrakech et débarquer à Lumumbashi avec une marge d’avance : mission accomplie pour le Wydad Casablanca. Les Rouges auraient mérité de punir plus durement un TP Mazembe toujours aussi indigent à l’extérieur au fil de ses campagnes africaines.  Que le match aller soit raté par péché d’orgueil ou réelle faiblesse, les Corbeaux vont devoir montrer un tout autre visage dans 2 semaines.

Depuis le tirage au sort intégral (jusqu’à la phase de poules) du tableau de la C1, les supporters du WAC et les observateurs du foot marocain avaient cette éventuelle double confrontation contre le tenant du titre dans le viseur. Au cœur d’un championnat plus ou moins maitrisé-plutôt « moins » désormais, la défaite face au Hassania Agadir obligeant les hommes de Toschack à s’employer pour maintenir les poursuivants à distance- tout le monde veut savoir ce que vaut vraiment ce Wydad mouture 2015-2016, et ce défi face à l’ogre du TP Mazembe constitue l’occasion d’être fixé.

Le match aller aura servi en tous cas à cerner la capacité de cette équipe à hausser son niveau de jeu. Souvent en-dedans en Botola, en particulier face à des formations regroupées, Hadjouj et ses coéquipiers ont proposé une entame exemplaire dans l’intensité, et 25 minutes de grande qualité. Des enchaînements rapides, de bons débordements dans les couloirs qui ont mis les latéraux Kasusula et Chongo au supplice, il n’a manqué qu’une présence efficace dans l’axe (en dépit de quelques belles inspirations d’El Karti) et de la précision dans l’avant-dernière touche de balle. El Hadded bouscule son vis-à-vis, envoie des banderilles, mais il est souvent brouillon et ça ne va pas plus loin.

Malheureux au cœur de son temps fort quand les occasions pleuvaient, le Wydad aura marqué (Noussair et Hadjouj) dans ses temps faibles, en fin de première mi-temps et au cœur d’une seconde période nettement moins plaisante à regarder. On retiendra qu’à chaque fois, Hadjouj était dans le bon coup : le centre au second poteau tandis que Gbohouo a déserté sa cage sur le premier but, et le pénalty obtenu pour le second. Deux actions décisives qui pèseront peut-être lourd dans le décompte final.

 

Le TP Mazembe : Dr Jekyll à la maison, Mr Hyde à l’extérieur

Il serait injuste d’attribuer la défaite du vainqueur de la C1 2015 uniquement à sa faiblesse, puisque le WAC a fait ce qu’il fallait pour l’exploiter. Mais depuis plusieurs années, la distribution entre les deux visages affichés par la troupe de Moise Katumbi est immuable : Tant qu’il n’y a pas urgence et que le match hors de ses bases n’est pas couperet, le Tout Puissant Mazembe glandouille. Et à domicile, il roule sur tout le monde.

Les 3 matchs de poules de C1 affligeants l’été dernier (en Egypte, au Maroc et au Soudan) sont autant d’exemples qui font écho aux 2 déplacements des Corbeaux en Tunisie pour le compte de la Coupe de la Confédération (C3) 2013. Durant toutes ces rencontres, le TPM a assumé son apathie et laissé son adversaire le déborder sans vraiment s’émouvoir, ni de la manière, ni du résultat. L’entraîneur français Hubert Velud semble confronté au même problème inextricable sur lequel son prédécesseur Patrice Carteron s’était cassé les dents.

Mais on le sait, il y a un monde d’écart entre l’équipe en pleine sieste au Maroc face au Moghreb de Tétouan en juillet dernier (0-0) et cette même équipe qui a écrasé le même adversaire (5-0) trois mois plus tard, sur son synthétique de Kamalondo. Il serait surprenant de ne pas voir Assalé -déterminant lors de la Supercoupe remportée face à l’ES Sahel (2-1)- être lancé d’entrée. Le grand échalas Jonathan Bolingi, qui a la lourde tâche de succéder à Samatta, n’a pas franchement convaincu. Ulimwengu, auteur d’une bonne entrée et qui aurait pu bénéficier d’un pénalty en fin de match hier, ronge son frein et devrait lui aussi avoir plus de temps de jeu au match retour.

Le WAC va être confronté à une formation survoltée qui va lui mener la vie dure, ces 2 buts d’avance ne sont pas de trop. Après avoir déversé le torrent, les Rouges de Casa ne devront pas pour autant dresser une digue, et jouer leur jeu sans complexe à Lumumbashi. Dans le passé, quelques équipes ont obtenu au RD Congo le résultat qu’elles recherchaient (le CS Sfaxien en 2013, l’ES Sétif en 2014) en misant plus sur l’offensive que les barricades, et ce but à l’extérieur qui change radicalement la physionomie d’un match. Avec de l’audace, et il est vrai un jeu direct adapté à ce satané synthétique. C’est de cette philosophie que les wydadis doivent s’inspirer.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee