Un nouveau nom, un propriétaire saoudien ambitieux, un recrutement « Do Brazil » dans un puzzle cohérent de compétences locales, une campagne de communication très active : en un mois seulement d’existence, le Pyramids FC (ex-Al Assiouty) est devenu la sensation du moment en Égypte, et affiche des envies de conquête susceptibles de bousculer la hiérarchie au-delà de la PL égyptienne, c’est-à-dire aux échelles du foot arabe et foot africain.

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Depuis 2017, Turki Al Sheikh, président de la fédération saoudienne de football, de l’autorité générale saoudienne du sport et de l’union arabe de football (UAFA, Union of Arab Football Associations), est très présent dans l’espace médiatique et s’est imposé comme un élément-clé de l’actualité du football dans la région MENA : le soutien à la candidature américaine à l’organisation de la Coupe du Monde 2026 (soutien qui a beaucoup fait réagir au Maroc), son élection fin 2017 à la tête de l’UAFA quelques mois après la résurrection de la Ligue des Champions Arabe (dont la première édition a été organisée en Égypte) et surtout son poste de président honoraire et investisseur au board de l’octuple champion d’Afrique Al Ahly, poste qu’il a quitté fin mai suite à des divergences d’opinion avec le board.

L’étape suivante n’a pas tardé : le 28 Juin, Turki Al Sheikh officialise le rachat du club d’Al Assiouty (dix ans d’existence, dont deux saisons dans l’élite) et le renomme Pyramids FC. À partir de là, les évènements se sont enchaînés à une vitesse folle.

Brésiliens et renforts d’une matrice locale pleine de savoir-faire

En trente jours, le nouveau propriétaire investit près de 32 millions de dollars pour renouveler le staff et l’effectif. L’ancien joueur d’Udinese et coach de Botafogo Alberto Valentim est nommé au poste de coach, précédé ou suivi par deux joueurs confirmés du Brasileirão : Keno (Palmeiras), Rodriguinho (Corinthians) et deux espoirs de 21 ans (Carlos Eduardo de Goias et Lucas Ribamar de l’Atlético Paranaense).

Mais cette greffe d’une escouade d’étrangers, en apparence symptôme d’une boulimie de transferts sans logique, a été intégrée à un socle local beaucoup plus cohérent, faite de grands noms du football égyptien que ce soit sur le plan sportif et le plan administratif. Le Pyramids FC a ainsi débauché trois internationaux présents en Russie avec les Pharaons : Omar Gaber et Ali Gabr (prêté par le Zamalek à West Bromwich). A ceux-là s’ajoutent plusieurs joueurs expérimentés qui ont pas mal d’années de championnat égyptien dans les jambes : Mohamed Farouk (Arab Contractors) Mohamed Fathi (Ismaily) Ahmed Tawfik (Zamalek). Cerise sur le gâteau, Valentim sera encadré par deux institutions d’Al Ahly : Houssam Badry (vainqueur de la C1 Africaine 2012 en tant qu’entraîneur) au poste de président, et Hedi Khachaba (légende des Rouges du Caire, triple vainqueur de la C1 en tant que joueur dans les années 2000) au poste de directeur du football. Excusez du peu.

Mido, porte-parole prestigieux, omniprésence sur les réseaux sociaux

L’activité du Pyramids FC ne s’arrête pas au mercato. Turki Al Sheikh s’est offert un porte-parole de luxe en la personne d’Ahmed Hassan, quadruple vainqueur de la CAN avec l’Égypte et buteur en finale en 1998. Ses apparitions dans les médias constituent le canal privilégié par le club pour exprimer son ambition sur le plan sportif (« nous voulons concurrencer les grands clubs pour gagner des titres, et nous ferons tout pour y parvenir » a-t-il déclaré sur la chaîne TV égyptienne Sada El Balad) mais aussi dans la constitution d’une fanbase pour accroître la popularité de ce « nouveau » venu.

Ainsi, aucun effort n’est épargné pour s’offrir de la visibilité. Un site web flambant neuf, un compte twitter très actif, un hymne à la gloire de « Nadi El Ahram » (Pyramids FC en arabe, NDLR) et surtout une chaîne TV qui sera lancée le jour de la reprise du championnat. Pyramids TV aura notamment pour présentateurs vedettes les journalistes égyptiens reconnus Medhat Chalabi et Ahmed Afifi et l’ex-joueur de l’OM Mido, qui possède désormais une expérience fournie comme consultant.

En attendant son premier match de championnat vendredi prochain, le Pyramids FC a conclu une série de matchs amicaux disputée à Alexandrie par un match nul contre le Rayo Vallecano (1-1). Est-ce que cet assemblage de pièces couteuses récemment acquis sera opérationnel suffisamment rapidement pour contrarier Al Ahly dans la course au titre, voire détrôner le Zamalek (qui s’est aussi renforcé avec les arrivées de Ferjani Sassi et de l’attaquant du Difaa El Jadida Ahadded) de son poste de challenger ? Réponse dans les prochaines semaines, mais vu les moyens déployés et les ressources à disposition, si la mayonnaise prend, les pyramides risquent de renverser la hiérarchie.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee