Interrompue en mars au stade des demi-finales, la C1 Africaine 2019/20 reprend ce soir. D’abord envisagées en une manche dans un « Final Four » sur terrain neutre, les confrontations Raja-Zamalek et Wydad-Al Ahly vont finalement se jouer au format habituel, avec matchs aller ce week-end à Casablanca et retour au Caire dans une semaine. Présentation des deux duels.

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Wydad-Al Ahly : retrouvailles avec Pitso Mosimane

C’est un beau clin d’œil du destin que le parcours continental de l’entraîneur sud-africain Pitso Mosimane avec Al Ahly débute face au Wydad. C’est au travers des confrontations entre les Mamelodi Sundowns et les rouges de Casa que s’est tissé l’intérêt du coach champion d’Afrique des Clubs en 2016 pour le football nord-africain. Masandawana et le WAC se sont affrontés six fois en trois éditions de Champions League (quarts de finale 2017, phase de poules 2018, phase de poules 2019, à chaque fois des matchs serrés et nerveux). Au travers de la défiance de certaines déclarations en 2018 et 2019, le doute était permis de voir un jour le sud-africain exercer plus au nord ; en effet, en novembre 2018, Mosimane évoquait « l’intimidation » pratiquée par les équipes nord-africaines, et en janvier 2019 après l’un de ces six matchs face au Wydad il dénonçait le même type d’attitude en déclarant « quand nous perdons, nous sortons du terrain correctement. Ils intimident l’arbitre, ils intimident tout le monde, et ils veulent le faire ici ? Non, si on nous intimide, on riposte ». Au fil des mois, la défiance s’est transformée en respect mutuel, Mosimane étant même acclamé à Casablanca en décembre 2019. Une rumeur avait même brièvement circulé sur sa possible arrivée pour exercer au Maroc, mais c’est finalement en Égypte, à Al Ahly, que l’ex-sélectionneur des Bafana Bafana a connu sa première expérience nord-africaine. Son caractère affirmé n’est pas de trop pour mener une mission majeure : remettre les rouges du Caire sur le toit du continent après trois ans sans finale et sept ans sans triomphe. Champions sans sourciller avec près de vingt points d’avance sur le Zamalek, les Ahlaouis ont un bilan toutes compétitions confondues de quinze victoires, trois nuls une défaite (face au Zamalek) depuis la reprise post-crise sanitaire. Trois hommes en forme seront à surveiller en particulier, les milieux Amr El Sulaya, l’international égyptien Mahmoud Kahraba et le Nigérian Junior Ajayi qui semble avoir retrouvé le niveau antérieur à sa grave blessure de l’an dernier.

Côté Wydadi, la perte du titre dans les ultimes minutes de la dernière journée dans le sprint final face au Raja n’a pas été ruminée bien longtemps. Invaincu au cours des dix dernières journées (ce qui inclut entièrement le bail du nouveau coach Miguel Angel Gamondi, l’Argentin qui a exercé près de quinze ans en Afrique dont deux ans à Agadir), le Wydad a toujours de bonnes dispositions sur les ailes avec Aouk et El Hadded, de la qualité sur coups de pied arrêtés, mais il manque encore un appui offensif fort dans l’axe que n’est pas encore arrivé à incarner le Congolais Kasengu. Malheureusement, il n’est pas possible de compter sur le retour au pays du goleador du CHAN 2018 Ayoub El Kaabi, celui-ci n’étant pas qualifié pour disputer la fin de la C1 avec le Wydad. Zouhaier El Moutarajji, buteur précoce lors du derby d’avril 2015 face au Raja à dix-huit ans mais qui n’a pas pu s’imposer par la suite, peut-il être le joker providentiel pour les marocains ? Réponse samedi soir.

Raja-Zamalek : quel Raja face à la vitesse zamalkaouie ?

Cette saison 2019/20, le Raja n’a pas fait les choses à moitié niveau suspense. À l’arraché dans toutes les compétitions, semblant grincer des dents avec beaucoup de blessés ou de joueurs en méforme, mais toujours avec l’obstination d’avancer. Avant la crise sanitaire, ça a donné des moments de grâce comme le derby de Casablanca complètement fou en coupe arabe (1-1 à l’aller, 4-4 au retour et qualification après avoir été mené 4-1) ou la qualification en C1 africaine face au TP Mazembe. Après la crise sanitaire, ça a donné un sprint de fin en championnat au cours duquel les Rajaouis ne semblaient pas du tout maîtriser leur sujet, mais décidaient de s’en sortir en marquant beaucoup quitte à encaisser beaucoup. D’abord mis sur orbite par le prolifique Rahimi, les Verts ont été sacrés au buzzer, en s’en remettant à leurs deux éléments créatifs, l’un (Metouali) qui a retrouvé une seconde jeunesse à trente-quatre ans en réintégrant le club de ses exploits en Coupe du Monde des Clubs, l’autre (Hafidi) miné et diminué par les blessures mais toujours capable de flashs décisifs même sur une jambe.

De l’obstination même quand ça grince et une belle ligne d’attaque, mais malheureusement l’adversaire de ce week-end à une marche de l’apothéose en C1 s’accommode bien des équipes à l’arraché et au petit jeu de qui marquera le plus. Il a les outils pour prévaloir sur une confrontation aller-retour. Indépendamment du départ de Carteron, le Zamalek présente des caractéristiques dans le jeu en transition qui dévore les espaces et punit la moindre erreur. Obama, Zizo, Mostafa Mohamed, une percussion bonifiée par les deux fusées marocaines Ounajem et Bencharki, qui en leur qualité d’anciens Wydadis vont se faire un plaisir de se rappeler au bon souvenir des derbies avec le Raja face à eux. Quel Raja verra-t’on ? Celui qui avait serré les boulons au début de sa campagne africaine et trouvé un équilibre avec sa force offensive ? Celui sur les rotules qui jouera sur l’euphorie du moment avec le risque de s’exposer à la vitesse adverse ? Réponse dimanche soir.

La finale se déroulera quant à elle sur une seule manche, au Caire si duel 100% Égypte Al Ahly-Zamalek, à Casablanca si duel 100% Maroc Raja-Wydad. Suite à un tirage au sort effectué ce vendredi par la CAF entre les deux villes, en cas de finale Raja-Al Ahly ou Wydad-Zamalek, c'est au Caire qu'elle se déroulera.

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee