Qui succèdera à Al Ahly, sacré pour la neuvième fois il y a quelques semaines ? Entamée dans la foulée de la finale 2019/20, la Ligue des Champions Africaine 2020/21 ne compte plus que seize prétendants, répartis dans quatre groupes de quatre équipes et une phase qui débute ce vendredi, avec déjà des incertitudes de planning liées à la pandémie. Présentation du plateau et des forces en présence.
Groupe A : Al Ahly, AS Vita, Simba, El Merreikh
La participation au Mondial des Clubs à peine digérée, Al Ahly remet le couvert en C1 dès le début de semaine prochaine (match décalé de la première journée, les autres auront lieu ce week-end) pour la première levée d’un groupe solide sur le papier : AS Vita (RD Congo), Simba (Tanzanie), Al Merreikh (Soudan). Les Ahlaouis rentrent du Qatar avec un bilan positif : premier champion d’Afrique à ne pas être éliminé d’entrée au Mondial depuis eux-mêmes en 2012, bonne figure malgré l’écart de niveau contre le Bayern Munich et troisième place de la compétition. Pitso Mosimane n’a pas fini de faire débat en Égypte même s’il a obtenu rapidement des résultats avec les Rouges. Mais le meilleur moyen de définitivement faire taire les critiques serait de conserver le titre continental suprême. Avant d’atteindre ce but et passer à la phase d’élimination directe, le vrai stade la compétition ou le club cairote jauge son niveau par rapport aux autres prétendants, il y a un statut à justifier, mardi face à El Merreikh, probablement sans l’arrière latéral international tunisien Ali Maaloul, sorti blessé face au Bayern.
Champions du Soudan en titre, les Rouge et Jaune d’Oum Dourman sortent de deux éditions de C1 au cours desquelles leur lustre continental a perdu de sa superbe. La faute à deux éliminations successives dès leur entrée en lice, bien avant la phase de groupes. Fidèles à leur réputation d’équipe intraitable à domicile, les Soudanais ont cette fois-ci réussi à combiner cela à une friabilité atténuée à l’extérieur (courte défaite au Nigeria face à Enyimba au tour précédent) pour enfin réintégrer le top 16. Il faudra des qualités similaires, une réussite entretenue pour leur attaquant de pointe Kheireddine Basit (quatre buts en quatre matchs de tours de qualification) et des retrouvailles réussies avec leur ancien coach désormais aux commandes de Simba, le français Didier Gomes, pour accrocher une des deux premières places.
Simba, entraîné désormais donc par Gomes, a aussi une élimination d’entrée lors de l’édition précédente à faire oublier et aussi écarté un club nigérian (Plateau United) sur la route menant à la phase de groupes. Pour les Tanzaniens, renforcés par l’arrivée de l’attaquant nigérian Junior Lokosa, dont l’expérience à l’Espérance de Tunis n’a pas été concluante, le paramètre-clé pour gérer les débuts de la phase de groupes résidera dans la récupération et le rythme des joueurs mobilisés par les A’ pour le CHAN 2021 qui vient se terminer, six joueurs de Simba ont fait le déplacement dont l’attaquant vedette John Bocco.
Même problématique pour l’AS Vita : dans le onze de départ de la RDC qui a perdu le quart de finale du CHAN face au Cameroun il y a deux semaines, six joueurs de l’AS Vita étaient titulaires et ont été aussi sollicités dans les trois matchs de groupe des A’. Dans quel état physique sont-ils, sont-ils en mesure d’enchaîner avec la C1 après plusieurs matchs internationaux récents, l’effectif est-il suffisamment profond pour assurer l’objectif de sortir du groupe ? Sur le papier en tous cas, cet objectif est plus réalisable cette édition pour l’AS Vita que lors de l’édition précédente, où il n’avait pas été possible de tenir la cadence face au Raja et l’Espérance.
Pronostic : 1-Al Ahly, 2-AS Vita, 3-El Merreikh, 4-Simba
Groupe B : TP Mazembe, Mamelodi Sundowns, Al Hilal, Chabab Belouizdad
Moins sollicité que l’AS Vita pour le CHAN, le TP Mazembe fait figure de favori du groupe, avec son armada internationale en ordre de marche : le toujours offensif attaquant tanzanien Ulimwengu, les Zambiens Mwape et Chango, le milieu guinéen Kouyaté, en plus des talents locaux confirmés (Mpeko, Zola, le vétéran Mputu), un arsenal qui ne devrait pas avoir de mal à passer un cap dont le TPM est spécialiste : en C1 ou en C3, format top 8 ou top 16, les Corbeaux ont finis premiers de leur groupe chaque année entre 2013 et 2020, soit huit éditions consécutives.
Derrière les favoris à la tête du groupe, il y a les favoris à la seconde place : les Mamelodi Sundowns, client habituel aux quarts de finale de la C1 depuis plusieurs années. Dominateur avec trente-trois points en quinze journées en PSL sud-africaine, Masandawana dispose d’arguments offensifs conséquents, avec le buteur de PSL Shalulile, l’ancien attaquant de Rennes et de Lens Kermit Erasmus, et le duo uruguayen Gastón Sirino-Mauricio Affonso. Mais, de même que pour les Kaizer Chiefs (voir Groupe C) les incertitudes d’entrée sur territoires étrangers des clubs sud-africains en raison des protocoles sanitaires (et des variants du virus, dont celui identifié en Afrique du Sud) risquent de chambouler le planning, en attendant les décisions de la CAF concernant où et comment les déplacements de ces clubs doivent être disputés.
Face à ces deux poids lourds, les deux challengers ne partent pas avec les faveurs des pronostics : les Bleus d’Oum Dourman, Al Hilal, vont vouloir s’inspirer de leurs bonnes dispositions hors de leurs bases (victoires au Ghana et au Zimbabwe) et compter sur le duo Hamid (qui a flambé en C3 il y a deux ans) - Bongonga. Relativement inexpérimenté sur le plan continental, le champion d’Algérie la saison dernière (leader avant arrêt définitif de la saison en raison des conditions sanitaires), le Chabab Belouizdad, va pour sa part surfer sur la dynamique offensive de ses matchs de qualifications (douze buts en quatre rencontres) et le vécu de certains de ses éléments, en particulier Amir Sayoud, très en vue depuis trois saisons au CRB, ou encore Belkhiter et Koukpo (qui ont quelques très bonnes saisons à leur actif dans le championnat tunisien).
Pronostic : 1-TP Mazembe, 2-Mamelodi Sundowns, 3-Chabab Belouizdad, 4-Al Hilal
Groupe C : Wydad Casablanca, Horoya Conakry, Petro Atlético, Kaizer Chiefs
Le problème de la crise sanitaire et des dispositions prises par chaque pays à l’échelle du continent se posent déjà dans ce groupe avant même l’entame : en effet, Kaizer Chiefs ne disputera pas son match face au Wydad à Casablanca, les autorités marocaines ayant refusé l’accès au territoire à l’équipe sud-africaine dans le contexte de la pandémie et du variant identifié en Afrique du Sud. Un casse-tête pour la CAF, qui dans une volonté de ne pas se placer dans une situation juridique risquant de faire perdre l’une des deux équipes, va devoir vite identifier un lieu (ou des lieux) pour que les déplacements de Kaizer Chiefs soient joués sur un terrain neutre dans un pays à désigner.
Favori du groupe, le WAC voit son nombre de semaines sans compétition s’accroître avec le report du match face aux Chiefs. Une bénédiction, puisque la reprise de la Botola après plus de six semaines de coupure, la récupération des trois joueurs vainqueurs du CHAN, la montée en gamme des gros espoirs offensifs du club (Msuva et Ellafi), trois actions nécessaires pour performer, vont pouvoir être enclenchées par les hommes de Benzarti avant leur entrée en lice.
La demi-finale de C1 perdue de justesse par le rival Primeiro de Agosto en 2018 a visiblement fortement motivé les Angolais de Petro Atlético, de nouveau en phase de groupes après une honnête campagne 2019/20 (troisième de groupe, le Wydad accroché 2-2). La deuxième place ne parait pas insurmontable, même si Horoya a une longueur d’avance sur le papier après sa demi-finale en C3 et un parcours de qualité. Les éléments moteurs de cette épopée, l’attaquant nigérian Sakin, l’expérimenté milieu burkinabé Nikiema et l’international guinéen Haba, sont toujours là. Il sera difficile pour les Kaizer Chiefs, qui n’avaient plus figuré dans le top 16 continental depuis 2014, de se mêler à la lutte pour la qualification, à moins d’un sursaut de ses vieux briscards : l’Équatorien Castro, champion d’Afrique avec les Sundowns en 2016, le buteur vétéran Bernard Parker, et (si sa longue convalescence se termine à temps) Khamat Billiat, dont le retour serait un renfort de choix pour les Amakhosi.
Pronostic : 1-Wydad, 2-Horoya, 3-Petro Atlético, 4-Kaizer Chiefs
Groupe D : Espérance de Tunis, Zamalek, MC Alger, Teungueth
On termine avec un groupe également relevée. Avec un désormais classique de ces dernières années, affiche de quarts de C1 et de Super Coupe, Espérance de Tunis-Zamalek. Dans leur zone de confort en championnat, les Espérantistes ont cassé leur tirelire aussi bien cet été (Marzouki, Nagguez, Chaalali, Ben Khalifa) que cet hiver (Badri, Togui, Basit), disposent ainsi d’un contingent offensif conséquent et feront très mal, à condition de trouver la bonne formule et gagner en efficacité offensive. Une chance pour eux, il faudra trouver cette formule dans une difficulté précoce, en urgence, dès la phase de groupes, en premier lieu face à un adversaire qui les met régulièrement en échec : le Zamalek. Sans l’attaquant Mostafa parti briller à Galatasaray après avoir été pressenti à l’ASSE, les Zamalkaouis se sont replongés dans les affaires domestiques suite au derby du Caire perdu en finale : vingt-six points dans les onze premières journées de championnat et capitalisation sur des repères stables autour de la vitesse du trio Bencharki-Obama-Zizo. Avec les mêmes armes que la saison précédente et une continuité entretenue le Zamalek a de quoi espérer monter la marche manquante vers le trophée.
Le Mouloudia d’Alger, qui a fait fort en sortant le CS Sfaxien au dernier tour avant la phase de groupes, se trouve devant une montagne à gravir. La dynamique de décembre s’est évanouie, depuis quelques semaines le MCA n’y arrive plus en championnat et enchaîne les matchs sans victoire. Il faudra une série d’exploits face à des adversaires solides, retrouver la vitesse qui avait renversé le CSS au 5 Juillet, notamment avec un Frioui déchaîné, et espérer que Bensaha puise dans sa soif de revanche à l’occasion de ses retrouvailles avec une Espérance où il ne s’est pas imposé.
Enfin, pour Teungueth, qui a sorti le Raja Casablanca sur une pelouse gorgée d’eau et signé la performance la plus retentissante du football sénégalais de clubs depuis plus d’une décennie, tout ce qui vient n’est que du bonus, pour emmagasiner de l’expérience et prendre du plaisir avec six affiches de prestige en guise de récompense.
Pronostic : 1-Espérance de Tunis, 2-Zamalek, 3-MC Alger, 4-Teungueth
