La première demi-finale de l’édition 2020 a livré son verdict en offrant à Palmeiras une première finale depuis 2000. Mais l’histoire a bien failli s’écrire.
« Je suis venu pour apprécier mon équipe. Mes footballeurs m’ont fait me sentir représenté, m’ont ému par la façon dont ils ont joué. Je suis fier de la manière dont ils ont abordé cette rencontre. C’est une sensation pleine, quand on regarde les organisations d’une équipe et la représente, je n’ai rien de plus à demander. Je les remercie pour ce match, ce que j’ai vu me rend fier et rend ma profession noble, c’est pour cela que j’ai choisi ce métier. C’est tout ce que je voulais dire. Bonne chance à Palmeiras en finale ». La conférence de presse a été expéditive, empreinte de mystères en ce qui concerne l’avenir, certains y voyant des adieux. Mais les mots de Marcelo Gallardo résument à la perfection ce qu’el Muñeco a ressenti en voyant son équipe répondre à toutes les critiques et passer à un rien d’un véritable exploit, sans doute plus grand que tous ceux qui ont été réalisés jusqu’ici au cours de son ère.
Un effectif accusé d’être trop vieux, sans idées, un entraîneur que certains voyaient dépassés. Un adversaire qui avait planté deux Libertadores en tribunes et dont les supporters célébraient déjà la qualification aux abords d’un Allianz Parque que beaucoup voyaient comme le tombeau de l’ère Gallardo. Tel était le contexte d’avant match pour River après la gifle et la leçon tactique reçue à l’aller au Libertadores de América. Mais s’il est une chose de sûre, il n’est pas possible de donner deux leçons à Gallardo. Napoleón avait prévenu que tout était possible, son homologue Abel Ferreira clamé que River était capable de venir mettre trois buts à São Paulo, dans un antre où personne n’avait marqué depuis la première journée de la phase de groupes. Et tout a été possible. Gallardo a planté une défense à trois, uniquement protégée par Enzo Pérez, plaçant Montiel et Angileri comme pistons au milieu, laissant sa confiance au duo De La Cruz – Fernández pour animer le jeu, derrière le duo Borré – Suárez. Le 3-1-4-2, qui s’est souvent mué en 3-3-4 n’a connu que deux frayeurs, un face à face perdu par Rony devant Armani (ou plutôt sauvé par le portier argentin) et une frappe de Zé Rafael qui a rasé la transversale. Pour le reste, la domination a été totale : près de 66% de possession, vingt-trois tirs, River a étouffé Palmeiras, réduisant la rencontre à plusieurs séquences d’attaque défense et faisant de Weverton l’homme du match. Aussi, quand Rojas ouvrait le score, tous les possibles le devenaient. Le but du 2-0 de Borré juste avant la pause venait sceller une première période totalement maîtrisée par les visiteurs et assommer un Verdão méconnaissable et dont on ne donnait alors pas cher de sa peau.
Puis sont arrivés les polémiques. L’annulation du magnifique but de Montiel dès le retour des vestiaires pour un hors-jeu de Borré au départ de l’action (alors qu’il semble bien que ce soit Luan qui lui rende le ballon en dégageant sur son coéquipier), le penalty accordé à Suárez avant d’être annulé au VAR, celui un temps envisagé sur Borré avant que la décision a été annulée pour un hors-jeu de Girotti décidé après avoir appelé l’arbitre de la rencontre à revisionner l’action litigieuse, le rouge sévère pour Rojas (la deuxième faute ne méritant sans doute pas un second avertissement), la sortie plus que musclée de Weverton sur Paulo Díaz dans les arrêts de jeu qui n’occasionnera pas de révision. Bref, plusieurs situations qui vont et font évidemment parler en Argentine et rappellent ce soir de 2017, dernière élimination de River Plate en demi-finale de la plus belle des épreuves, face à Lanús (les plus fervents rappelleront que le duo arbitre central-arbitre VAR était déjà uruguayo-colombien). Palmeiras est donc passé à un rien du précipice mais sera en finale pour la première fois depuis la défense de titre perdue face à Boca il y a près de vingt-et-un ans. Côté Millonario, nul ne sait si ce match était le dernier de l’ère Gallardo, ce dont on est sûr, c’est qu’il restera sans doute le plus épique de tous. Comme une conclusion parfaite.
Photo CONMEBOL