La saison 2020/21 de A-League s’ouvrira le lundi 28 décembre pour sa seizième saison et accueillera un nouvel acteur, le Macarthur Football Club.
Le championnat de A-League fait son grand retour sur les pelouses australiennes à la suite du couronnement du Sydney FC en finale des play-offs face au Melbourne City FC. Depuis, beaucoup de choses ont changé et la pandémie provoquée par le coronavirus a exposé toutes les failles de la A-League en lui assénant une multitude de départs de sponsors comme Hyundai, partenaire historique, avec une cession de distribution télévisuelle par Fox Sports à l’issue de cette saison. Ces pertes financières sont imputées aux douze franchises ayant dû faire avec un salary cap abaissé d’un million de dollars, passant de trois à deux millions. Seule bonne nouvelle, la fréquentation des stades sera possible à moitié à la reprise de la saison. Reste que leur avenir est en jeu et la fédération leur a donné leur indépendance pour cela : il faudra désormais négocier, nouer de nouveaux partenariats sans quoi, toute l’économie du football local s’effondrera. Les douze clubs sont face à leur destin, ils connaissent la passion des Australiens pour le football et surtout chez les plus jeunes. Maintenant, place au jeu.
Le wagon de tête
Il y a bien une chose que les Sky Blues de Sydney nous ont apprise, le succès repose sur la continuité. Être champion est possible, mais l’être sur plusieurs saisons est réservé uniquement à Sydney, champion de la saison régulière trois fois sur les quatre derniers championnats avec autant de titres en finale des play-offs. Cette alchimie, certains s'en sont inspirés à l’aube de la reprise : conserver les éléments majeurs, ajouter quelques têtes fraîches et garder une cohérence dans le onze titulaire. Dans cet esprit, trois clubs se détachent : Sydney FC, forcément, Melbourne City et Western United.
Melbourne City a laissé partir l’entraîneur français Erick Mombaerts, forcément avec beaucoup d’amertume. Sans titre majeur, mais une double place de deuxième en saison régulière et finaliste perdant (face au Sydney FC, défaite 1-0), Mombaerts a propulsé le club comme candidat numéro 1 pour contrecarrer la domination des Sky Blues. Patrick Kisnorbo, champion avec l’équipe féminine du club, a appris toute la saison auprès du technicien français comme adjoint, alors le bureau des Citizens a accepté de le laisser prendre la main sur l’équipe. Entre assistant et entraîneur principal, il y a une très grande marge, il faudra accepter certaines erreurs à venir, celle de l’apprentissage. Florin Bérenguer, le Français de Melbourne City, nous a témoigné d’une « continuité dans les exercices et façons de faire appliquer par Mombaerts ». L’esprit sera tourné vers le haut du classement sans revenir une nouvelle fois les mains vides. Dans l’effectif, il y a eu un départ majeur, celui de Joshua Brillante, le quaterback de l’équipe en plus de départ de joueurs en manque de temps de jeu. On a vu changer de maillot Ramy Najjarine (aux Newcastle Jets), Moudi Najjar et Denis Genreau (au Macarthur FC) notamment. Le club désormais logé au Sud-Est de Melbourne a réussi à conserver Atkinson et recruter Nabbout.
Autre candidat, le Western United. Autour du meilleur joueur de la saison, et de loin, Alessandro Diamanti, Mark Rudan connaît son groupe et sait où il a pêché. Les rayés vert et noir de Melbourne ont également recruté Víctor Sánchez, milieu défensif espagnol, avec un bagage de trois-cent-un matchs en première division espagnole sous le maillot de l’Espanyol plus particulièrement. Nos yeux seront toujours attirés par les raids virevoltants de Max Burgess, les gestes incroyables de Diamanti puis une défense mieux préparée. Il est là le problème de cette franchise, l’incapacité à ne pas trop perdre lors de sa toute première saison. Avec douze victoires, onze défaites avec seulement trois matchs nuls, la saison dernière de United n’avait pas été suffisante en termes de points pour espérer mieux qu’une cinquième place et donc des play-offs plus faciles.
Reste enfin le Sydney FC qui regarde un peu tout le monde de haut. Un seul départ, celui d’Adam Le Fondre ayant choisi de continuer sa carrière au Mumbai City FC en Inde. Il y a ainsi une place à occuper et la direction des Sky Blues travaille au recrutement d’un autre Mark Janko, Adam Le Fondre ou Bobô, un joueur capable d’envoyer plus de vingt-cinq ballons au fond des filets. Et le Brésilien Bobô serait d’ailleurs sur la voie de signer un come-back, lui qui fut meilleur buteur de la saison 2017/18 (vingt-sept buts) à moins que Trent Buhagiar déjoue tous les pronostics. Âgé de vingt-deux ans, l’attaquant des Sky Blues veut se battre afin d’acquérir cette place et ses prestations en Ligue des Champions en présaison ont été à la hauteur face à des cadors du continent. En six matchs, Buhagiar a été auteur de cinq buts. Il a la place de capitaliser sa chance auprès de Steve Corica. Le Sydney FC n’a pas d’autre idée en tête que finir la saison avec le titre de double champion, Premiership et Championship.
Auprès de ces trois équipes, le Macarthur FC a une carte à jouer. La nouvelle franchise, la douzième, basée au sud de Sydney a un effectif excitant sur le papier avec le Français Loïc Puyo. L’ancien joueur du Red Star a fait le choix de signer dans la toute première équipe des Bulls. Ces Bulls seront pilotés par Mark Milligan, meilleur joueur de la finale de 2015 de A-League avec le Big V de Melbourne et capitaine emblématique de la sélection australienne. Autour de Milligan, l’effectif est alléchant à souhait. Le duo espagnol, Beñat Etxebarria et Markel Susaeta, l’attaquant anglais Matt Derbyshire, sans parler d’une défense à la hauteur du championnat avec Anthony Golec, et les Aleksandar, Susnjar et Jovanovic. Le tout piloté par Ante Milicic, l’ex-sélectionneur de la sélection féminine australienne. Il n’y a jamais eu de mauvaise entrée en championnat pour une nouvelle franchise, à l’image des Wanderers, champion de la saison régulière en 2013. Ante Milicic et son effectif sont clairement taillés pour aller se battre face aux plus forts cette saison.
Champ de bataille
Lors de son interview avec le Western United, Víctor Sánchez a expliqué l’intérêt du salary cap donnant plus de compétitivité au championnat en comparaison avec ce qu’il a côtoyé en Europe. On ne pourra pas lui donner tort, la saison précédente a été palpitante jusqu’à la dernière journée. Entre le Wellington Phoenix (troisième) et le Western Sydney Wanderers (neuvième), il y a eu un écart de seulement huit points. On espère une saison 2020/21 aussi disputée.
Après une saison de débâcle, il a fallu tout refaire et recruter du côté du Melbourne Victory. Et le Big V n’a pas blagué. Arrivé en prêt de l’international U23 australien, Ben Folami, signature de l’attaquant franco-béninois Rudy Gestede et Callum McManaman au front de l’attaque. Le message est clair, l’objectif est de revenir tout là-haut et d’effacer cette déconvenue. Le secteur défensif a été lui aussi colmaté : Ryan Shotton, Nick Ansell, Dylan Ryan, Aaron Anderson avec Max Crocombe au poste de gardien de but. Sauf que les difficultés de l’équipe résidaient surtout dans la création de jeu et une équipe séparée en deux. On se remémore le départ de Keisuke Honda, laissant un vide monstrueux dans cet esprit de création. Un vide qui ne semble pas véritablement comblé et que Grant Brebner, néophyte à ce poste, devra colmater.
Ils ont le costume des sales types et c’est dans cet accoutrement que le Western Sydney Wanderers est le mieux. En une intersaison, le Wanderers s’est déjà mis à dos Adelaïde United et Newcastle Jets. Les Jets étaient heureux d’avoir recruté le technicien Carl Robinson, signant un contrat de plusieurs années, en février 2020. L’ancien entraîneur de Vancouver avait réalisé de bons résultats et la saison à venir semblait intéressante à suivre. Mais Paul Lederer, propriétaire des rouge et noir de Sydney, a détourné Robinson vers l’Ouest de Sydney avant d’en faire de même avec Bernie Ibini-Isei. Deux des meilleurs éléments de l’équipe. Ibini-Isei était en divorce avec le club des Jets, écumant les arrêts maladies dans le but de ne pas prendre part à la présaison. Le Wanderers ne s’est pas arrêté là. Avant le début de la saison 2020/21, Adelaide United avait autorisé James Troisi à discuter avec d’autres clubs. Mais quelques temps plus tard, Bruce Djité annonçait que finalement, suite à une situation du club qui s’était améliorée, Troisi était redevenu essentiel au club. Deux semaines avant la reprise officielle, Troisi, qui a ensuite déclaré ne pas avoir été mis au courant de ce nouveau statut, demandait à être libéré de son contrat et s’envolait vers le Wanderers. Les Reds d’Adelaïde ont plié. Les arrivées de Troisi et Ibini-Isei sont intelligentes dans l’espoir de fluidifier le jeu malgré le départ de Mitchell Duke au front de l’attaque. Sous les ordres de Robinson, le retour du Wanderers dans le top six ne devrait être qu’une simple formalité.
La grande inconnue réside dans la position finale du quatuor Brisbane, Perth, Adelaïde et Wellington Phoenix, tant les changements sont importants. Wellington Phoenix a conservé le très courtisé entraîneur Ufuk Talay, mais a largement perdu en qualité dans son effectif avec les départs de Liberato Cacace, Steven Taylor ou Gary Hooper. La magie Talay opérera probablement à nouveau, mais après la meilleure saison de leur histoire, Wellington pourra-t-il confirmer sa dernière saison tout en sachant qu’ils ne joueront pas en Nouvelle-Zélande ? La pandémie a provoqué un déménagement de la franchise de Wellington à venir s’installer à Wollongong, au Sud de Sydney. Loin des amis et des familles, les ‘Nix devront faire sans pour une bonne partie de la saison. Adelaïde, Brisbane et Perth ont largement remodelé leur effectif en passant par l’intronisation de nouveaux entraîneurs. Le Brisbane Roar a donné sa confiance à Warren Moon, pur produit du Queensland. Moon a représenté le Queensland Roar, l’ancien nom du Brisbane Roar, tout en prenant en charge plus récemment le club de Lions FC, remportant de deux saisons régulières et jouant une finale de l’État du Queensland. Brisbane lui a fait confiance et il aura le cœur à porter le club le plus haut possible. Les Reds d’Adelaïde ont laissé partir beaucoup de cadres : Paul Izzo, James Troisi ou Riley McGree tout en signant le volatile espagnol, Javi López capable de jouer dans l’axe de la défense, sur le côté ou en six. Pour diriger l’équipe, l’homme choisi par Bruce Djite, directeur du football, a été Carl Veart, le pompier durant la reprise du championnat à la suite de l’arrêt provoqué par le coronavirus. Veart avait été satisfaisant dans ses résultats, faisant espérer une dernière qualification en play-offs jusqu’à la dernière journée. Il faudra maintenant poursuivre cette bonne dynamique, sans le même groupe et après quatre mois d’arrêt. Son objectif sera le milieu de tableau et le reste sera du plus. Néanmoins, s’il peut mettre en lumière davantage les frères prodiges Touré (Al Hassan et Mohamed) cela sera une aubaine dans les prochaines fenêtres de transferts à venir pour les comptes du club. Suite au départ de Tony Popovic, Perth a fait appel à leur ancien joueur Richard Garcia. L’ancien milieu de terrain peut compter sur le retour d’Andy Keogh dans l’effectif. L’Irlandais devenu Australien arrive garnir une belle attaque composée de Bruno Fornaroli, Diego Castro et du retour de longue blessure de Chris Ikonomidis. Il y aura toujours Neil Kilkenny au milieu, Liam Reddy sur la ligne de but. Perth Glory est un possible candidat aux premières places s’il parvient à oublier sa mauvaise dynamique post-pandémie.
Sortir la tête de l’eau
Central Coast Mariners et Newcastle Jets sont rivaux dans la vraie vie et compagnons de galère. Deux clubs en extrême difficulté financière, deux clubs à vendre avec des effectifs ne donnant pas trop de confiance, l’un des deux voire le couple devrait végéter au fond du classement. Sans Dimitri Petratos, les Jets semblent abandonnés sur le papier et Berni Ibini-Isei n’est plus là non plus au front de l’attaque. Roy O’Donovan devra être à la hauteur même si le club a récupéré Najjarine en manque de temps de jeu à City. Il leur faudrait maintenant juste un coach. À ce jour, les Newcastle Jets sont encadrés par Craig Deans depuis le départ de Robinson à Sydney. Il leur faudrait aussi des fonds. Martin Lee, le propriétaire du club ne verse plus aucun centime et Newcastle, dans le pire des scénarios, l’entité devra être soutenue financièrement par les autres clubs. Depuis leur indépendance de la fédération, celle-ci ne pourra plus jouer le rôle de tutelle lors d’un changement de propriétaire. Le rival Mariners est tout autant dans la galère. Il n’y avait pas grand-chose à savourer chez la plus mauvaise attaque et défense de la ligue. Il est toutefois à signaler le retour d’Oliver Bozanic, le recrutement de Stefan Nigro en défense et Matt Simon sera toujours là en attaque. À eux d’être plus compétitif, d’essayer de s’accrocher et de ne pas s’embourber trop vite à la place de lanterne rouge. Néanmoins, les jaunes de la côte Est australienne donnent la chance à des jeunes de jouer sur les terrains de la A-League et on ne taira pas notre plaisir de revoir Dylan Ruiz-Diaz sur le terrain.
Programme de la première journée
28/12 à 9h05 : Western United FC – Adelaïde United
29/12 à 9 heures : Brisbane Roar FC – Melbourne City FC
30/12 à 9h10 : Western Sydney Wanderers – Macarthur FC
31/12 à 9h05 : Central Coast Mariners FC – Newcastle Jets FC