Troisième pays asiatique qualifié à entrer sous les projecteurs de nos lucarnes mondiales, le Japon reste encore dans l’espoir de revivre la fabuleuse épopée de 2002. Malheureusement, depuis, bien des choses ont changé.
Avant de revenir en Europe, la première lucarne mondiale du jour fait une nouvelle escale en Asie (probablement la dernière mais qui sait ?) et s’intéresse aujourd’hui à la sélection nationale japonaise. A l’image du « voisin » sud-coréen, les Samurai Blue ont vécu une Coupe du Monde 2002 qui les mit sous les feux des projecteurs mondiaux. Depuis, bien des choses ont changé.
Avant-propos
La Coupe du Monde 2002 était l’occasion à l’Asie de se montrer aux yeux du football mondial. Longtemps considéré comme l’un des parents pauvres du monde du football, les pays asiatiques ont su profiter de l’occasion pour montrer leurs qualités. A l’image des sud-coréens avec qui ils organisaient cette édition, le Japon s’offrit ainsi un parcours remarquable en atteignant les huitièmes de finale au cours desquels ils furent éliminés par la Turquie, autre surprise de cette édition. Si la Corée a su profiter de cette vague, le Japon en revanche semble marquer le pas. En témoigne cet entretien, réalisé comme d’habitude sur bigsoccer.com majoritairement avec Saku² qui a eu la gentillesse de me contacter et me répondre directement en français.
L’entretien.
- Quel est votre sentiment sur le tirage au sort ?
nsato : C’aurait pu être mieux mais c’aurait aussi pu être pire. Le fait que le Cameroun est actuellement au plus mal me rassure toutefois.
Saku² : Un tirage difficile mais accessible. On oublie les Pays-Bas, même si tout est possible dans le foot et que nous les avions dominés pendant 60 minutes chez eux l'année dernière, et on se concentre sur les deux équipes restantes. Nous n'avons jamais été vaincus par le Cameroun, ni par une quelconque équipe africaine je pense, donc celui-ci est à notre portée. Ce départ conditionnera tout le reste de la compétition. Le Danemark est une équipe assez méconnue mais je pense qu'elle est supérieure au Cameroun et qu'elle sera notre plus grande rivale.
- Et quelles sont vos attentes vis-à-vis de la sélection ?
nsato : Sortir du groupe semble un objectif réaliste mais personnellement, je ne m’attends qu’à ce qu’on marque 3 points.
Saku² : La qualification au tour suivant, mais une seule victoire suffirait à apaiser mon cœur. Ce serait la première en terre étrangère (en CdM).
{xtypo_quote_left}2002 était un état de grâce, toutes les conditions étaient réunies pour que nous puissions briller{/xtypo_quote_left}.
- Depuis l’Agonie de Doha” (match de barrage perdu par le Japon), la sélection nationale n’a cessé de progresser : présent en France en 98, entrée dans la lumière en 2002. Malheureusement, depuis, la Coupe du Monde 2006 fut un échec et les clubs japonais souffrent de plus en plus de la concurrence sud-coréenne notamment qui elle n’a cessé de progresser mais aussi désormais de la concurrence venue d’Australie. Ainsi, alors que la Corée du Sud a parfaitement capitalisé sur son parcours de 2002, on a l’impression que le Japon a manqué la marche. Pensez vous que ce soit le cas ou simplement les résultats actuels ne sont-ils que le reflet d’une période de transition traversée par la sélection.
nsato : On aurait pu faire mieux en 2002 alors qu’on aurait du faire mieux en 2006. Mais je ne pense pas que nous avons manqué quoi que ce soit. On a un peu reculé mais cela arrive à tous les pays. Sur le cycle actuel, nous ne sommes juste pas assez bons et Okada (NDLR : le sélectionneur) n’est pas le meilleur entraîneur du monde. Ainsi, ce que nous vivons est assez conforme aux prévisions.
Saku² : Disons que 2002 était un état de grâce, toutes les conditions étaient réunies pour que nous puissions briller. La suite fut un retour à la réalité. Après, le football japonais n'a pas nécessairement régressé comme l'indique la victoire en Coupe d'Asie 2004 ou les bonnes performances en Coupe des Confédérations, c'est juste une question ... de conjoncture. Avec Zico nous avons tiré sur la corde sentimentale sans se demander s'il avait les qualités d'un grand sélectionneur ou pour mettre en place l'équipe la plus adaptée aux joueurs qu'il avait à sa disposition. Autre facteur indépendant de sa volonté, la forte propension des Japonais à craquer sous la pression malgré une supériorité technique avérée. On l'a vu face à l'Australie en 2006.
Maintenant ... La spirale de mauvais résultats récents a mis Okada en difficulté. En effet, 2010 n'est pas une bonne année jusque là. La Coupe du Monde portera l'estocade finale ou nous fera relever la tête. Dans tous les cas, après la compétition il faudra prendre un grand sélectionneur pour passer un cap et se hisser à la hauteur de la Corée du Sud, voire la dépasser, définitivement. Au niveau des clubs, nous ne sommes pas inférieurs, mais leur sélection est meilleure.
- Pour conclure, intéressons nous aux joueurs. La plupart des européens connaissent sans doute des joueurs comme Matsui et Honda. Des fins connaisseurs peut être Morimoto et Hasebe mais dans l’ensemble, la faute à une couverture médiatique assez pauvre, on connait peu de joueurs de cette sélection. Sur qui nous conseilleriez vous de nous attarder ?
nsato : Kagawa est celui qu’il faut suivre. Il n’est pas encore installé dans l’équipe première mais vient de s’engager avec Dortmund. C’est un milieu offensif de 21 ans. Uchida aussi est très bon. 22 ans et récente recrue de Schalke, il joue arrière droit : sûr derrière, il est superbe lorsqu’il monte. Malheureusement, il n’est pas en grande forme en ce moment. S’il revenait et qu’il joue, il devrait être l’une de nos forces.
Saku² : Deux défenseurs centraux, Tulio et Iwamasa. Le premier aurait du signer à Twente il y a 6 mois mais a snobé les dirigeants venus à sa rencontre au Japon pour préférer une offre plus lucrative de Nagoya. Grand talent, défenseur central très technique et offensif, tellement qu'il n'est pas rare de le retrouver en pointe après 30 minutes de jeu par exemple. Il doit calmer ses pulsions mais autrement, c'est un excellent joueur, un leader. Indispensable.
Iwamasa sera remplaçant mais il est lui aussi très bon. Grand, bon de la tête, costaud sur l'homme, sobre, il rend toujours des copies très propres.
Les deux arrières latéraux, Uchida et Nagatomo. Nagatomo est une pile électrique, très rapide et offensif, bon technicien et défenseur acharné sur l'homme. Uchida est plus posé mais c'est un grand, excellent centreur et joueur intelligent. Les deux devraient jouer en Europe après la CDM, Uchida à Schalke et Nagatomo en Espagne ou en Italie.
Au milieu de terrain, même si je ne suis pas certain qu'il sera titulaire, Kengo Nakamura est un joueur que j'adore. Attention, ce n'est pas un jeune de 17 ans contrairement à ce que sa tête pourrait laisser penser. C'est un excellent passeur, qui voit très bien le jeu et distribue les ballons rapidement. Se créer souvent des occasions malgré son poste reculé (voir match contre le Ghana où il marque).
Enfin, en attaque, Shinji Okazaki. Plutôt petit mais très bon de la tête, il maîtrise l'art de la tête plongeante, c'est un joueur qui sait se placer et marquer des buts. Il a d'ailleurs obtenu le trophée de meilleur buteur international l'an dernier devant une pointure comme Luis Fabiano. Il doit encore progresser au niveau su sang-froid et de la prise d'initiatives mais c'est un tout bon.