À l’exception du Brésil, la lutte pour la qualification sera une lutte acharnée pour l’ensemble des autres participants. On le savait au coup d’envoi des éliminatoires, on en a la certitude désormais. Et au soir de la troisième journée, Uruguay et Chili se sont parfaitement relancés.
L’heure du premier examen était venue pour la Colombie. Après une belle sortie au Chili, le premier géant de la zone se présentait à Barranquilla et l’occasion était idéale pour les hommes de Queiroz pour d’une part confirmer leur excellent départ, mais surtout instiller le doute dans les esprits charrúas, lourdement tombés en Équateur après une victoire peu convaincante à Montevideo face au Chili. C’était oublier une malédiction qui touche la Tricolor colombienne : depuis le 4-0 passé à ces mêmes Uruguayens en septembre 2012, plus jamais la Colombie n’a réussi à faire tomber un géant de la zone à domicile. Pire pour elle, la soirée d’hier est entrée dans l’histoire. Car elle est tombée sur une implacable Celeste. Il n’a fallu que quatre minutes à Edinson Cavani pour célébrer son retour en sélection. Une relance totalement ratée de l’arrière-garde colombienne, qui aura été d’une fébrilité incroyable tout au long de la rencontre, et Nández servait le Matador qui ajustait tranquillement Ospina. Le but semblait assommer les Cafeteros qui voyaient Luis Suárez se montrer menaçant à son tour. Óscar Tabárez avait posé un milieu à cinq, Cavani et De La Cruz bloquant les couloirs, le cœur étant peuplé du trio Toreira-Bentancur-Nández qui annihilait toute intention adverse et savait sentir le moment pour frapper. Si la Colombie avait le ballon, elle se retrouvait impuissante. Queiroz sortait alors Wilmar Barrios pour amener de la verticalité par l’entrée de Luís Díaz, cela fonctionnait un temps en fin de premier acte puis en début de deuxième période. Mais Campaña restait impeccable sur sa ligne et l’Uruguay guettait le moment idéal pour frapper. Il arrivait sur une nouvelle balle perdue et parfaitement exploitée par le duo Nández- Bentancur. Murillo était coupable d’une faute sur le milieu de la Juve, Luis Suárez pouvait tranquillement transformer le penalty qui s’ensuivait et sceller la rencontre. Ayant eu le ballon sans jamais véritablement savoir qu’en faire, la Colombie sombrait sur une nouvelle perte de balle et projection rapide des visiteurs, conclue par Darwin Núñez. L’Uruguay du Maestro Tabárez donne ainsi une véritable leçon tactique à la Colombie de Queiroz et, en offrant la centième victoire à son sélectionneur, s’impose pour la première fois à Barranquilla. Une Colombie qui concède sa plus lourde défaite depuis 2009 et une victoire du Chili de Bielsa à l’Atanasio Girardot.
Un Chili qui a lui aussi rebondi après la mauvaise prestation du Nacional le mois dernier. Face au Pérou, privé de son duo Alexis Sánchez – Edu Vargas, privé de Gary Medel et Charles Aránguiz au milieu, la Roja de Rueda passait un sérieux test face au rival du Nord, le Pérou. Le sélectionneur colombien avait ainsi opté pour un 4-2-3-1 au cœur duquel un Rey allait régner. Ricardo Gareca avait prévu d’aller presser haut le Chili, son milieu a rapidement explosé, passant le plus clair de son temps à courir derrière un ballon qui allait trop vite, le jeu dans l’intervalle du trio Meneses-Pinares-Orellana et la percussion constante du Rey Arturo posant bien des problèmes. Puis Vidal scellait sa prestation XXL : d’abord d’une frappe monumentale qui nettoyait la lucarne d’un Gallese cloué sur place, ensuite d’une frappe au deuxième poteau. L’affaire était pliée, Bravo maintenait l’avance de deux buts juste avant la pause en surgissant devant un Ruidíaz toujours aussi discret avec le maillot de la Blanquirroja. La seconde période allait être globalement dominée par les visiteurs, bien aidés notamment par l’activité d’un Cueva entré en cours de premier acte, Gareca comprenant que son système de départ ne fonctionnait pas. L’arrière-garde chilienne tenait le coup, Claudio Bravo bouchant les rares trous qu’elle laissait, notamment devant Lapadula peu après l’heure de jeu, puis les derniers instants voyaient le Chili se montrer de nouveau menaçant, bien aidé par l’entrée en jeu de son Niño maravilla. Mais rien n’inquiétait la Roja qui décroche ainsi son premier succès dans ces éliminatoires et recolle au classement avant de devoir se rendre au Venezuela. Le Pérou quant à lui est déjà dans le dur : avec un point sur neuf, il doit rebondir en accueillant…l’Argentine.
Le Venezuela clôturait la semaine par un déplacement au Morumbi pour y défier l’ogre de la zone qui, privé de Neymar, cherchait à assoir davantage sa domination. La domination du Brésil a été totale dans la rencontre, il suffit de se pencher sur la statistique de la possession (73%) pour s’en convaincre. Mais privé de Neymar, ce Brésil manque d’imagination et n’a pas véritablement su bousculer l’arrière-garde de la Vinotinto, ne frappant que onze fois au but et abusant souvent de centres finalement assez faciles à gérer pour la défense adverse. Certes, le Brésil a eu trois buts refusés mais dans le jeu, avec un duo Douglas Luiz – Allan très décevant en première période et une entrée de Paquetá qui n’a pas changé grand-chose en seconde période, la Seleção a souvent paru incapable de vraiment bousculer un bloc bas et resserré. Mais finalement, c’est sur un énième centre que la délivrance est venue, Firmino profitant d’un ballon remis dans ses pieds par Machís (bien chargé par Renan Lodi). Cet unique but suffit cependant au bonheur d’un Brésil seul auteur du sans faute et déjà seul devant. Il permet aussi à Tite de poursuivre son incroyable série sur les éliminatoires : depuis sa prise de fonction, son bilan en éliminatoires est de quinze matchs, treize victoires et deux nuls. Son Brésil a inscrit quarante buts et n’en a encaissé que cinq. Une machine.