Nouvelle plongée au cœur de l’Afrique, avec une nouvelle aventure aux côtés des jeunes d’ABI Sport. Cette fois-ci direction le Ghana, où nous sommes attendus pour un tournoi de détection Ghana Has Talent, qui doit rassembler les meilleurs joueurs ghanéens dans les catégories U19 et U23.

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Malgré le fait que nous sommes U19, pour nos jeunes d’ABI Sport, ce sera la compétition des U23, avec deux matchs contre le champion de la D2 Ghanéenne Dream FC (70 points en 30 matchs), et Vision FC qui a fini 3ième avec un nombre tout aussi impressionnant de points (60). Un programme corsé qui doit obliger nos Tigres à se sublimer dans le collectif et non de tomber dans la carte perso, que le statut ambigu de ce tournoi international de détection peut aisément encourager. La récompense n’étant pas un trophée ou une ligne au palmarès, mais une sélection pour un dernier match avec les meilleurs joueurs présents. Un bonus pour finir de convaincre les recruteurs, scouts et agents. Pas forcément l’idéal dans un sport collectif, mais il en est ainsi et tout le monde s’y accommode. Pendant 5 jours, nous vous proposerons de nous accompagner tout au long de ce périple sur les terres du royaume Ashantis.

Episode 1 : hit the road

Le départ est prévu pour 5 heures du matin, car, malgré les 308 petits kilomètres qui nous séparent de Téma, trois frontières sont au programme. Pas mal de contraintes administratives risquent de chambouler notre parcours. Contexte africain oblige, c’est seulement à 8h30 que le bus démarre de notre base vie. Il est déjà presque 9 heures quand il me récupère avec les derniers membres de l’équipe. Les 4 heures de retard risquent de nous obliger à rouler la nuit... Pas l’idéal…

Arrivés à la frontière Togolaise, les douaniers béninois nous souhaitent bonne chance. Ce n’est évidemment pas le même discours côté togolais, qui nous annonce d’entrée que les Ghanéens, les Nigérians et les Togolais vont nous écraser pendant le tournoi. « Les Béninois ne savent gagner qu’en trichant ». Il faut dire que la rancœur est encore tenace depuis que les éperviers locaux se sont fait éliminer par les écureuils au terme d’une séance de tir au but qu’ils avaient pourtant gagnés. Mais c’était avant que l’arbitre lève son drapeau et ne valide pas le but pourtant évident. On ne peut que leur donner raison et on reprend la route.

Le Togo est avalé en moins d’une heure et on arrive déjà à la redoutée frontière ghanéenne, avec son changement de langue (anglais), de monnaie (cedi) et même d’heure.

Les joueurs étant dispensés de visa (accord de la zone CEDEAO), quelques palabres nous poussent à glisser des petits billets. Sans vraiment pouvoir juger de l’authenticité de ces requêtes de douaniers, on s’exécute pour passer à l’étape suivante. Celle de mon visa que j’aurai dû faire à l’ambassade à Cotonou. Résultat, une facture salée et encore 2 heures de perdues. Une fois réglés, les douaniers me souhaitent « Good Luck » ! On peut passer à l’étape suivante, celle du laisser passer du bus, car sur ce point le Ghana ne blague pas, et chaque véhicule qui rentre dans le pays est enregistré pour être sûr qu’il va ressortir. Une autre heure passe et on reprend la route à 16 heures. Le soleil descend déjà dans le ciel et commence à rougir. Si le spectacle de ce crépuscule est magnifique entre les lacs et les marécages, il annonce aussi une longue heure à rouler dans l’obscurité. Sur une route en excellent état, et un chauffeur rôdé, cela se passe sans encombre, malgré quelques petites montées de stress quand un véhicule sort de nulle part, ou que les phares se rapprochent très vite en face de nous alors que l’on effectue des dépassements.

On voit enfin les lumières de Tema au loin. Il est 19 heures largement passé quand on pénètre dans le poumon industriel du Ghana. Miraculeusement (ou guidée par une bonne étoile) on trouve notre hôtel (Google map n’est pas aussi précis en Afrique !). Chacun prend possession de ses chambres, mais la journée n’est pas finie. Il reste encore à manger et faire un petit décrassage pour se dégourdir les jambes après ce long périple.

Le plus cuisinier de l’équipe, Brice (que vous avez pu rencontrer dans un épisode précédent) passe aux fourneaux, et ce, malgré une fatigue avancée. C’est aussi ça ABI Sport, on ne forme pas des joueurs, mais des Hommes. Il est 23 heures, tout le monde peut enfin se mettre au lit jusqu’au réveil prévu le lendemain... à 6h ! Et oui, nous avons l’honneur d’ouvrir le tournoi, mais cela veut dire que l’on joue à 9h, et avec les embouteillages que l’on nous annonce mieux vaut partir à l’heure... Aucun retard ne sera toléré !

À suivre

Par Pierre-Marie Gosselin, sur la route entre Cotonou et Accra

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.