Nouvelle plongée au cœur de l’Afrique, avec une nouvelle aventure aux côtés des jeunes d’ABI Sports. Cette fois-ci direction le Ghana, où nous sommes attendu pour un tournoi de détection qui doit rassembler les meilleurs joueurs ghanéens dans les catégories U19 et U23, Ghana Has Talent. Dernier épisode, quand les jeunes Béninois touchent un rêve.

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Résumé des épisodes précédents

Malgré le fait que nous soyons U19, pour ABI Sport, ce sera la compétition des U23, avec deux matchs contre le champion de la D2 Ghanéenne Dream FC (70 points en 30 matchs), et Vision FC qui a fini 3ième avec un nombre tout aussi impressionnant de points (60). Après un voyage interminable entre trois pays, la délégation guinéenne est arrivée dans la nuit à bon port. Après un décrassage et une première courte nuit de sommeil, l’heure est venue de se mettre en action. Après avoir fait forte impression, les jeunes d'ABI Sport marquent de nouveau les esprits et pour certains attisent bien des convoitises. 

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Episode 4 : la dure réalité de l’apprentissage

Validé la veille au soir à 19h, avec un départ à 5h30, nous n’avons pas le temps de tergiverser pour préparer notre voyage à Atimpoku. Un petit tour sur google map me permet de constater qu’il sera facile de nous orienter pour rejoindre ce petit village. Juste un carrefour à négocier, et pour le reste, ce sera tout droit pendant plus de 100 kilomètres en direction du Nord !

À peine réveillés, les joueurs se massent dans le bus. Le petit dej’ se fera à l’intérieur, avec juste un peu de pain histoire de ne pas être trop « lourd » avant d’aborder le match. Ils en mangeront davantage sur le chemin du retour. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’est même pas 6 heures, mais la circulation est déjà dense pour quitter Accra. Une fois sortie de la ville, nous pouvons profiter des paysages. Moi qui n’ai pas trop eu l’occasion de visiter le Bénin malgré l’année entière passée sur place, cela me permet d’admirer le lever du soleil sur les collines verdoyantes.

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Après 1h30 de route, on commence à apercevoir l’imposant fleuve Volta qui descend du Lac homonyme vers l’océan et son fameux pont Adomi. Notre repère pour rejoindre le village dans lequel est situé le complexe de Right to Dream. Cette académie est une référence dans toute l’Afrique de l’Ouest. Lancé en 1999 par Tom Vernon (ancien Scout Afrique de MU), elle a la particularité d’être lié directement avec l’équipe Danoise du FC Nrodsjaelland dont M. Vernon est également le président (lire À la découverte de la Right to Dream Academy, intimement liée au FC Nordsjaelland).

Situé sur les hauteurs du fleuve, le centre est très isolé. L’idéal pour que les joueurs se concentre uniquement sur le football. Hormis le nombre important de bâtiment, ce qui me frappe immédiatement ce sont les terrains gazonnés. Au nombre de 6, ils affichent une qualité de pelouse que l’on retrouve rarement (pour ne pas dire jamais) en Afrique. Rendue possible par la proximité du fleuve dans lequel ils peuvent pomper l’eau, cette spécificité est un sacré atout pour que les jeunes se forment dans les conditions qu’ils retrouveront s’ils deviennent pros. Pour les joueurs d’ABI, ce sera une grande première. S’ils ont déjà joué sur des pelouses, elles ressemblent d’avantage à des mauvaises herbes qu’a du gazon.

Le coach écossais de l’équipe « sénior », les U19, me fait faire le tour du propriétaire. Sur un terrain, les U11 jouent contre l’équipe des féminines, les U15 jouent eux, joue un match amical. De part et d’autre, le niveau est « flippant ». Nous, on aura droit aux honneurs du terrain principal. Les joueurs se changent dans la salle de musculation, devant les maillots de quelques pros formés ici... Et il y en a pas mal. Le plus connu étant Abdoul Majeed Waris, qui a fait le bonheur de Valencienne et Lorient, ou encore David Accam qui brille en MLS au Chicago Fire.

Après un petit échauffement, les joueurs pénètrent sur le terrain. Pas de protocole, même si c’est un arbitre officiel qui va siffler. Rapidement, les premiers appuis des Tigres sont hésitants, et cela va nous coûter 2 buts d’entrée. Un gros coup de massue, surtout qu’après le premier but les joueurs ont essayé de remettre le pied sur le ballon. Mais les projections très rapides vers l’avant de Right to Dream sont impressionnantes et diablement efficaces. On sent la patte FC Nordsjaelland, et le jeu direct qui est apprécié en Europe du Nord. Alors que l’on se crée nos premières occasions, on encaisse encore deux buts avant la mi-temps. Cruel, surtout que 3 d’entre eux sont le fruit d’un manque de concentration flagrant de nos défenseurs et de notre deuxième gardien, qui a dû remplacer Odilon au pied levé. À ce niveau-là, ça ne pardonne pas. 

La seconde mi-temps se passe beaucoup mieux. Simon est un peu en dedans, et pas aussi efficace que d’habitudes, ce qui n’est pas le cas de Romaric, inspiré et en très grande forme. Mais ce ne sera pas suffisant pour sauver l’honneur. Au contraire, on encaissera même un dernier but. 5-0. Plus grosses défaite d’ABI Sport, qui jusque-là, n’avait encaissé 4 buts qu’une fois contre une équipe de D1 Béninoise l’année dernière. Mais cette Manita leur rappelle l’écart qui les sépare avec l’élite de la catégorie. En effet, ils étaient 4 joueurs sur le terrain à avoir joué le mondial U17 en Inde. (Quart de finaliste éliminé par le Mali)

Malgré la défaite, les joueurs ont aussi droit à la visite du site. L’occasion de découvrir la mappemonde qui affiche les photos des joueurs qui sont partis de l’académie. Simon lui est un peu en retrait, sans doute gêné par sa prestation. Il faudra attendre que Diomandé, un jeune Ivoirien qui a déjà signé son contrat pro au Danemark, et qui attend seulement la majorité pour partir, viennent le voir pour lui redonner le sourire (ou pas !). Ils avaient passé ensembles les tests de l’ASEC à Abidjan en 2010. Contrairement à Simon, Diomandé n’avait pas réussi à franchir le dernier palier d’une terrible sélection qui ne retient que 15 joueurs sur plus de 200 prétendants. Le monde est petit...

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Right to Dream veut absolument garder Simon. Un rendez-vous est pris pour janvier afin de permettre aux deux présidents d’essayer de s’entendre sur une formule qui favorisa l’ensemble des parties. Car il est clair que laisser partir notre diamant mettra un gros coup au moral de tout le monde. Il est déjà bientôt midi et il est temps de reprendre la route pour Tema. Les joueurs ont besoin de dormir, il y a encore un autre match demain  et les nuits raccourcies se sont succédées depuis notre arrivée au Ghana. Le chemin du retour se fait dans le calme. Beaucoup essaient de dormir. Seul Jean-Marie, Brice et Bawa ont encore les yeux ouverts. Trois rangs derrières, Jean-Marie est fâché. Lui qui habite avec Simon chez le « prési » sait qu’il aura des comptes à rendre ! 5-0 ça fait mal, surtout après ce que l’on avait pu montrer contre l’ASEC Mimosa en juin dernier à Abidjan.

De retour à l’hôtel, et après un énième repas préparé par Brice, les joueurs se réunissent autour du coach, comme après chaque défaite, afin d’essayer de comprendre ce qui s’est passé. Pendant ce temps-là, je dois préparer mon départ. Car malheureusement, je dois les abandonner pour retourner à Cotonou, ou je dois prendre un avion pour Paris lundi. Un crève-cœur inévitable. Mon billet d’avion était acheté bien avant la validation du tournoi au Ghana, et il était impossible de le changer, comme souvent avec les billets promotionnels.

Car ABI Sport se débrouille avec ses moyens. Ceux du président (beaucoup) qui par passion et « amour » pour ces enfants se sacrifie, et les miens (un peu) quand je les accompagne à l’étranger, comme c’est le cas ici. Pas de sponsors, pas de subventions, juste des bonnes volontés qui nous accompagnent de temps en temps, surtout au niveau des équipements. (Le Havre AC, l’ambassade de Chine au Bénin et dernièrement le fonds de dotation OM Attitude, et la fondation du PSG).

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À mon retour des dernières courses, les joueurs sont toujours autour du coach Figo. Plus de deux heures de débriefings (!) et ce n’est pas fini. Conscient d’avoir fauté, notamment au niveau de l’attitude, notre capitaine de la défense, Karim, s’excuse auprès de ses coéquipiers. Tant que l’on continue d’apprendre de nos erreurs, nous avancerons. Pas besoin de couvre-feu ce soir, il n’est pas encore 22 heures, mais tout le monde est déjà au lit.

Vous pouvez continuer de suivre les aventures d ‘ABI Sport sur leurs réseaux sociaux. Il leur reste encore un match à jouer dans le tournoi et surtout le match des « recruteurs », auquel prendront par Simon, Romaric et Ziad.  Vous pourrez également y suivre nos prochains challenges, comme celui de la coupe du Bénin qui offre une qualification à la Coupe de la Confédération. Diambars l’a fait, Génération Foot l’a fait. Pourquoi pas nous ? Je croise les doigts pour être de retour à Cotonou en 2019, afin de vous raconter cette aventure.

 

Pierre-Marie Gosselin à Téma, et sur la route qui me ramène à Cotonou

 

Pierre-Marie Gosselin
Pierre-Marie Gosselin
Amoureux du football et de ses tribunes, supporter inconditionnel des Girondins de Bordeaux et de ses ultramarines, je me suis pris d’une affection toute particulière pour le football africain. Là-bas le foot a pris le nom de « sport roi », et c’est un euphémisme tant il étend son royaume au-delà des ethnies, des classes sociales, des générations et des genres.