Tout a changé en cinq journées en Uruguay. Peñarol passe devant Nacional grâce à une victoire agonique sur Fénix, à la Peñarol, et Nacional passe au rouge vif suite à une défaite encore litigieuse face au Defensor. Tout cela pourrait être folklorique, sauf que Nacional a retiré son soutien à Nacho Alonso, président de l'AUF, et ce dernier est donc en sursis... La fin de saison ne devrait pas être sans conséquences pour le futur en Uruguay.
Ça y est, la treizième journée s'est jouée en Uruguay et, à deux journées de la fin, alors que le suspense est total, on ne parle plus de football. Tout a commencé par le penalty non-sifflé lors du clásico sur une faute de Jésus Trinidade sur Pablo García. Nacional crie au scandale, émet un communiqué incendiaire indiquant qu'on ne lui fera pas deux fois, et que, après d'autres décisions litigieuses (lors d'un Peñarol – River notamment), la prochaine fois le club bolso prendra des mesures ! Alors certes, durant le clásico, on n’a pas vu l'équipe du Nacional, avec un jeu resté au vestiaire, mais bon !
La journée suivante se jouait jeudi et vendredi dernier, le week-end étant réservé pour le second tour de l'élection présidentielle. Et évidemment, jeudi, Nacional a été malmené par le Defensor. Nacional domine pourtant le début du match, avec notamment un but de García, mais Defensor prend rapidement la main sur le match, avec une égalisation rapide de Mauricio Gómez sur un ballon mal renvoyé dans l'axe suite à un coup de pied arrêté. La défense de Nacional va alors petit à petit prendre l'eau, avec des occasions dont deux de l'argentin Mariano Pavone (qui touche le poteau). Sauf qu'un quart d'heure avant la fin du match, c'est bien le buteur Gómez qui tire fortement le maillot de Thiago Vecino (image d'illustration), mais l'arbitre ne bronche pas. Son argument n'étant pas non plus sans fondement : les deux se tiennent par le maillot. Scandale, évidemment. Sur l'action suivante, Cardacio prend rouge contre son ancien club pour un deuxième jaune. Et sur le coup-franc de la faute, Gómez marque son deuxième but. Nacional perd alors le fil du match, et sans doute du championnat, puisque Guzmán Corujo se fait aussi exclure pour un tacle dangereux (il sera suspendu lors du prochain match). Pour la première fois depuis la mi-saison et à seulement deux journées de la fin, Nacional perd la tête du classement annuel et du Clausura. Alors José Decurnex va mettre ses menaces à exécution, et samedi un communiqué va tomber retirant la confiance du club envers l'AUF. Ignacio Alonso devient minoritaire non seulement au sein des clubs de première division (il l'était déjà) mais en plus de cela il perd l'un des deux appuis essentiels à un président de l'AUF. Quand on connaît la difficulté avec laquelle Alonso avait été élu, la décision de Nacional est lourde de conséquence, très lourde. Et évidemment, le délégué de Nacional était en charge de la négociation des droits télévisuels... La fin de saison devrait être longue côté bolso, il faudra garder l'espoir d'un revers de Peñarol (qui doit jouer le quatrième du championnat, Progreso, puis le troisième Cerro Largo, donc un calendrier difficile) tout en faisant le plein de point face à des adversaires abordables. Il faudra donc surtout, alors que le club aura des suspendus, garder la tête froide et retrouver un peu du jeu de début de saison qui a complètement disparu depuis six matchs, et, peut-être, pendant un temps, arrêter de parler d'arbitrage.
Côté Peñarol, invaincu depuis une défaite contre Liverpool donc depuis huit journées, tous les feux sont au vert. Le club a gagné l'Apertura, et est leader du Clausura et du classement annuel. Deux victoires sur les deux derniers matchs et ce sera le titre assuré, sans finales, fait plutôt rare. Le lendemain du match du Nacional, Peñarol s'est fait peur en encaissant un premier but de Fénix par Roberto Fernández sur une magnifique passe de Maxi Pérez. Peñarol va malgré tout dominer le match, égalisant sur penalty par le Lucas Viatri, de retour en forme, puis prenant l'avantage à la toute fin du match par l'espagnol Xisco sur une action de grande classe du joueur du match et de cette fin de saison : Facundo Pellistri. Le joueur de dix-sept ans (« reste mon amour, s'il te plaît, reste encore un peu ») est dynamique sur son côté gauche, et apporte ce qu'il manquait au club depuis le départ de Brian Rodríguez : la capacité de faire la différence sur une ou deux touches de balle. Il a fait expulsé Alex Silva sur un contre, avant d'offrir un caviar à Xisco. Côté Fénix, la deuxième partie de saison aura été douloureuse après le départ de nombreux joueurs dont Léo Fernández, et le club n'est même plus assuré de jouer la Sudamericana. Comme souvent avec Carrasco, l'aventure finit mal, pathétiquement même puisque le bus de l'équipe est arrivé en retard vendredi au Campéon del Siglo, ayant dû faire un détour pour aller chercher l'entraîneur directement à son domicile...
Pour le reste, Cerro Largo a battu Progreso, se qualifiant pour la prochaine Libertadores, Plaza Colonia a battu Liverpool, revenant dans la course au Clausura (deuxième à égalité de points avec Nacional, l'équipe peut encore jouer les finales si Peñarol perd des points). Boston River a battu Racing et les cerveceros sont donc en très mauvaise posture pour la descente, ils pourraient accompagner Rampla et Juventud, clubs déjà descendus.