L’Amérique du Sud réussit-elle mieux sur ses terres ?

cdm

Le premier tour de la Coupe du Monde vient de se terminer et s’il est une certitude, c’est que la plupart de nos prestigieux consultants ont souvent paru déboussolés. Au point de s’obstiner à porter des conclusions un peu trop hâtives.

Quel(s) argument(s) sortir quand une Coupe du Monde ne se déroule pas comme les chantres du big 4 européens le souhaitent ? Comment analyser une surprenante débâcle espagnole ou anglaise (notez ici l’utilisation de l’ironie par l’adjonction de l’Angleterre à l’exemple espagnol) ? Comment s’en sortir quand une équipe d’un championnat de niveau L2 pour retraités européens (la MLS pour ceux qui ne suivent pas) arrive à dominer dans le jeu le Portugal du Ballon d’Or CR7 ? Bref, quand on est consultant, comment comprendre ce qu’il vient de se passer lors de ce premier tour mondial ?  Parce que je te vois ô spécialiste du PAF, arrivé rempli de certitude, prêt à commenter ta finale Brésil – Espagne ou Brésil – Argentine (remarque que c’est encore possible), piaffant d’impatience à l’idée d’analyser le nouveau numéro de soliste de ton Leo Messi ou de ton CR7, ces dignes représentants du football FIFA14 (15, 16, etc…) que tu aimes tant. Je te vois aujourd’hui perdu devant une action 100% MLS à deux doigts d’éliminer dès le 2e match le Portugal de ton cher Ballon d’Or, devant un Joël Campbell, que tu n’as même pas calculé quand il est passé sous tes yeux, qui s’amuse avec ses potes Ticos du quatrième du dernier mondial et domine l’Italie de la machine à clic Balotelli, devant donner ton avis sur des équipes que tu « ne connais pas » (© Claude Puel en avant match Costa Rica – Italie), découvrant Enner Valencia ou encore Juan « Cuardado » (© Christian Jeanpierre un soir de France – Equateur). Et j’imagine ta souffrance.

Alors comment analyser ce qu’il se passe au Brésil en 2014 ? La recette est simple : évacuons tout de suite l’excuse du calendrier ou de l’intensité des compétitions européennes, ces derniers jours, une phrase revient en boucle : les sud-américains réussissent toujours mieux quand ils sont chez eux.

« En Coupe du monde, les Sud-Américains réussissent mieux… en Amérique du Sud. Non pas qu’ils n’aient pas l’habitude d’exporter leur football, en Europe notamment, mais les sélections nationales sont historiquement plus fortes chez elles. » L’Express.

« Beaucoup de grandes nations européennes sont éliminées au premier tour, c’est certainement dû au fait que les équipes sud-américaines s’acclimatent mieux. Il y a peut-être aussi le fait de jouer si près de leur pays avec beaucoup de supporters, cela leur donne une force et une énergie démesurées. » Didier Deschamps.

Ne cherchez plus, c’est une certitude, les équipes sud-américaines réussissent mieux hors d’Europe, ceci étant d’autant plus vrai lorsque la compétition se déroule chez elles. Car il est un fait avéré : à l’exception de la dernière Coupe du Monde, toutes les éditions jouées hors d’Europe ont été remportées par une nation sud-américaine. Fin de l’analyse.

 Sauf que l’analyse des premiers tours donne une autre réalité. Illustration.

Prenons la liste des engagés, qu’on répartit par confédération. Puis on reporte le nombre de pays qui franchissent le premier tour dans chaque confédération. En divisant celui-ci par le total d’engagés par confédération, on obtient une valeur : le taux de réussite de chaque confédération, un indicateur simple qui permet de juger de la réussite globale de chacune. Qu’observe-t-on alors ?

Total combiné : léger avantage pour l’AmSud.

total

Depuis 1930, 396 équipes ont disputés le premier tour d’une phase finale de Coupe du Monde. Parmi ces 396, 59% sont européennes, 20% sont sud-américaines, 10% africaines, 10% centro ou nord-américaines, 8% asiatiques, 1% océaniennes. Les ratios sont quasiment conservés lorsqu’il s’agit d’étudier la composition des seconds tours et le calcul du pourcentage de réussite est assez proche entre Europe et Amérique du Sud avec un léger avantage pour les sud-américains (60% des européens engagés en phase finale se qualifient pour le 2nd tour contre 64% des Sud-Américains). Derrière, la CONCACAF monte sur le podium avec un taux de réussite de 41%. Première conclusion, léger avantage global pour les SudAms.

Mais la question est de savoir si les équipes sud-américaines réussissent mieux chez elles. Reprenons donc le total et séparons les 20 éditions selon leur répartition géographique. Sur les 20 éditions, 10 ont eu lieu en Europe, 5 ont en Amérique du Sud, 3 en Amérique du Nord (1970, 1986 et 1994), 1 en Asie (2002), 1 en Afrique (2010).

premiertour

Si on répartit par zone, on observe que lors des compétitions européennes, les équipes sud-américaines ont un pourcentage de réussite supérieur à leur pourcentage de réussite lorsque la compétition est organisée dans leur confédération (64% contre 54%). Et de faire ainsi sauter le premier cliché. Le contexte ne suffit donc pas à expliquer ce qu’il se passe en ce moment, l’histoire pas plus apparemment. Mais poursuivons. De manière intéressante, on se rend compte que c’est hors de leur continent que les sud-américains performent le plus avec un 82% de réussite en Amérique du Nord et un 100% en Afrique/Asie quand l’Europe qui résiste bien en Amérique du Nord (67% de réussite contre 66% chez elle) s’effondre totalement en Amérique du Sud et en Afrique Asie (40 et 46% respectivement). Si les sudams sont constants et les européens s’effondrent, cela doit bien profiter à quelqu’un ? Ce quelqu’un, c’est la CONCACAF qui passe d’un petit 24% de réussite en Europe à 67% lorsque chez elle ou en Afrique/Asie. Le vrai gagnant est éditions hors Europe est ici.

Poursuivons alors d’un cran supplémentaire pour nous focaliser sur le duel Europe – AmSud en rappelant que :

– de 1930 et 1978, la Coupe du Monde se déroule en nombre limité avant un élargissement à 24 en 1982 et un second à 32 en 1998.

– depuis 1982 et l’élargissement à 24 puis à 32 (en 1998), aucune Coupe du Monde n’était venue sur le continent sud-américain, trois des quatre éditions précédentes s’étant déroulées avant même les années 70.

Ainsi, pour des raisons de simplification (et de cohérence) allons-nous faire le choix de regrouper AmNord et AmSud (cela permet par exemple d’équilibrer la période 1982-1994) et nous allons découper en trois période : 1930 – 1978 (11 Coupes du Monde), 1982-1994 (4 Coupes du Monde) puis 1998-2010 (4 Coupes du Monde).

1930-1978 : l’Europe voyage mal, mais l’Amsud n’en profite pas.

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Pourcentage de réussite au premier tour pour l’Asie (AFC), l’Amérique du Nord (CONCACAF), l’Amérique du Sud (CONMEBOL) et l’Europe (UEFA) lors des Coupes du Monde disputées entre 1930 et 1978. En vert : total sur l’ensemble des éditions. En bleu : résultat sur les éditions disputées en Europe. En orange : résultat sur les éditions disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud. Afrique et Océanie sont absentes car aucun qualifié sur cette période.

Sur cette période, l’Europe est dans ses taux de réussite moyens lorsqu’elle est chez elle (62%) mais s’effondre quelque peu lorsqu’il s’agit d’aller aux Amériques (44%). De son côté, les sudams sont régulier (50% et 52%). Une fois encore, ils ne réussissent pas mieux quand la Coupe du Monde est chez eux. La seule différence, c’est qu’ils sont plus nombreux à être inscrits lorsque la compétition se déroule de ce côté de l’Atlantique (23 sur le continent Américain contre 16 en Europe) et en conséquences leur pool est plus important que lors des compétitions européennes (68% des inscrits sont européens en Europe contre 41 aux Amériques). Cela a pour effet de combler l’écart en termes de pourcentage de représentants au second tour en faveur des européens lorsque les éditions sont chez ces derniers (81% des équipes présentes au second tour sont européenne lorsque la Coupe du Monde est en Europe, contre 56% lorsqu’elle est aux Amériques). Conclusion : l’AmSud n’est pas plus efficace quand une compétition se déroule chez elle, elle s’appuie juste sur un contingent plus important et profite d’une présence moindre des européens pour récupérer les places désormais vacantes.

1982 – 1994 : première expansion et match nul

Pourcentage de réussite au premier tour pour l'Asie (AFC), l'Amérique du Nord (CONCACAF), l'Amérique du Sud (CONMEBOL) et l'Europe (UEFA) lors des Coupes du Monde disputées entre 1930 et 1978. En vert : total sur l'ensemble des éditions. En bleu : résultat sur les éditions disputées en Europe. En orange : résultat sur les éditions disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud. Afrique et Océanie sont absentes car aucun qualifié sur cette période.
Pourcentage de réussite au premier tour pour l’Asie (AFC), l’Afrique (CAF), l’Amérique du Nord (CONCACAF), l’Amérique du Sud (CONMEBOL) et l’Europe (UEFA) lors des Coupes du Monde disputées entre 1982 et 1994. En vert : total sur l’ensemble des éditions. En bleu : résultat sur les éditions disputées en Europe. En orange : résultat sur les éditions disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud. L’Océanie est absente car aucun qualifié sur cette période.

Avec l’expansion à 24 équipes, le poids des européens se stabilise : ils représentent désormais 57% des inscrits que ce soit lors d’une compétition en Europe ou aux Amériques. Même constat pour les sud-américains (17%). Cette nouvelle répartition profite aux autres confédérations qui se retrouvent désormais toutes mieux représentées. Et là encore, le constat d’une domination sud-américaine hors d’Europe est erroné. Pire, que ce soit en Europe ou aux Amériques, européens et sud-américains ont des taux de réussite similaires (aux environs des 75% de réussite – en poussant le vice, on pourrait même dire que les européens réussissent mieux hors d’Europe). Celle qui profite réellement du contexte est la CONCACAF. Sur leurs terres, ses représentants passent plus systématiquement qu’en Europe (75% de réussite contre 25).

1998-2010 : deuxième expansion, érosion européenne

Pourcentage de réussite au premier tour pour l'Asie (AFC), l'Afrique (CAF), l'Amérique du Nord (CONCACAF), l'Amérique du Sud (CONMEBOL) et l'Europe (UEFA) lors des Coupes du Monde disputées entre 1982 et 1994. En vert : total sur l'ensemble des éditions. En bleu : résultat sur les éditions disputées en Europe. En orange : résultat sur les éditions disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud. L'Océanie est absente car aucun qualifié sur cette période.
Pourcentage de réussite au premier tour pour l’Asie (AFC), l’Afrique (CAF), l’Amérique du Nord (CONCACAF), l’Amérique du Sud (CONMEBOL) et l’Europe (UEFA) lors des Coupes du Monde disputées entre 1982 et 1994. En vert : total sur l’ensemble des éditions. En bleu : résultat sur les éditions disputées en Europe. En jaune : résultat sur les éditions disputées en Afrique et Asie.

En passant à 32 équipes, le poids des européens participant à une Coupe du Monde diminue encore (on passe sous la barre des 50%). Il ne profite pas aux sud-américains mais aux autres zones au premier rang desquelles l’Asie et l’Afrique qui doublent leur contingent. Quelles répercussions ? Pour les sud-américains aucune. Même si aucune Coupe du Monde ne pose les pieds sur le continent américain, les membres de la CONMEBOL restent fidèles à leur 75% de réussite, se montrant même plus efficaces en Europe (la faute à une édition 2002 complètement ratée). Côté européen, la réussite n’est plus au rendez-vous : de 75% sur la période précédente, on passe à 60% au général avec un constat : l’Europe ne sait plus voyager (60% de réussite en 2002, 40% en 2010 quand elle reste à 70% chez elle). 2010 apparait par ailleurs comme un tournant. Pour la première fois, l’Europe tombe en dessous des 50% de réussite. Pour nombre d’observateurs, un accident de parcours. Reste à voir en 2014.

2014 : les sud-américaine confirment, l’Europe s’écroule

Pour le retour d’une Coupe du Monde sur ses terres (la première depuis 1978), l’Amérique du Sud est au rendez-vous et confirme ses bonnes performances de 2010. Avec 83% de réussite, elle réalise son deuxième meilleur résultat. Pour l’Europe, l’échec de 2010 se confirme. Une fois encore, il y a moins de 50% de qualifiés.

Edition par édition : l’AmSud renait, l’Europe s’effrite

Si on découpe l’histoire de la Coupe du Monde en ces trois périodes, on note ainsi que le cliché consistant à faire croire que les nations sud-américaines sont meilleures sur leurs terres (et par extension sur le continent américain) qu’en Europe ne tient pas. Il reste une dernière analyse à livrer : celle qui consiste à observer la tendance, l’évolution des taux de réussite de chacun au fil des éditions.

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Pourcentage de réussite au premier tour pour les nations sud-américaines édition par édition. En bleu les éditions disputées en Europe, en orange celles disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud, en jaune celles disputées en Afrique/Asie.
Pourcentage de réussite au premier tour pour les nations européennes édition par édition. En bleu les éditions disputées en Europe, en orange celles disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud, en jaune celles disputées en Afrique/Asie.
Pourcentage de réussite au premier tour pour les nations européennes édition par édition. En bleu les éditions disputées en Europe, en orange celles disputées en Amérique du Nord et Amérique du Sud, en jaune celles disputées en Afrique/Asie.

Et là, enfin, sur une courte période, les années 70-80, période au cours de laquelle les 3 ou 4 représentants de la CONMEBOL vont réaliser le sans-faute sur leurs terres et se manquer en Europe (notez que « se manquer » est relatif, les sud-américains se montrant constant à des taux de réussites supérieurs à toutes les autres éditions précédentes à l’exception de celle de 1938), le cliché se tient (on oubliera de dire que sur ces 6 Coupes du Monde, une seule se déroule en Amérique du Sud). Mais de manière intéressante on note surtout que mise à part pendant les quatre Coupes du Monde de 1958, 1970, 1978 et 1986 (toutes remportées par une équipe sud-américaine), les nations sud-américaines sont plus performantes loin de leurs terres que chez elles. Côté européen, après le passage à 24 en 1982, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, le taux de réussite ne variait pas significativement. Les choses semblent se compliquer au passage à 32. En 1998, le taux de réussite européen chute pour la première fois depuis 1978, revenant à hauteur de celui de 1974 (une autre édition européenne). En 2002, la chute se poursuit et après un sursaut en Allemagne, elle est brutale en 2010. L’Europe tombe en dessous des 50% de réussite, une première depuis 1970 ! Et la tendance se poursuit donc. Cette année, l’Europe reste en dessous des 50%, égalant le taux de réussite de 2010. Côté sud-américain, la chute observée entre 1998 et 2006 (plus importante lors des éditions hors d’Europe), s’est arrêtée en 2010 par un sans-faute. Elle se poursuit en 2014.

Conclusion

Avant de tirer toute conclusion, prenons tout de même le temps de pondérer la nature de l’exercice. En se focalisant sur les résultats obtenus au premier tour des différentes Coupes du Monde, l’objectif était de chercher à obtenir une vue d’ensemble, une sorte de photographie globale de la réussite des différentes zone lors d’un premier tour du Coupe du Monde, le seul qui va voir les zones s’affronter entre elles et sur lequel les observateurs se basent pour expliquer les résultats d’ensemble. Ce qui est amusant dans ce type d’exercice, c’est qu’il ne vient pas confirmer systématiquement le palmarès. Bien au contraire. Deux illustrations au hasard :

– la Coupe du Monde 1958 est organisée en Suède et voit un seul pays sud-américain se qualifier pour le second tour quand 92% des européens y parviennent. Ce pays, c’est le Brésil qui deviendra champion du monde.

– la Coupe du Monde 2010 est disputée en Afrique. Alors que l’Europe réalise son plus mauvais résultat en termes de taux de réussite global depuis 1970 (46%), la finale met aux prises deux pays européens.

Cette précision posée, le principal enseignement à tirer de cette avalanche de données chiffrées, c’est que non, traditionnellement les équipes sud-américaines ne réussissent pas mieux sur leur continent qu’en Europe. D’une part car avant l’édition 2014, elles n’ont finalement disputée que 4 Coupes du Monde sur leur sol, ne parvenant à faire mieux que les européens à deux reprises (1950 et 1978) et que, même en entendant à l’ensemble du continent américain on ne parvient pas à aller dans le sens du cliché. D’autre part et surtout parce que depuis 1982 et l’expansion à 24 équipes, la CONMEBOL réalise de meilleurs résultats d’ensemble au premier tour que l’Europe. Deux exceptions : 1994 et 2002…deux Coupes du Monde hors d’Europe. Ce qui change aujourd’hui, c’est que l’écart entre les taux de réussite sud-américain et européen se creuse. Alors que l’Europe chute, l’Amérique du Sud progresse. 2014 venant confirmer 2010.

A noter un détail intéressant : la seule zone à profiter des Coupes du Monde extra-européenne est la CONCACAF. Quelle que soit la période, les représentants de la CONCACAF ont toujours obtenu de meilleurs taux de réussite en dehors de l’Europe. L’expansion à 32 équipes, qui leur a permis de qualifier 3 ou 4 représentants n’y change rien : tournant à environ 30% de taux de réussite sur les éditions européennes, les pays de la CONCACAF flirtent avec les 70% hors d’Europe pour décrocher un 75% en 2014.

S’il faut donc retenir une chose c’est bien que depuis 1982, à deux éditions près, l’Europe subit la domination du continent sud-américain sur le strict plan de la réussite au premier tour. Pire, avec les Coupes du Monde s’exportant aux quatre coins de la planète, l’Europe semble aujourd’hui avoir de plus en plus de mal à voyager là ou CONMEBOL et CONCACAF, toujours régulières, se taillent la part du lion. Plutôt que d’évoquer une tradition sud-américaine à réussir chez elle (qui, vous l’aurez compris, n’existe pas), pour l’Europe du foot auto-proclamée meilleure région du monde, l’heure devrait être à se poser les véritables questions à la chute globale de ses performances de premier tour. Cela passerait bien évidemment par une véritable analyse du paysage footballistique mondial, ce que nos experts ne semblent pas encore prêts à faire.

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