Une fois n’est pas coutume, on laisse de côté les Bangkok United, Buriram et autres BG Pathum, pour s'intéresser à la séduisante équipe d’Uthai Thani.

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Située à deux cents kilomètres au nord de Bangkok, la petite bourgade d’Uthai Thani fait partie de ces villes moyennes situées au centre de la Thaïlande, entre le nord des montagnes et le sud des plages. Ce genre de communes perdues sur les trajets de bus et de trains à destination de Bangkok, dans lesquelles on s'arrête peu et dont l’unique souvenir reste souvent un panneau avec leurs noms inscrits dessus. De ces zones de passage, encore préservées du tourisme de masse, on en retient surtout la douceur de vivre et la gentillesse des gens, qui mènent la plupart du temps une vie simple entre travail agricole et activités en famille. Derrière cette façade tranquille et relaxante, Uthai Thani cache en son sein, un club de football, qui contraste totalement avec l’image que dégage la ville. Actuel septième du championnat, ceux qu’on surnomme les éléphants, impressionnent tout le petit monde du football thaï sur différents aspects. Dans les tribunes tout d’abord, où le club peut réellement se targuer d’avoir parmi les meilleurs supporters du pays. Ces derniers remplissent les gradins du stade à chaque rencontre, au point d'être souvent à guichet fermé. En termes de ration nombre de places / nombre de spectateurs, Uthai Thani est premier du championnat avec une moyenne de quatre-mille spectateurs pour une enceinte pouvant en contenir environ quatre-mille-trois-cents. Pour une ville de seize-mille habitants, cela met les choses en perspective. Que dire également de la présence de deux groupes ultras dans ce contingent de supporters. Tout de noir vêtu, ces fans savent y faire pour mettre l’ambiance et créer une atmosphère unique dans un stade dont l’architecture ne s’y prête pourtant pas.

Contrairement à l'Indonésie, la Thaïlande n’est pas réputée pour sa culture du supportérisme comme on l’entend en Europe ou en Amérique du sud. Certes, Muangthong et Port FC peuvent se vanter d’avoir des groupes importants, mais quand il s’agit des autres clubs du championnat, ça coince un peu. C’est dire l’importance de ces ultras à Uthai Thani. Cette atmosphère à la fois vibrante et bruyante est un plus énorme quand il s’agit d’attirer des joueurs dans une ville, dont les activités se limitent à aller au temple et faire le marché. Les joueurs, parlons-en, composent un casting improbable fait de jeunes thaïlandais tels que Possawee ou Wattana Plainum, et de vieux briscards étrangers rodés aux joutes du football local. Parmi ces derniers, on peut citer l’ancien joueur de Chiang Rai, Brinner, le massif avant-centre brésilien Ricardo Santos passé par Trat FC, ou encore le vagabond birman et ex-chouchou de Buriram, Aung Thu. Tout ce beau monde se saigne à chaque match sous la houlette de l'entraîneur suédois Mikael Stahre, passé notamment par l’IFK Göteborg. Ce dernier prône un jeu intense, fait de pressing et courses, qui déséquilibre souvent sa propre équipe. Cela se ressent au niveau du bilan des rencontres jouées. Les éléphants comptent quatre victoires et cinq défaites en neuf rencontres. Aucun match nul donc, et le fort sentiment que le concept de juste milieu de ne fait guère partie du vocabulaire du coach scandinave. Ça tombe bien, l'équilibre, les supporters d’Uthai Thani s’en moquent, et continueront à garnir les tribunes du stade municipal de la charmante ville de passage.

Classement

Jonathan Branger
Jonathan Branger
Rédacteur et correspondant foot Thaï pour LO