Il aura fallu attendre plus de deux décennies pour qu’enfin la terrible malédiction de Cruz Azul prenne fin. Au terme d’une finale retour
Il existe une malédiction qui se nomme la Maldición de La Noria. La Noria, c’est le nom donné au centre d’entraînement de Cruz Azul, devenu lieu maudit depuis un Invierno 1997 et la huitième couronne. Depuis, tout a été tenté, de l’exorcisme aux sorcières (une histoire à lire dans le Lucarne Opposée magazine n°9), rien n’y a fait. Des buts improbables, des erreurs fatales, Cruz Azul était devenu la représentation vivante de l’incapacité à gagner alors que tout semblait lui tendre les bras. Chaque année, le Mexique attendait la nouvelle cruzazuleada pour rire d’un seul homme, chaque hincha de n’importe quel club du pays s’unissant dans cette moquerie collective. Mais cette année, plus personne ne rit, plus personne ne se moque.
Construit sur les cendres d’une folle cruzazuleada d’un soir de décembre, ce nouveau Cruz Azul s’est trouvé un symbole, Juan Reynoso. Le Péruvien sait ce qu’est gagner avec ce maillot puisqu’il était sur le terrain ce soir merveille de 1997 lorsque la Máquina a retourné León et décroché sa huitième étoile. Après deux journées à chercher la formule, il a planté son 4-3-3 avec un bloc bas et compact, très dense et si difficile à percer et surtout déposé un jeu de transition ultra rapide qui a fait tellement mal. Ne cherchez pas le pressing haut et la volonté d’étouffer, Cruz Azul sauce Reynoso se replie pour mieux mordre. Une fois le ballon récupéré, la Máquina explose en utilisant la verticalité de son facteur X devant, Cabecita Rodríguez, et la qualité technique de joueurs comme Roberto Alvardo, Orbelín Pineda, Pol Fernández ou Yoshi Yotún. La recette a été appliquée à l’aller et au retour face à Santos Laguna.
Dans un Azteca qui n’attendait qu’un heureux dénouement, Cruz Azul a quand même joué à se faire peur. Très repliée, la Máquina a souvent subi face à des Guerreros, notamment car son duo Pineda-Alvarado n’a pas eu le rendement habituel (ce qui dans le cas de ce dernier peut s’expliquer par les soucis familiaux vécus ces derniers jours). Aussi, quand Diego Valdés envoyait le golazo du 1-0 pour les visiteurs, le spectre de la Maldición de La Noria s’est remis à planer. Mais Reynoso l’a chassé. Yotún et Giménez sont entrés, Cruz Azul s’est relevé. Le Péruvien lançait Cabecita Rodríguez pour libérer son peuple d’entrée de second acte, la Máquina s’est ensuite évertuée à priver Santos de réelles occasions de reprendre les commandes et à essayer de frapper en contre. Rien d’autre n’allait être marqué, ce match nul offre à Cruz Azul sa neuvième étoile. Vingt-quatre ans après le dernier titre, la malédiction est vaincue sur le même score. Les larmes de joie pouvaient couler sur les joues des Cementeros, en même temps que le football mexicain a retrouvé son public dans les stades, Cruz Azul a retrouvé sa gloire.