Pour sa première en finale de MLS, le Portland de Caleb Porter n’a pas perdu de temps. En marquant d’entrée de rencontre les deux buts de la victoire, la franchise.

Un véritable coup de tonnerre. 27 secondes de jeu, un ballon anodin donné en retrait pour Steve Clark et tout bascule. Le portier du Crew bafouille et subit le tacle de Diego Valeri. 27 secondes seulement, Portland ouvre le score au terme d’une action incroyable. Ce n’était qu’un début. Septième minute, un ballon reçu par Alvas Powell 50 centimètres derrière la ligne de touche, une erreur de Tony Tchani qui, plutôt que de prendre le ballon à la main pour jouer une touche qu’aucun arbitre n’a vu alors qu’elle est pourtant évidente et Darlington Nagbe en profite. Le milieu des Timbers subtilise le ballon, décale Lucas Melano qui déborde et centre, Wallace coupe au second poteau, totalement oublié par Afful, Portland mène alors 2-0. Le match n’a pas encore véritablement commencé. S’en suit la grande question, celle de savoir si Columbus sera capable de s’en relever. Kwarasey allait les y aider. Après la boulette de Clark d’entrée de jeu, le gardien de Portland y allait de la sienne lorsque, incapable de contrôler un ballon aérien, il permettait à Kei Kamara de réduire l’écart. Les multiples errements de ce début de match passé, on pensait alors que le football allait reprendre le dessus. Ce ne fut malheureusement pas véritablement le cas.

La faute à une rencontre hachée, marquée par de nombreuses fautes souvent trop peu punies par un arbitrage décidément pas au niveau, la faute aussi à une plan de jeu des Timbers qui a totalement annihilé les rares velléités du Crew en première période. Au retour des vestiaires, Columbus cherchait à se mettre enfin en action, à prendre le contrôle de la rencontre. Mais les Timbers géraient, bloquaient totalement les couloirs, rendant ainsi le Crew totalement inoffensif et se procuraient les meilleures situations. Un ballon cafouillé sur corner permettait à Wallace de frapper, Parkhurst repoussait de la tête sur la ligne avant que Kamara soit à deux doigts de marquer contre son camp, son dégagement raté heurtant la barre puis la main de Parkhurst. Quelques instants plus tard, Adi trouvait le poteau d’un Clark qui maintenait ensuite les siens en vie sur un arrêt parfait suite à une tête à bout portant de Borchers. Le MAPFRE Stadium l’avait compris, jamais Columbus ne parviendrait à revenir permettant aux Timbers de décrocher leur premier titre. Pour la première fois depuis l’instauration de la finale sur le terrain de l’équipe la mieux classée à l’issue de la saison, le titre est pour les visiteurs.

Après la révolution, l’évolution Porter

Lorsqu’il s’était assis sur le banc des Timbers en 2013, Caleb Porter était venu prêcher une nouvelle parole, défendre une idée d’un football fait de pressing haut, d’intensité et de jeu ultra-offensif. A l’issue de la saison 2013, le Porter Land avait séduit la MLS, le 4-3-3 mis en place par le coach des Timbers régalait. Comme nous l’écrivions alors, l’homme à la tête de cette révolution déclarait : « Un vrai match de football de haut niveau est comme une partie d’échec. Je veux que mon équipe contrôle le match. Le contrôle est la garantie de victoire. » Deux ans plus tard, l’homme a beaucoup appris même s’il a su montrer sa grande capacité à s’adapter. Car son Portland avait beau séduire, il restait fidèle à ce que l’on reprochait déjà à Caleb Porter à l’époque où il conduisait les olympiques américains, souvent naïf défensivement.

Car après une saison 2014 au cours de laquelle ces lacunes défensives ont longtemps plombé les Timbers, le club a changé de stratégie, signant par exemple un Liam Ridgewell comme DP quand la plupart des autres franchises partaient dans une course à la star offensive, et en signant Nat Borchers devenu depuis l’un de ses hommes clés derrière. Le plan de Porter était simple : on ne gagne pas une MLS sans solidité. Ce retour du pragmatisme aura été aussi celui de la recherche d’un nouvel équilibre qui repose sur deux hommes : l’hyperactif Diego Chará, la « machine » du milieu de terrain, et le replacement en joueur box-to-box de Darlington Nagbe, l’homme que Porter avait découvert à l’époque de l’Université d’Akron. Conséquence, Portland est devenu un hérisson, capable de museler un adversaire – preuve encore lors de cette finale – mais surtout capable d’exploser rapidement en contre. « Il y a quelques années, je n’aurais jamais demandé à mon équipe de défendre comme cela, je ne l’aurais pas voulu. Mais à ce niveau, tu dois être capable de le faire parce que le match de l’impose ». La révolution passée, Porter aura ainsi su évoluer pour faire de son Portland un champion MLS, la troisième équipe issue de l’expansion de la Ligue à soulever ce trophée, le premier de toute l’histoire de la ville en 40 ans de Timbers.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.