Final de groupes, moments clés pour d'autre, l'avant-dernière semaine de la phase de groupe de la Libertadores a offert son lot d'émotion. Et LO de s'en offrir d'autres lors d'un inside brésilien.

Soutenez le projet Lucarne Opposée - Chili 2015

De la miraculeuse qualification de River Plate à celle plus tranquille de Boca et à la déprime chilienne, la huitième semaine de Libertadores aura de nouveau procuré son lot d’émotions avec dans le rôle des poils à gratter habituels, les mexicains. Tigres qualifié, Atlas relancé, les membres de la CONCACAF confirment qu’ils sont toujours au niveau des sud-américains alors qu’Argentins et Brésiliens ont clairement montré les crocs. Dénouement la semaine prochaine avec notamment un duel à distance entre le tenant du titre San Lorenzo et São Paulo.

 

cliquez sur le score pour accéder à la feuille de match et au résumé vidéo correspondants

Huracán 3 – 1 Cruzeiro

Universitario 2 – 0 Mineros de Guayana

Sporting Cristal 1 – 1 Guaraní

Racing 3 – 2 Deportivo Táchira

The Strongest 1 – 0 Emelec

River Plate 3 – 0 San José

Juan Aurich 4 – 5 Tigres

Atlas 1 – 0 Atlético Mineiro

Colo Colo 0 – 3 Santa Fe

Danubio 1 – 2 São Paulo

Zamora 0 – 3 Wanderers

Boca Juniors 2 – 0 Palestino

Corinthians 0 – 0 San Lorenzo

Universidad Chile 0 – 4 Internacional

par Bastien Poupat à São Paulo pour Lucarne Opposée

Cette semaine, direction la toute nouvelle enceinte de l'un des clubs les plus mythiques du Brésil, le Corinthians. Dans cette Arena Corinthians, c'est sûrement l'affiche la plus excitante de la semaine qui nous attendait entre le Timão et le tenant du titre San Lorenzo. D'autant plus qu'avec la victoire de São Paulo la veille dans ce même groupe 3 sur le terrain de Danubio, le Ciclon n'avait plus le choix : Il fallait gagner pour conserver ses chances de qualification. « C'est vrai que nous on n’a pas cette pression là car la qualif est pratiquement assurée. Mais avec ce système sans tirage au sort, il est toujours mieux d'engranger le maximum de points même en terminant premier » nous explique Juanky, 31 ans, supporter du Corinthians. Et oui, en Libertadores pas de tirage au sort pour les huitièmes de finales mais les meilleurs premiers affrontent les plus mauvais deuxièmes, entre autre un gage d'assurance pour ne pas lever le pied lors des derniers matchs et c'est plutôt intelligent.

A deux heures du match, nous arrivons désormais au terminus de la ligne 3 du métro de São Paulo, station Corinthians – Itaquera. Ce nouveau stade qui se dresse devant nous a de la gueule c'est clair, mais le centre commercial bondé de multinationale juste à côté un peu moins… Merchandising du ballon, financiarisation du football, on sent que la Coupe du Monde est passée par là et que le Brésil n'échappe malheureusement pas à la règle. Dommage, surtout quand on connaît l'histoire du Corinthians loin d'être liée à tout cela… Parenthèse fermée, nous sentons énormément de tension autour de l'Arena Corinthians « Un duel entre argentins et brésiliens ça fait jamais bon ménage. Ce genre de matchs c'est comme les clasicos ça se gagne » confie Felix, la quarantaine, visage très souriant. Nous allons très vite pouvoir vérifier ses dires, sur le chemin nous serons constamment interrogés sur notre nationalité, la Police est sur les nerfs et en effectifs nombreux et pour couronner le tout un hélicoptère effectue sans cesse des rondes au-dessus de la zone. Ça sent le match bouillant et tant mieux sur LO on aime cela !

C'est environ une heure trente avant le match que nous prenons place en tribune, d'intérieur, l'Arena Corinthians nous fait la même impression que de l'extérieur, elle est sublime. Petit moment de nostalgie où l'on se remémore les matchs du Mondial brésilien qui ont eu lieu ici comme le match d'ouverture Brésil – Croatie en passant par le Belgique – Corée du Sud jusqu'à la demi-finale Argentine – Pays Bas. Bref, ce soir c'est la Copa Libertadores et elle aussi a une saveur particulière et ça se ressent. Chose assez rare, une petite heure avant le coup d'envoi, les Torcidas du Corinthians et la Barra – Brava de San Lorenzo commencent déjà à poser les banderoles et les quelques premières invectives résonnent déjà. Du côté de la Popular des Corinthians, les trois Torcidas « Pavilhao Nove », « Camisa 12 » et la plus grande « Gavioes Da Fiel » sont en place, le stade s'est rempli au 3/4 et les joueurs font leur entrée sur la pelouse dans une ambiance assourdissante. Au Brésil, avant les matchs continentaux, les hymnes nationaux sont joués, l'on vous laisse imaginer l'accueil de l'hymne argentin avant que le brésilien soit repris en cœur… C'est le moment choisi par l'Arena Corinthians pour se lever et encourager les siens tout cela accompagné d'un feu d'artifice, d'un tifo à bande blanche et noire en face la Popular qui elle opte pour un tifo feuille avec une inscription significative « Vai Corinthians » (Allez Corinthians). Alors que le feu d'artifice n'est toujours pas terminé et que l'ambiance ne retombe pas, le match peut démarrer.

Même si c'est le Corinthians qui met le pied sur le ballon en ce début de rencontre, la première grosse occasion est pour San Lorenzo mais Blanco voit sa frappe déviée de peu à côté. Le parcage de San Lorenzo, composé de 200 unités a vue d’œil, en profite pour donner de la voix mais verra très vite son équipe subir la pression du Timão. San Lorenzo recule mais ne rompt pas notamment grâce à son excellent gardien Torrico qui s'emploiera à trois reprises devant Wagner Love puis Elias. Du côté des tribunes, on découvre un style complètement différent de supportérisme que de tout ce que l'on a pu voir pour le moment en Amérique du Sud. Les chants ne sont que très peu variés et cela fait plus penser à un bruit de fond assourdissant accompagné de gestuelle qu'a autre chose. Les Torcidas du Corinthians marquent aussi leurs différences entre elles avec la « Pavilhao Nove » à gauche de la Popular qui ne fait que « pogotter », au centre la « Camisa 12 » qui elle saute constamment sur place et les « Gavoes Da Fiel » beaucoup plus nombreux sur la droite qui enchaînent gestuelles et chants un peu plus variés. Sur le terrain, fin de la première période, San Lorenzo tient pour le moment le point du match nul, mais rien n’est joué…

La deuxième mi-temps reprend sous les mêmes auspices que la première, le Corinthians a la maîtrise du ballon et exerce une énorme pression sur les buts du Ciclon, qui comme à son habitude depuis que Bauza est à sa tête, défend bien et explose en contre. Sauf que sur les contres, San Lorenzo se montre beaucoup trop nerveux et trop imprécis pour espérer quoi que ce soit, moment choisi par Bauza pour sortir l'idole de Boedo, Leandro Romagnoli, remplacé par Alan Ruiz, un choix qui s'était avéré payant la semaine dernière à domicile face à São Paulo. Il reste désormais 20 minutes à San Lorenzo pour aller chercher cette victoire qui serait si importante, Mussis, l'ancien du Genoa, fait alors son entrée à la place de Villalba avant que Blanco ne cède sa place au petit Pitu Barrientos. Bauza a jeté toutes ses cartes dans la bataille mais cela ne suffit pas, le match en devient même soporifique et même l'ambiance s'en fait ressentir malgré les quelques animations dans le virage. Malheureusement nous en resterons là, 0-0 score final. San Lorenzo pointe désormais à deux points de São Paulo avant la dernière journée de ce groupe 3 où le Ciclon recevra Danubio et devra gagner avec la plus grande marge possible alors que dans le même temps São Paulo recevra le Corinthians dans le Majestuoso. Cela annonce déjà une dernière journée passionnante.

 
Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.