Fin des huitièmes de finale de l'édition 2015. Au milieu des surprises, certains outsiders s'affirment, d'autres favoris plongent le football continental dans la honte.

Au milieu du chaos et de la honte que les barras de Boca ont fait subir à tous les amateurs de football sud-américain, la semaine des huitièmes de finale retour de la Libertadores aura surtout été secouée par l’élimination surprise du grand favori Corinthians. Que Guarani puisse accéder aux quarts n’est en soi par forcément une surprise mais que la bande à Santander le fasse en sortant le Timão et en s’imposant là où personne n’y était parvenu depuis River Plate en 2006 est un vrai coup de tonnerre. Ailleurs, dans la logique du papier aura été respectée. Cruzeiro croisera River en quarts, Santa Fe a sorti un indigeste Estudiantes, Emelec a su résister aux assauts des Verdolagas, l’Inter séduit encore alors qu’enfin, le Racing vainc ses démons. C’est l’objet de notre inside de la semaine.

  

 

cliquez sur le score pour accéder à la feuille de match et au résumé vidéo correspondants

Santa Fe 2 – 0 Estudiantes

Corinthians 0 – 1 Guaraní

Atlético Nacional 1 – 0 Emelec

Cruzeiro 1 (4) – (3) 0 São Paulo

Internacional 3 – 1 Atlético Mineiro

Racing 2 – 1 Montevideo Wanderers

par Bastien Poupat à Buenos Aires pour Lucarne Opposée

 

Le Racing ne serait-il plus maudit ?

La question est plus que légitime. Après avoir remporté un titre de Champion d'Argentine l'année dernière mettant fin à 13 ans de disette (voir Argentine : le titre du Racing vécu de l'intérieur), le club d'Avellanada a toute les raisons de croire à une nouvelle Copa Libertadores qui lui échappe depuis 1967 avec dans ses rangs un homme capable de réaliser tous les miracles, Diego Milito (voir Diego Milito : héros d’Avellaneda, légende argentine). Récit d'un huitième de finale retour comptant pour la Copa Libertadores 2015 entre le Racing et les Montevideo Wanderers.

Sur les coups de 16h00, sous une après-midi bien ensoleillée dans la Capitale Argentine où le début de l'hiver pointe timidement le bout de son nez, nous nous dirigeons dans la ville d'Avellaneda située à une dizaine de kilomètres de Buenos Aires. En arrivant sur la plus grande avenue de la ville de banlieue, l'Avenue Belgrano, nous nous apercevons que c'est déjà l’effervescence et que la ville est bondée de maillots ciel et blanc aux couleurs du Racing. On emprunte alors la direction du stade à quelques rues de l’avenue Belgrano où l'on retrouve toujours énormément de monde dont Jose, la quarantaine, mal rasé et trapu mais surtout hincha de la Academia depuis sa plus tendre enfance « C'est vrai que ce but en fin de match lors de la rencontre aller nous a fait du bien. On a arraché le un partout et ce soir à domicile la qualification pour les quarts est largement accessible. Mais comme tu peux le voir je suis quand même nerveux » avant de marquer un petit blanc et de poursuivre « On est le Racing…. Avec tout ce que cela signifie ».

Malgré l'engouement général il est vrai qu'on le ressent une certaine tension, la peur d'un autre rendez-vous manqué, très sûrement le spectre qui plane sur le Racing et ses supporters depuis bien des années maintenant. Après avoir rejoint notre tribune, les premiers chants résonnent déjà dans le Cilindro et nous assistons à l'entrée de la Guardia Imperial, Barra-Brava du Racing, dans une ambiance à couper le souffle et qui le sera tout au long de cette rencontre.

A l'entrée des joueurs le recibimiento est détonnant et la Popular accueille son onze favori avec trois bâches représentant chacune les trois sections de la Barra-Brava (Guardia Imperial, Racing Stones, La barra del 95) qui recouvrent le haut du virage. Malgré cette énorme ambiance, ce sont les Wanderers qui rentrent mieux dans cette rencontre avec deux belles occasions de la tête orchestrées par le duo offensif Nicolás Albarracín et Gastón Rodríguez qui posent énormément de problèmes à la défense de la Academia. Le Racing subit mais suite à cette deuxième occasion uruguayenne repart de l'avant, Diego Milito déborde sur la droite et trouve Washington Camacho, l'ancien joueur de Defensa Y Justicia conclut du droit, 1-0 dans un Cilindro en ébullition. Ce but change totalement la donne du match, le Racing est mieux en place et Gustavo Bou, mis une fois en échec tout d'abord à la 28ème minute sur un bon service de Milito, creusera l'écart à la 40ème minute sur une transmission de Cerro. 2-0 à la pause et l'Estadio Presidente Peron savoure.

Même pendant la pause, le fameux « Muchachos, traigan vino juega l'acade » résonne à notre plus grand bonheur. « Los momentos que vivi, todo lo que yo deje, por seguir a la Academia, nadie lo puede entender .Yo no se como explicar, que te llevo hasta en la piel, sos la droga que en las venas me inyectaron al nacer. Se me parte el corazón, cada vez que vos perdes, me pongo de la cabeza y otra vez te vengo a ver. Muchachos, traigan vino, juega la Acade ! Que esta hinchada esta de fiesta y hoy no podemos perder. Muchachos, traigan vino juega la Acade me emborrarcho bien borracho si el rojo se va a la B ». En VF : « Les moments que j’ai vécus, tout ce que j’ai laissé pour suivre la Academia, personne ne peut comprendre. Je ne peux pas l’expliquer, que je t’ai dans la peau, tu es la drogue qu’on m’a injecté à ma naissance. Mon cœur se brise chaque fois que tu perds, je deviens fou et je reviens te voir. Messieurs, ramenez du  vin, la Academia joue ! Cette hinchada fait la fête et aujourd’hui on ne peut pas perdre. Messieurs, ramenez du  vin, la Academia joue, Je me bourre la gueule si Independiente va en deuxième division ».

Le match a déjà repris depuis quelques minutes et le Racing gère ses deux buts d'avance en faisant bien circuler mais et aussi bien aidé par des Wanderers peu inspirés dans ce second acte. Il faudra attendre la toute fin de match pour qu'il se passe enfin quelque chose. 88ème minute, coup franc dangereux pour les Wanderers et Olivera se charge de magnifiquement de le transformer pour redonner espoir aux uruguayens. 2-1, les fans du Racing le savent, un autre but de l'équipe de Montevideo éliminerait les siens. Les dernières minutes sont irrespirables dans le Cilindro, malgré cela les hinchas du Racing continuent d'assurer le spectacle en tribune et de pousser les leurs.

Coup de sifflet final qui sonne comme une délivrance. Une fois de plus dans la souffrance, le Racing tient son quart de finale de Copa Libertadores et retrouvera Guarani qu'il avait déjà croisé en phase de poule. La hinchada de la Academia saluera à sa manière le contingent uruguayen ayant fait le déplacement, « Avellenada es mas grande que Uruguay » (pas besoin de traduction même si vous n'êtes pas bilingue), nous l'accompagnerons dans les rues d'Avellaneda pour rejoindre Buenos Aires où nous assisterons devant notre téléviseur à ces tristes scènes lors du Superclasico Boca Juniors – River Plate, classé aujourd'hui en Argentine comme une honte nationale.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.