Ce mercredi, l’Equateur accueille le troisième Sudamericano u20 de son histoire. Deux ans après le titre décroché par l’Argentine, tout un continent se lance dans la conquête d’un titre convoité par plusieurs prétendants aux effectifs sertis de diamants.

Plus de 60 ans d’espoirs

La première édition du Campeonato Sudamericano sub 20 est une idée vénézuélienne. Le 7 novembre 1953, la Fédération Vénézuélienne de Football (FVF) propose l’organisation d’un tournoi opposant les jeunes des nations du continent, idée validée lors de la Conferencia Interamericana de Cancilleres qui se déroule à Caracas. Le Sudamericano vient de voir le jour, tous, à l’exception de l’Argentine, alors invitée en Allemagne pour y disputer une compétition mondiale, seront présents, les matchs, qui se disputent à l’Estadio Olimpico de la UCV sont alors tous radiodiffusés. L’histoire retiendra alors que l’Uruguay marque le premier but de la compétition dès la première minute de jeu face à la Colombie, que la Celeste, dernière championne du monde chez les A, remporte le premier Sudamericano chez les jeunes. La graine est plantée. A la différence de la Copa América des grands va alors se perpétrer au fil des années sans interruption, sa cadence pouvant parfois s’accélérer avant de se stabiliser au rythme d’une fois tous les deux ans. L’édition 2017 pose ainsi ses valises en Equateur, troisième fois de l’histoire et s’annonce toujours aussi ouverte, les chantiers mis en places dans différents pays au niveau de la formation commençant à porter leurs fruits.

Groupe A de la mort

A l’heure de ce 38e épisode de la plus grande compétition de nation du continent dans cette catégorie, les pronostics sont en effet toujours aussi difficiles à faire.  Le Sudamericano se disputera sur une ligne Nord-Sud Ibarra – Ambato et voit ainsi, comme le veut la tradition, les dix équipes réparties en deux groupes dont les trois premiers se qualifieront pour l’hexagonal final délivrant 4 places à la Coupe du Monde de la catégorie.

Dans le groupe A, le pays hôte, l’Equateur, se retrouve face à une série d’obstacles de grand niveau : la Colombie, vainqueur en 2013, deuxième en 2015, le Brésil et ses 11 titres, le Paraguay, deuxième en 2009 et 2013 et le Chili qui espère enfin suivre les pas de la sélection majeure. Dans le groupe B, le tenant du titre argentin retrouvera son frère de La Plata, l’ambitieux Uruguay, jamais classé au-delà de la troisième place depuis 2007 mais qui attend un titre depuis celui décroché par son dieu Enzo Francescoli en 1981, le dangereux Pérou et les traditionnels derniers de la bande, Venezuela et Bolivie. Autant dire que les deux sudistes partent favoris de leur groupe, le groupe A s’avérant des plus relevé.

Pluie d’étoiles

Mais qui dit Sudamericano, dit futures promesses. Si certains ont déjà acquis un statut médiatique, on pense notamment à l’Uruguayen Rodrigo Bentancur ou l’Argentin Santiago Ascacibar (dont le portrait est à lire sur LO). Ils seront ainsi nombreux à se bousculer au portillon des futures pépites du continent et dont on peut dresser une liste non exhaustive qui va tenter d’éviter de devenir un annuaire de jeunes promesses.

Du côté du pays hôte, on suivra avec attention les performances du deuxième fils de la légende José Francisco Cevallos, José Gabriel qui a fait le redoutable choix de suivre les traces de son papa (à qui il ressemble tant) en s’installant dans les buts de la mini Tri. A ses côtés, on suivra son ancien coéquipiers, Pervis Estupiñán, lancé chez les pros de la LDU par Luis Zubeldia alors qu’il avait tout juste 17 ans mais surtout la merveille d’Independiente del Valle, Bryan Cabezas qui a profité de l’énorme parcours en Libertadores pour s’envoler découvrir l’Europe. Dans ce groupe A, deux pays vont bien évidemment attirer les regards des suiveurs : le Brésil et la Colombie. Habituel fournisseur de talents à l’Europe entière, le Brésil compte déjà quelques expatriés comme le madrilène Caio Henrique, son capitaine. Alors on observera avec attention Artur, 18 ans, promu dans la A du champion Palmeiras et grande promesse offensive de la sélection avec Richarlison, déjà passé sous le pavillon de la virgule, et le « petit » Maycon, promesse du Corinthians. Côté Cafeteros, il sera question d’héritage à porter pour une sélection qui s’est désormais installée dans le gotha du continent et qui bénéficie de l’énorme travail mené par les clubs pour garnir ses rangs de nombreux diamants. Là encore, deux pépites offensives devraient attirer les regards : le puissant Damir Ceter, qui du haut de ses 19 ans a marché sur la deuxième division colombienne (14 buts en 28 matchs) au point de taper dans l’œil du champion Santa Fe, et la fusée Juan Camilo Hernández, tout juste 17 ans, qui lui a fait encore mieux au Deportivo Pereira, puisqu’il est tout simplement meilleur buteur de seconde division avec 21 buts en 33 matches. Il est LA grande promesse du football colombien au poste d’avant-centre. Il ne faudra cependant pas enterrer Chiliens et Paraguayens. Du côté de la Rojita, on observera avec attention la merveille Jeisson Vargas, aujourd’hui en Argentine, mais aussi Gabriel Suazo, qui a déjà tapé dans l’œil du sélectionneur de la A, Juan Antonio Pizzi et le défenseur de Palestino, Francisco Sierralta. Côté Guaraníes, il faudra suivre avec attention trois purs produits de la formation d’Olimpia, Rodi Ferreira, Saúl Salcedo et « l’Européen » Blás Riveros mais aussi (et surtout), la merveille du Cerro Porteño, l’hyperactif Josué Colmán.

Du côté du groupe B, les pépites se comptent également en nombre. Du péruvien Bryan Reyna, déjà en Europe au duo bolivien Moisés Villarroel – Bruno Miranda, ils garnissent chaque sélection. Les regards se fixeront jusqu’à la sélection vénézuélienne et sa diagonale Wuilker Faríñez – Yeferson Soltedo. Le gardien de Caracas a ébloui lors de la campagne de Libertadores de son équipe au point d’être élu meilleur gardien du championnat et d’être appelé en 2015 chez les A pendant la Copa América puis en 2016 d’y faire ses premiers pas. Il est clairement l’avenir du Venezuela à ce poste, un talent sans limite. Devant, l’astre se nomme Soltedo. Auteur de 52 buts en 67 matchs de première division, la fusée de Zamora a montré son talent en Libertadores, déjà fait ses premiers pas chez les A et rejoindra le Chili en 2017. Il est lui aussi l’avenir du pays à son poste, un autre diamant brut. Il faudra bien des talents pour se faire une place aux côtés des ogres de La Plata. Côté Argentine, le tenant du titre peut toujours s’appuyer sur son réservoir qui parait inépuisable malgré les difficultés du moment. On attend ainsi beaucoup des Pinchas Ascacibar – Rodríguez, du joueur du Racing Lautaro Martínez et de l’ennemi rouge, Ezequiel Barco, ainsi que de la pépite de San Lorenzo, Tomás Conechny, l’une de nos pépites du Mondial U17 chilien. Mais s’il est un pays où le talent déborde, c’est bien l’Uruguay et la Celeste 2017 ne déroge pas à la règle. Derrière le mondialement connu Rodrigo Bentancur, chaque ligne peut s’appuyer sur un diamant à polir. On peut ainsi citer l’excellent Nicolás De La Cruz, présent au milieu de terrain dans notre 11 de l'année 2016 aux côtés de Marcelo Saracchi, Agustín Sant'Anna, l’excellent latéral gauche du Cerro, Rodrigo Amaral, l’une des promesses du Nacional ou encore Nicolás Schiappacasse, déjà parti en Europe. La liste serait tellement interminable qu’elle fait de l’Uruguay notre favori pour le titre. Et ce, même si ce n’est plus arrivé depuis 36 ans.  

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.