Nous vous avions laissés sans nouvelle du football local bolivien depuis plus d’un an. L’heure est donc plus que jamais venue de retourner suivre un championnat de plus en plus français.
Nous avions laissé le football local bolivien au lendemain d’un titre historique décroché par Always Ready, si le Clausura qui a suivi a été annulé beaucoup de choses se sont évidemment passées depuis au point que les lister ici sera interminable – et génèrerait obligatoirement quelques oublis. Il convient tout de même de noter que ce titre aurait pu être annonciateur d’une nouvelle ère, que l’idée de mener une bonne gestion pourrait suffire à venir bousculer les deux géants habituels du pays. Dans les pas du succès des Albirrojos, le tournoi 2021, disputé sur un tournoi unique de trente journées, a offert un final totalement dingue et une nouvelle énorme sensation : la victoire finale d’un promu, Independiente Petrolero. Le club de Sucre n’avait jamais décroché le moindre titre en près de quatre-vingt-dix ans d’histoire, ni même aux étages inférieurs, il a profité d’un incroyable alignement des planètes pour écrire son histoire. Leader avant la dernière journée, The Strongest est en effet tombé à Santa Cruz, ouvrant les portes à Always Ready et donc Independiente Petrolero. Pour l’un, comme pour l’autre, la victoire finale s’est jouée au terme de folles courses poursuites dont ils sont sortis vainqueurs, chacun dans les ultimes secondes du match. Et pour l’histoire et Independiente, le nom de Juan Godoy restera celui qui a permis au club de devenir le dix-septième à décrocher un titre de champion, le deuxième promu après Bolívar en 1966, grâce à un but inscrit du genou à la 95e minute du dernier match.
Les géants se rebiffent
La grande question était donc de savoir si un nouveau monde allait naître en Bolivie, si les deux habituels géants allaient devoir trouver de nouvelles ressources, de nouvelles idées pour résister et s’accrocher à leur statut. Le premier tournoi de 2022, l’Apertura, a montré que Bolívar comptait bien réaffirmer sa grandeur. Le club le mieux géré du pays, finaliste continental en 2004, a survolé son groupe, n’encaissant que neuf buts en seize matchs (pour quarante-deux inscrits), terminant loin devant ses poursuivants au classement cumulé. Reste que si Independiente Petrolero est rapidement rentré dans le rang (avec en prime une campagne de Libertadores assez désastreuse) Always Ready continue de confirmer son nouveau rang. Et un autre club semble vouloir émerger, l’Atlético Palmaflor (dont nous allons reparler). Las Fieras de Quillacollo ont réussi à tenir tête au Strongest, remportant leur groupe et se qualifiant pour la phase finale. Une phase finale qui a été celle de la revanche des géants, The Strongest et Bolívar offrant un nouveau clásico en guise de finale, que les Celestes ont totalement écrasé.
Copa, VAR et francisation
Place donc au grand retour du football bolivien avec ses folies et parfois ses ratés. Le raté, c’est le cas de la Copa Bolivia. Une histoire née il y a dix ans, qui n’a connu que cinq éditions (entre 2012 donc et 2016) et qui alors ne concernait que les clubs amateurs. Une histoire qui aurait dû être plus sérieuse lorsque la fédération a décidé de la relancer en 2022, celle-ci impliquant les clubs professionnels en plus des autres clubs du pays et offrant ainsi un formidable tremplin entre élite professionnelle et catégories inférieures. L’objectif était tel qu’elle offrait une place en Copa Sudamericana et une prime de 500 000 dollars américains aux vainqueurs. Elle offrait surtout une compétition véritablement bolivienne, disputée même dans des régions ne disposant pas d’équipe pro, et surtout devait servir d’impulsion à la création d’une véritable deuxième division. Seul problème, à une semaine de son coup d’envoi, la décision est tombée : la Copa Bolivia est reportée à l’année prochaine. La faute au fait que vingt-huit des trente-deux clubs censés y participer n’avaient pas remplis les conditions requises pour y prendre part. Conséquence, si les clubs des divisions inférieures envisagent de disputer la compétition entre eux, la place en Copa Sudamericana qui était promise à son vainqueur reviendra pour l’une des équipes les mieux classées à la table annuelle de l’élite bolivienne. Quant à la prime du vainqueur, le débat est encore animé…
Reste que la grande nouveauté du Clausura bolivien, célébrée comme tel par certains, est l’arrivée du VAR. L’histoire retiendra que la rencontre opposant le Real Santa Cruz à Universitario a été la première à faire intervenir la technologie dans le championnat, la Bolivie devenant le huitième pays de la zone à y avoir recours (avec un financement pris en charge à moitié par la fédération). L’autre grande nouveauté est une tendance amorcée à l’Atlético Palmaflor : la francisation du football bolivien. On exagère quelque peu mais qui sait ? Après l’arrivée retentissante d’un Jean-Christophe Bahebeck qui a depuis pris quelque peu ses marques, las Fieras ont attiré un buteur français, Balamine Savane qui a certes fait une courte apparition face au Real Tomayapo mais qui attend encore ses grands débuts au sein d’une formation qui peine à lancer son tournoi (une seule victoire et deux défaites en quatre journées). Un retard qu’il va falloir rapidement combler car devant, Always Ready, désormais commandé par Julio César Baldivieso, est parti très fort (dix points sur douze), suivi de près par Bolívar, à trois points après être tombé en ouverture face à Blooming – avec deux but refusés au… VAR – Jorge Wilstermann et The Strongest, qui doivent s’affronter début août, ce dernier ayant récemment nommé Claudio Biaggio sur son banc, sont à portée de tir.