Juan Carlos Osorio est en grand danger alors que l’América n’avance plus. Les deux autres gros, Millonarios et l’Atlético Nacional ont déjà leur billet en poche.
L’image est marquante. Battu par Santa Fe lors de la finale aller de la Superliga, opposant les deux finalistes de l’année 2020, Juan Carlos Osorio est sorti sous la protection de la police alors que les supporters de l’América lui lançaient plusieurs projectiles. En cause, la situation qui semble de plus en plus complexe au classement. Battu à la maison par Jaguares, qui lutte pour ne pas descendre mais qui est la bête noire du club de Cali, battu à Bucaramanga, contre une équipe qui était totalement en perdition, l’América est entré dans une petite crise. Et ce n’est pas la victoire arrachée contre Huila, la lanterne rouge et qui est déjà quasiment assuré de redescendre en deuxième division à la fin de l’année, qui a rassuré tout le monde. Osorio a du mal à trouver sa formule type et surtout on lui reproche de changer des choses qui fonctionnent en cours de match. D’ailleurs les visages sur le banc le trahissent avec des joueurs qui semblent perdus. Le plus préoccupant c’est que le calendrier qui arrive est démentiel avec Millonarios ce week-end, puis le clásico vallecaucano, avant d’enchainer avec l’Atlético Nacional puis Tolima avec au milieu la finale retour de Superliga. Il y a donc de quoi s’inquiéter et au vu de la situation, il n’est pas certain que l’ancien sélectionneur du Mexique résiste à un mauvais résultat dans la capitale ce samedi.
L’Atlético Nacional commence à s’essouffler. Le club de Medellín, déjà assuré de se qualifier, marque le pas. Si les résultats ne sont pas au rendez-vous, aucune victoire sur les trois derniers matchs toutes compétitions confondues, ça aurait même dû faire trois défaites si l’arbitre assistant de la demi-finale aller de Copa avait mis ses lunettes, c’est surtout ce qui est produit sur le terrain qui commence à interroger. À la maison contre le Deportivo Pasto, l’une des plus faibles équipes de ce championnat, l’Atlético Nacional a eu toutes les peines du monde à se montrer dangereux et n’a pu faire mieux qu’un bien triste match nul. Si l’on pensait à un accident, le déplacement sur la pelouse du Deportivo Pereira, une équipe qui lutte pour ne pas descendre, a confirmé le coup de mou. Sacrément bougés, les joueurs d’Alejandro Restrepo ont cédé dans les derniers instants. C’est surtout défensivement que les voyants sont au rouge avec des erreurs individuelles qui se multiplient. Contre Huila ce week-end, le club verdolaga a l’occasion de se rassurer avant une fin de saison régulière plus agitée. Si l’objectif immédiat est la coupe, qui offre un ticket en Libertadores, un mauvais résultat mettrait encore un peu plus d’huile sur le feu.
Si la première place commence à être menacé, c’est parce que derrière Millonarios revient fort. Il faut d’ailleurs avoir le cœur bien accroché en ce moment si on supporte le club embajador. Une victoire 4-3 à Bucaramanga, une défaite 4-3 contre Jaguares, des buts magnifiques lors de la victoire contre Huila et même un but du Caballo Márquez, c’est dire si ça bascule dans l’irréel. À quatre points du leader et à quatre points du troisième les joueurs de Gamero ont de quoi voir venir et ils se sont fixés un objectif assez clair, la première place à la table annuelle qui pourrait offrir le dernier ticket pour la Libertadores (les deux champions vont directement en phase de groupes, le vainqueur de la coupe en tour préliminaire et donc le premier de la table générale, s’il ne fait pas partie de ces trois équipes, se qualifie aussi pour le tour préliminaire). Pour l’instant l’objectif est atteint avec deux points d’avance sur l’Atlético Nacional, les deux équipes s’affronteront d’ailleurs lors du dernier match de la phase régulière ce qui pourrait donner un peu plus de piment. Meilleure attaque du championnat Millonarios est clairement l’équipe la plus séduisante actuellement. L’appétit vient en mangeant et le club a l’occasion sur les deux prochains matchs de dévorer deux de ses meilleurs rivaux.
Derrière les autres favoris trainent un peu. Si le Deportes Tolima est tranquille au classement Jaminton Campaz est parti au Brésil avec les ambitions offensives de son équipe. Meilleure défense, avec seulement cinq buts encaissés, devant ça ronronne et on s’ennuie ferme en regardant cette équipe. On peut déjà imaginer le pire pour la prochaine Libertadores. Bien calé dans le ventre mou des qualifiés, Junior alterne le chaud, comme contre Huila avec une deuxième période tout feu tout flamme, et le froid comme cette victoire bien pâle contre Patriotas. Difficile de se faire une idée et de voir la patte d’Arturo Reyes sur cette équipe et on devrait attendre les quadrangulaires avant de se faire une idée plus précise. Une chose est certaine, avec l’élimination en coupe contre Pereira, l’ancien sélectionneur des espoirs a déjà grillé un joker. Enfin, si on peut encore parler de favori pour cette équipe, le Deportivo Independiente Medellín est le somnifère de ce championnat. Dernier qualifié le DIM enchaine les matchs insipides et semble sacrifier une génération qui pourrait faire bien mieux que ça avec un peu plus d’ambition.
Au fond du classement, on retrouve le Deportivo Cali et Santa Fe. Le Deportivo Cali nous a offert le but gag de l’année contre Envigado avec une passe en retrait du milieu de terrain de Téo que De Amores a laissé filé de manière incroyable. Au plus bas après la défaite contre le voisin, les joueurs de Dudamel remettent peu à peu la marche avant. La quatorzième place n’incite pas à l’optimisme mais deux points seulement les séparent de la huitième place. C’est différent pour Santa Fe, quinzième, mais qui est en vacances. Le club cardinale a déposé les armes pour ce semestre et le clásico de la semaine prochaine contre Millos devrait être le dernier frisson de l’année en championnat. Mais aussi incroyable que ça puisse paraitre, la Superliga pourrait lui permettre de gagner un titre cette année. Une Superliga où les deux clubs se sont mis d’accord pour partager le pactole en jeu, symbole d’une situation précaire pour de plus en plus de clubs colombiens.