Le football est de retour au Pérou. Après une année 2016 d’une longueur infinie, retour aux formats courts en 2017. Mais si la formule change, les favoris restent identiques. Guide du Verano et premiers résultats.

Plus court mais pas plus simple

Après le marathon que fut l’année 2016, la Primera Division péruvienne revient aux fondamentaux avec des tournois plus court, mais ne cherche pas le plus simple – on ne change pas une stratégie qui gagne…ou pas. Plutôt que deux tournois courts comme le veut la tradition, le Pérou revient à trois tournois, un Torneo de Verano, un Apertura et un Clausura.

Pour débuter l’année, on ouvre ainsi avec un Torneo de Verano qui ne ressemblera donc pas aux deux autres puisque pour celui-ci, les seize équipes de l’élite sont reparties en deux groupes de huit dans lesquels la répartition tient également compte de la région (au moins une équipe de Lima et de Callao par groupe) mais aussi de l’altitude (au moins une équipe habitant sur les sommets, une sur les plaines). Les huit équipes de chaque groupe s’affrontent en matchs aller puis retour, les champions de chaque groupe vont ensuite s’affronter en finale pour le titre (et une place en Libertadores 2018). Le tournoi débutait en ce premier week-end de février, il durera jusqu’au 30 avril et sera donc suivi d’Apertura et Clausura plus classiques, une poule unique, 15 journées et un champion en fin de tournoi.

Guide des surnoms

Pour bien suivre le championnat, voici un petit guide des surnoms des clubs. Par souci de simplification, nous ne vous en donnons qu’un, plusieurs surnoms étant souvent attribués à certains clubs.

- Academia Cantolao : La Academia

- Alianza Atlético : Los Churres

- Alianza Lima : Los Aliancistas

- Ayacucho FC : Los Zorros

- Club Deportivo Comerciantes Unidos : Las Águilas Azules

- Club Centro Deportivo Municipal : El Muni

- FBC Melgar : El Dominó

- Club Juan Aurich : El Ciclón del Norte

- Real Garcilaso : La Máquina Celeste

- Sport Huancayo : El Rojo Matador

- Sport Rosario : Los Auriazules

- Sporting Cristal : Los Celestes

- Unión Comercio : El Poderoso del Alto Mayo

- Universidad de San Martín : Los Albos

- Universidad Técnica de Cajamarca : El Gavilán Norteño

- Universitario : Los Cremas

Les quatre fantastiques

S’il est en revanche une chose qui ne change pas, c’est l’ambition d’avant tournoi des quatre géants, l’Alianza Lima, Universitario, Melgar et le champion sortant, le Sporting Cristal. Emmenée désormais par Pablo Bengoechea, l’Alianza va donc une nouvelle fois tenter de décrocher un titre et aborde l’année pleine d’ambition. Pour cela, les Blanquiazules procèdent à un grand ménage avec pas moins de 15 départs, dont quatre rien que pour Sport Huancayo (Trujillo, Guizasola, Landauri et Pando) pour 14 arrivées dont l’ancien Carbonero Luis Aguiar. Difficile ainsi d’y voir clair dans ce que sera l’Alianza Lima 2017 même s’il va falloir attendre quelques semaines pour pouvoir tirer quelques conclusions. Du côté de l’ennemi de toujours, Universitario, l’heure est aussi au remue-ménage. 9 départs, dont le fantomatique Juan Pablo Pino, le prometteur Andy Polo et l’excellent Miguel Trauco, pour 11 arrivées dont les panaméens Luis Tejada et Alberto Quintero mais surtout l’énorme coup médiatique de l’intersaison, le retour au pays du Loco Juan Manuel Vargas qui revêt le maillot Crema pour la première fois après 14 ans de voyages notamment en Europe. On attend énormément de cet Universitario, troisième du dernier championnat et qui va devoir digérer la catastrophe que fut le deuxième tour de Libertadores.

Les deux géants de Lima n’auront pas le temps de s’installer tant le groupe B est relevé. Car à leurs côtés, Alianza Lima et Universitario vont croiser un Real Garcilaso auteur d’une année 2016 loin de son rang (12e de la table cumulée) mais surtout un Deportivo Municipal désormais installé dans le peloton de tête au pays et qui réussit encore un mercato intelligent en accueillant quelques joueurs intéressants comme le Tico Freddy Álvarez, l’un des hommes clés de la UCR, les très prometteurs Rodrigo Cuba, excellent latéral gauche, Rafael Guarderas, ancien grand espoir d’Universitario, et les plus expérimentés Luis Calderón venu de Cali pour stabiliser l’axe central, et João Ortiz, arrivé de l’Universidad de Chile. S’il est une équipe à suivre avec attention pour 2017 au Pérou, c’est bien le Muni de Marcelo Grioni. Attention aussi à Sport Huancayo, qualifié pour la Sudamericana et qui se renforce des quatre Aliancistas évoqués ci-dessus mais aussi de quelques joueurs intéressants comme le Paraguayen Gustavo Villamayor. Le Rojo Matador pourrait en faire déjouer plus d’un. Attention enfin à Comerciantes Unidos, également qualifié pour la Sudamericana après avoir bouclé la Liguilla à la troisième place.

Du côté des deux finalistes du dernier tournoi, le Verano semble plus abordable avec un groupe A moins dense sur le papier. Cela n’a pas empêché le champion sortant, le Sporting Cristal, de se muscler. Irven Ávila rentre au pays, Christian Ortiz et Rolando Blackburn, toujours parfait avec Saprissa, viennent renforcer l’attaque pendant que le très bon Mauricio Viana, ancien des Santiago Wanderers, vient s’installer dans les buts. Autant dire que les hommes de l’immortel Carlos Lobatón sont les grands favoris à leur propre succession tant Cristal possède un effectif dense. Attention tout de même à Melgar. Finaliste malheureux l’an passé, le Dominó s’est aussi montré actif sur le marché et possède un effectif de grande qualité. Diego Penny vient s’installer dans les buts, Emanuel Herrera vient tenter de relancer une fois encore sa carrière alors que John Utaka n’a finalement pas pu poser ses valises, et enfin, l’international Carlos Ascues rentre au pays après un séjour raté à Wolfsburg. Les deux géants du groupe A ne devraient pas souffrir outre mesure, le casting les accompagnant s’annonçant peu relevé. Car à l’exception d’Unión Comercio, longtemps à la lutte pour une place en Sudamericana, on imagine mal San Martín et Ayacucho capables de venir poser des problèmes aux deux dernier finalistes dans un groupe qui accueillera aussi des petits nouveaux.

sportrosario

Sport Rosario et Cantolao : les bizuts

Il n’y a pas que le format qui sera nouveau au Pérou en 2017. Car la Primera Division accueille deux promus qui n’ont jamais connu l’élite du football péruvien. Fondé en 1965, le Sport Rosario doit son nom à Notre Dame du Rosaire, sainte patronne du quartier d’où le club et né et a pris ses couleurs bleu et jaune qu’en 1996 lorsque Gelacio Mautino, futur maire de la ville décédé l’an passé, décidait de rendre hommage au Rosario (Central) argentin. Son histoire s’est accélérée l’an passé après une année 2015 sans jouer, suite à une brouille avec la fédération qui avait invité le club à participer à la Segunda Division avant de l’en exclure. C’est alors en revenant sur les terrains que le club va réaliser l’exploit de remporter la Copa Perú qui lui a donc ouvert les portes de la Primera Division. Ce sera ainsi l’occasion de découvrir le magnifique Estadio Rosas Pampa, remodelé en 2010 alors que sur le terrain, les Auriazules s’appuieront sur l’expérience de Salomón Libman, ancien international péruvien, de l’Uruguayen Pablo Lavandeira, passé récemment du côté du Deportivo Municipal et de l’Argentin né à Rosario, Carlos Beltrán, ancien de l’Alianza Lima, de Melgar et de Garcilaso.

2016 a également été une année historique pour l’Academia Deportiva Cantolao. Le club qui a formé un certain Claudio Pizarro n’a jamais connu l’élite en 35 ans d’existence et a longtemps été l’un des clubs formateurs les plus importants du pays, nombre de ses jeunes allant ensuite briller dans les grands clubs du pays avant de s’exporter. Après une deuxième place en Copa Perú 2015, les Porteños ont ainsi retrouvé la seconde division du pays après 31 ans d’absence mais ont décidé de ne pas y rester bien longtemps. Cantolao a en effet décroché la première place du tournoi à la dernière journée, s’offrant ainsi un match d’appui face à Sport Áncash, autre pensionnaire du Rosas Pampa, que le club a d’abord remporté sur le terrain avant de remporter devant les tribunaux. Voilà désormais la « Primera Cantera » du Pérou dans l’élite, elle sera emmenée par David Pizarro, le frère de Claudio et par Paulo Albarracín, vedette de la génération 89 du club qui y fait son retour après un passage en Europe puis dans quelques grands clubs du pays.

Première journée : débuts réussis pour les petits nouveaux

Pour leurs débuts dans l’élite, les deux petits poucets Cantolao et Sport Rosario ne se manque pas. La Academia ramène un magnifique nul de son déplacement à Arequipa face au vice-champion Melgar, passant même près d’une victoire si les montants ne l’en avait pas empêché, notamment sur une merveille de frappe enroulée de Denilson Ramírez, le meilleur joueur des visiteurs sur ce match. Du côté des Auriazules, la première semaine est encore meilleure puisqu’une tête de Lavandeira offre le premier succès de l’histoire du club dans l’élite face à Ayacucho. C’est aussi une tête, celle de Carando, qui fait tomber le Muni en ouverture alors que du côté des grands, si Alianza Lima n’a pas joué face à Juan Aurich, faute aux inondations, Universitario et Cristal ont, comme Melgar, dû se contenter de partager les points chez eux, malgré le but du Loco Vargas pour ses débuts en championnat.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.