Sourires, cris d’enfants et balles en mousse : Kylian Mbappé, Arsène Wenger et Christian Jeanpierre sont venus jouer dans la cour récré’ du Stade de France lors de la 6e Journée Évasion de l’association Premier de Cordée. Pour aussi rappeler le rôle social du sport roi.
Ce mercredi 22 mai 2019, l’Association Premier de Cordée organisait la sixième édition de sa Journée Évasion au Stade de France, avec pour objectif d’accueillir quatre mille enfants malades, dans le but de le faire découvrir de nombreux sports. Dont le football donc, en la présence de deux sommités du ballon rond de générations différentes : Kylian Mbappé et Arsène Wenger, qui ont répondu aux questions de Lucarne Opposée pour l’occasion.
En quoi est-ce important d’être présent la Journée Evasion aujourd’hui ?
Kylian Mbappé : Parce que comme je le dis depuis toujours l’objectif c’est de faire sourire les enfants, qu’ils se sentent bien, c’est la raison pour laquelle je viens, qu’ils oublient leurs problèmes du quotidien, et puis surtout jouer au foot car se sont tous des passionnés, filles ou garçons, donc tout cela est important pour moi.
Pour un sportif de manière générale c’est important de participer à ce type d’événement ?
Kylian Mbappé : Je pense entre guillemets, que l’on a un rôle. Je ne sais pas si c’est le bon terme mais on a un rôle dans la société, d’aider les gens, de mettre notre notoriété au service de quelque chose. Donc chacun fait ce que bon lui semble, et pour moi ça c’est bon.
Pourriez-vous nous parler de votre engagement au sein de l’association Premier de Cordée ?
Arsène Wenger : Ça fait un bout de temps que je suis avec eux, ils sont partis d’une toute petite organisation et ils grandissent bien. L’avantage des petites organisations c’est que tu vois vraiment ce qu’ils font, avec du fond, des actions concrètes, c’est facile à suivre. Et puis c’est la cause ultime au niveau de la charité, ce sont les enfants, alors ça nous fait penser que l’on fait un peu de bien quoi.
Vous êtes un habitué de ce genre d’association, l’on pense par exemple au parrainage de Foot Citoyen, aujourd’hui disparu, quel est le rôle du sport et plus particulièrement du foot dans le domaine social ?
Arsène Wenger : Je pense que le sport a une responsabilité sociale, et qu’au niveau du football pro plus spécifiquement on a une grosse responsabilité. Je pense que les clubs en France commencent à en prendre conscience, en Angleterre c’est très très développé. On a une fonction, à la fois au niveau du soutien des enfants ou des enfants malades, et je pense même d’une façon beaucoup plus large dans l’intégration des gens dans la société.
Sous votre mandat, Arsenal a créé une académie de football au Viet Nam en partenariat avec les académies Jean-Marc Guillou, était-ce également motivé par l’envie d’avoir un rôle social ?
Arsène Wenger : Oui, je pense que le sport est l’une des rares activités sociales où l’ascenseur social ne repose que sur la justice, que sur le mérite, après c’est une question d’éducation. Je me suis toujours battu pour que quelqu’un, peu importe où il est né, à partir du moment où il est bon, qu’il a une bonne attitude, il faut lui donner sa chance. Donc je pense que le sport a cette chance-là, peu importe que tu sois le fils du Président de la République ou bien du mec qui vit dans la rue, si tu es bon : tu joues. Et ça c’est formidable dans le sport.
Nous avons vu beaucoup de sourires aujourd’hui, sur le visage des enfants, de Kylian Mbappe, le vôtre, est-ce que ce n’est pas le secret du foot : Se rappeler de ce sourire que l’on avait quand on jouait étant enfant ?
Arsène Wenger : Oui, moi ce qui me frappe ici c’est qu’il y a beaucoup d’enfants malades, mais quand tu les vois jouer ils oublient tout. Et la force de l’enfant c’est qu’il vit dans le présent, dans le jeu, et que c’est un formidable moyen d’évasion, d’enthousiasme. Aujourd’hui on a utilisé la technique de la grappe de raisin, c’est-à-dire que là où il y a le ballon il y a tout le monde... (rire)
Donc vous aviez donné des consignes tactiques ?
Arsène Wenger : (Rire) Oui, il faut être très fort pour faire sortir le ballon, même Kylian a eu du mal !
C’est important pour les grandes vedettes comme Kylian Mbappe de s’investir dans ce genre d’événement ?
Arsène Wenger : Oui regardez un peu les enfants, regardez un peu le monde qu’il y a autour de ce petit terrain et ça vous donne la réponse.
Pourriez-vous nous parler de votre engagement auprès de l’association Premier de Cordée ?
Christian Jeanpierre : Il est assez naturel. Quand on est dans le monde du sport et du foot depuis des années, et que l’on est touché par les enfants qui aiment le sport, le lien naturel est fait entre ce que l’on peut apporter quand on a cinquante balais comme moi et cette passion qui nous anime tous autour du foot. Donc j’ai essayé très modestement, au travers de mon carnet d’adresse et mes petits talents de musicien une fois par an à l’Olympia, de leur filer un coup de main. Donc c’est comme ça que cette histoire grandit, Premier de Cordée était une toute petite asso’ il y a encore quelques années, elle grandit vite parce qu’il est vrai que quand on a des parrains comme Kylian Mbappé ou Arsène Wenger, ça nous aide à grandir, mais ça reste une asso’ avec des valeurs très saines, qui ne se perd pas, et on sait ce que l’on fait avec l’argent que l’on nous donne donc c’est super agréable.
Selon vous quel rôle le football doit jouer d’un point de vue social ?
Christian Jeanpierre : Tu le vois là, regardes, regardes tous les gamins qu’il y a, la folie qu’il y aura cet après-midi quand il y aura 4000 gamins au Stade de France... le foot est le sport numéro un dans le monde ! C’est à dire que tu peux aller te balader en Afrique, en Asie, en Australie ou aux États-Unis, si tu vas voir des gamins, ces gamins joueront au foot. Donc évidemment le foot est un facteur de cohésion, dès le plus jeune âge, dans tous les pays du monde. Et ce que je trouve génial c’est que tu mets un ballon, tu mets cinq mecs qui ne parlent pas la même langues d’un côté, et cinq mecs qui parlent pas la même langue de l’autre, ils pourront jouer. Et c’est ça la magie du foot. La magie du foot c’est de prendre un ballon, et de pouvoir réunir sur un terrain monté de bric et de broc en deux secondes, deux équipes avec des gens qui vont s´éclater. C’est le seul sport au monde qui permet ça, et c’est pour ça que c’est le sport numéro un dans le monde.
Est-ce que le football rempli bien se rôle aujourd’hui ? Où a-t-il encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine ?
Christian Jeanpierre : Moi tu sais je suis un peu contre tous ces trucs qui consistent à montrer le foot du doigts (NDRL : négativement), le foot fait sa part du job ! Tous les clubs sont organisés au travers de différentes fondations pour essayer d’aider les plus jeunes, ceux qui ne seront pas pro et auront d’autres soucis dans la vie. Je trouve que le foot fait déjà beaucoup. C’est facile de taper sur les mecs en disant « oui, le foot ceci... », un coup c’est le racisme, non ! (sic) Les gens essaient de bien bosser et je trouve qu’en France, le foot est bien organisé et je trouve qu’on ne le dit pas assez. Quand tu te balades en région parisienne et que tu vas voir le boulot des clubs, c’est tout simplement remarquable. Je suis de nature plutôt positive et je suis en admiration devant le boulot qui est fait, et ce qui me touche d’autant plus, c’est quand tu as des mecs comme Kylian, qui sont quand même pris par des obligations avec leur club ou des gens comme Wenger qui arrive de Londres, qui viennent parce qu’ils sentent qu’il se passe un truc et qu’il faut être là. Donc non les gens qui jouent aux foot ne sont pas complètement déconnectés de la réalité, c’est pas vrai. Parce qu’ils n’ont pas oublié d’où il venait, parce qu’Arsène a démarré dans une campagne alsacienne quand toi et moi on était pas né, et qu’il sait d’où il vient, idem pour Kylian avec des origines complètement différentes. Et ça, ça me touche.
Parlons un peu de l’actualité du football, est-ce que vous suivrez la Copa América, la CAN ou bien la Gold Cup cet été ?
Christian Jeanpierre : Oui, mais je vais te dire un autre truc, beaucoup plus proche de chez nous, je vais commenter la Coupe du Monde féminine avec une fille qui est géniale, qui s’appelle Sabrina Delanoy et qui est une ancienne joueuse du PSG, qui est l’une des directrices de la Fondation PSG, que vous allez découvrir comme consultante et qui est juste géniale.
Avez-vous des favoris en tête pour ces compétitions estivales ?
Christian Jeanpierre : Non, je peux pas te dire parce que je n’aime pas balancer des trucs que je lis dans l’Équipe le matin. Quand je te dis un truc, je veux que ce soit... Non, je ne peux pas être pointu là en te disant « untel va gagner », j’en sais rien. Autant sur les Coupes du Monde j’y arrive en étant extrêmement documenté, autant là je vais pas te sortir un nom pour te faire plaisir.
Pensez-vous que les médias sportifs sont un peu trop eurocentrés ?
Christian Jeanpierre : Eurocentrés ? ... Tu sais moi je sors de Téléfoot où au contraire on a essayé d’ouvrir tout ça. Donc ce n’est pas le sentiment que j’ai, après tu peux pas empêcher les gens de parler de la Ligue des Champions à outrance parce que tu as vécu une année de fou en Ligue des Champions, tu vois ce que je veux dire ? Le meilleur du foot mondial se concentre sur la Ligue des Champions. Et quand tu parles de foot, t’es obligé de reconnaitre que le meilleur du foot mondial aujourd’hui, c’est le niveau de la Ligue des Champions, ce que tu vois à partir des quarts de finale c’est exceptionnel. Donc oui, le foot est un peu eurocentré au travers de la Ligue des Champions, mais quel spectacle, quel spectacle ! Tu veux un favori pour la finale ? (il marque un temps) Je pense que Tottenham aura du mal, je vois Liverpool.


