Retour en Angleterre pour notre troisième épisode, ou plutôt en Argentine puisque cette semaine, nous vous invitons à découvrir Arsenal.
Si le Liverpool uruguayen (voir L'histoire d'un nom (1) : Liverpool FC) devait son nom à l’attraction que constituait l’Angleterre alors, si le Barcelona équatorien (voir L'histoire d'un nom (2) : Barcelona SC) tient directement son nom d’un groupe de migrants catalans, Arsenal Sarandí n’a quant à lui aucun lien direct avec l’Angleterre si ce n’est son nom.
Grondona Futbol Club, le mal aimé
C’est l’histoire d’une bande d’amis qui se réunissent en janvier 1957 dans un bar de Sarandí, ville de la Zone Sud du Gran Buenos Aires et décident de former un club de foot qui leur permettra de se regrouper derrière les mêmes couleurs. Car entre Julio Humberto Grondona, Roberto Estévez. Horacio Montero, Orlando Acosta, Juan C. Utazún, Eloy de Medio, José M. Pérez, Francisco Ceferino, Arnaldo Pandini, José Berdía, Gabriel Blanco, José Bueno, Américo Besada et Juan E. Elena l’amitié est réelle, sur le plan du foot le groupe est divisé par leur amour respectif pour l’un des deux grands clubs d’Avellaneda dont les stades sont à quelques encablures : Independiente et le Racing. Le choix des couleurs est alors dicté par ce tiraillement : le club jouera en bleu et rouge pour rappeler les deux géants. Reste à trouver le nom, la bande choisit alors celui des anglais d’Arsenal sans que la raison soit encore réellement connue. Quatre ans plus tard, le club est officiellement affilié à l’AFA, il va attendre 18 ans pour commencer sa véritable progression menée en parallèle de l’ascension de son premier président : Julio Grondona.
Car Arsenal est connu en Argentine comme étant le club de la famille Grondona. De Julio premier président à Héctor son joueur le plus emblématique (168 buts en 349 matchs entre 1961 et 1972) en passant par Julito l’actuel président et au stade qui porte le nom du Don Julio, le clan Grondona est omniprésent à Arsenal. Mais celui qui fait bien évidemment le plus parler reste Julio.
Fondateur et premier président du club, hincha d’Independiente dont il sera président, parfois en cumulant avec la présidence d’el Arse puis en délaissant un temps le club qu’il avait créé pour cette occasion, Don Julio a régné en maître sur le football argentin pendant que son club connaissait une fulgurante ascension. En 1979, Arsenal réalise une très mauvaise saison en Primera B mais voit alors émerger un futur talent : Jorge Burruchaga. Au même moment, Julio Grondona est nommé à la tête de l’AFA. Si le premier va changer l’histoire de l’Argentine quelques années plus tard, le second va changer celle du club. Parti de la Primera B, le club va mettre moins de 30 ans pour accéder à un titre continental (nous allons y revenir). Durant ces 30 années, les polémiques viennent se greffer aux succès. Des rumeurs d’argent détourné pour la rénovation du Viaducto (aujourd’hui Estadio Julio Grondona) à celles des arbitres conciliant, l’histoire d’Arsenal n’est pas sans remous et fait que le club n’est pas dans le cœur de bien des hinchas du pays (le peu de soutien populaire dont il dispose en fait même l’un des principaux éléments de moquerie au pays). Reste que depuis son accession à la Primera Division en 2002, Arsenal n’est plus jamais redescendu. Mieux, il s’est mis à gagner.
Gustavo Alfaro, l’homme des titres
Deux ans après avoir accédé à l’élite argentine, el Arse découvre déjà une compétition continentale. Septième de la temporada 2003/2004, le club se qualifie pour la Sudamericana et après avoir éliminé Banfied et River, le dernier finaliste de l’épreuve, sort en quart de finale face à Bolivar, futur finaliste, en s’écroulant à La Paz. 3 ans plus tard, el Arse fait son retour. Dirigé par Gustavo Alfaro, le jeune club argentin accroche à son tableau de chasse San Lorenzo, Goias, Chivas etRiver pour atteindre la première finale de son histoire face à un autre mexicain : América. Au match aller, devant les 90 000 spectateurs de l’Azteca, el Arse d’Alejandro Gómez résiste aux Águilas d’Ochoa, Rodrigo López et Cabañas et mieux, inverse la tendance en 10 minutes pour s’imposer 3-2. Au retour au Cilindro, l’antre du Racing, el Arse souffre. América domine la rencontre et mène 2-0 dès le début de la seconde période. Le match bascule à 7 minutes de la fin. Un ballon dans la surface est quelque peu cafouillé. Martín Andrizzi s’arrache, se redresse et croise, Arsenal reste mené mais avec le 3-2 de l’aller, est alors champion, il devient le second argentin de l’histoire à décrocher ce trophée, plus de quarante ans après son dernier titre, une Primera C.
Arsenal est entré dans son âge d’or. En 2008, le club remporte la Copa Suruga Bank face à Gamba et sort troisième de son groupe en Libertadores derrière Fluminense et la LDU, les deux futurs finalistes. La progression d’el Arse n’en finit plus. Sorti de la Sudamericana 2011 par l’exceptionnelle Universidad de Chile de Sampaoli (voir Copa Sudamericana : soirée LD et U), le groupe d’Alfaro retrouve alors la Libertadores (troisième du Groupe 4) mais s’appuie sur son expérience continentale et un groupe désormais aguerri pour briller localement. Car l’année 2012 reste celle du premier titre de champion d’Argentine de l’histoire du club de Sarandí. Emmené par une colonne vertébrale de qualité (Campestrini dans les buts, l’infranchissable duo Lisandro López - Guillermo Burdisso dans l’axe central, le feu follet Carlos Carbonero sur le côté et le duo Zelaya – Leguizamón devant, Arsenal attend la dernière journée et un succès devant Belgrano pour doubler sur le fil Tigre, accroché par Independiente. Dans la foulée, el Arse décroche la Supercoupe d’Argentine face à Boca, la première Coupe d’Argentine en atomisant San Lorenzo et se retrouve quart de finaliste de la Libertadores 2014 (voir Nacional 1 - 0 Arsenal).
Point commun à ces 7 années de succès, Gustavo Alfaro. Arrivé sur le banc d’Arsenal en 2006, Lechuga est l’homme des premiers succès du club avant, lors de son second cycle, entamé en 2010, de devenir celui des confirmations. En six saisons passées sur le banc d’Arsenal, Alfaro décroche les cinq titres majeurs d’un club qu’il quittera de manière abrupte en 2014 à la veille du huitième de finale de Libertadores, remplacé par une légende argentine : Martin Palermo. Reste que moqué aux quatre coins du pays, longtemps dans l’ombre de son créateur, Arsenal est devenu en à peine une décennie de Primera Division, l’une des valeurs sûres du championnat argentin.