Club légendaire d'Amérique du Sud, le CR Flamengo est fondé le 17 novembre 1895 dans le quartier de Flamengo. D'abord un club d'aviron, il faudra attendre 1911 pour voir la création d'une équipe de football au sein du club.
A la fin du XIXe siècle, Copacabana n'existe pas encore et la seule plage balnéaire se situe dans le quartier de Flamengo. Des jeunes hommes appartenant à la classe aisée de Rio, habitués du Café Lamas, également à Flamengo, décident de créer un club d'aviron. Lors de la première expédition, la barque coule et les jeunes échappent de peu à la mort. Le 17 novembre 1895, le Grupo de Regatas do Flamengo est créé, en 1902, il est renommé Clube do Regatas do Flamengo. Il est décidé de retenir comme date anniversaire le 15 novembre, afin de coïncider avec la proclamation de la République du 15 novembre 1899. Les couleurs du club sont initialement bleues et or, mais dès 1896, Flamengo adopte le rouge et noir. L'aviron est alors le sport le plus populaire de la ville, et si toutes les classes sociales de Rio assistent aux compétitions, la pratique est réservée aux riches. Le grand rival du Flamengo est Vasco avec une opposition entre Brésiliens et Portugais. Le football n'en est pour sa part qu'à ses timides débuts.
L'arrivée du football
À deux pas du quartier de Flamengo, se trouve le quartier de Laranjeiras, où le club du Fluminense joue depuis 1902. Le football est de plus en plus populaire, mais comme l'aviron, c'est encore un sport pour les jeunes gens aisés, médecins ou avocats. De nombreux footballeurs du Fluminense – club le plus populaire du Brésil – pratiquent d'ailleurs l'aviron au sein du Flamengo et les supporters des deux clubs se confondent également. Alberto Borgeth est le capitaine du Fluminense en 1911 et à la suite d'un conflit avec l'autre star de l'équipe, Oswaldo Gomes, le comité de direction du club remplace Borgeth par un défenseur. C'est une véritable humiliation pour l'époque et ses coéquipiers protestent contre la décision. Alberto Borgeth, également rameur du Flamengo, les convainc de disputer la fin du championnat carioca, que Fluminense remporte avec six victoires en autant de matchs. Cependant, lors du traditionnel banquet pour célébrer le titre, neuf titulaires ne se présentent pas à la fête. Le 24 décembre 1911, ils décident de fonder une section football au sein du CR Flamengo.
Ce nouveau sport au sein du club gêne pourtant certains adeptes de l'aviron, considéré comme plus noble et en perte de vitesse face au football. Les socios du club ne permettent pas à l'équipe de football d'arborer le même maillot, le traditionnel maillot rouge et noir rayé horizontalement. Pour son premier match de football, les footballeurs du Flamengo portent donc un maillot « papagaio de vintem », avec deux carrés rouges et deux noirs, assez peu esthétique et populaire. Qu'importe, Flamengo remporte son premier match 15-2 et Gustavo de Carvalho devient le premier buteur de l'histoire du club. Le 7 juillet 1912, Flamengo affronte pour la première fois le Fluminense d'Oswaldo Gomes. Avec neuf titulaires lors du dernier titre du carioca, Flamengo se présente comme le favori. C'est pourtant Fluminense qui s'impose 3-2, lançant le début d'une formidable rivalité entre deux clubs qui se confondent. Flamengo joue ensuite avec un maillot à bandes horizontales noires, rouges... et blanches. Mais en 1916, le maillot apparaît trop ressemblant au drapeau allemand alors que le Brésil est devenu le seul pays d'Amérique du Sud à s'engager dans le premier conflit mondial. Le blanc disparaît du maillot et Flamengo arbore enfin son maillot traditionnel.
Flamengo devient l'un des clubs les plus populaires de Rio
Flamengo ne tarde pas à remporter ses premiers titres, avec le championnat carioca en 1914, 1915, 1920 puis 1921. En 1925, Flamengo et Fluminense, les deux clubs les plus riches et populaires de Rio, dominent le championnat malgré l'apparition du Vasco. Cette même année, la majorité des joueurs de l'équipe nationale qui dispute la Copa América, proviennent du Flamengo ou du Fluminense, donnant naissance au terme Fla-Flu, expression popularisé par Mário Filho en 1936. Cette année-là, Flamengo et Fluminense s'affrontent dix fois. Si les deux clubs étaient similaires autrefois, l'apparition du professionnalisme change la donne. Alors que Fluminense reste attaché à son image de club noble, Flamengo, sous l'impulsion de son président José Bastos Padilha, construit un nouveau stade et s'éloigne du quartier Laranjeiras, quartier historique du Fluminense. Padliha recrute également les meilleurs joueurs noirs du pays, Leônidas, Domingos, Fausto, puis Waldemar de Brito, afin de faire du club rubro negro le plus populaire de la ville. À la rivalité déjà très forte, s'ajoute une dimension sociale et raciale, où les « peaux de riz » des uns se répondent aux « peaux de charbon » des autres.
Par son charisme et ses actions de génie, Leônidas devient rapidement l'idole de tout un peuple. Pourtant, Flamengo termine deuxième du championnat carioca en 1936, 1937, et 1938 et continue de courir après un titre qui lui échappe depuis 1925. Pire, Fluminense termine à chaque fois champion sur la période. En 1939, après une Coupe du Monde réussie, de, laquelle Leônidas termine meilleur buteur et meilleur joueur, le Diamant Noir doit s'arrêter quatre mois après une opération de l'appendicite. Il réussit son retour en ouvrant le score lors d'un Fla-Flu, remporté par Flamengo. Enfin, Flamengo renoue avec le succès et s'adjuge le carioca 1939 après quatorze ans de disette. En conflit avec la direction, Leônidas est remplacé avec brio par Pirillo, qui bat en 1941 le record de buts dans une édition du championnat carioca, avec 39 buts, dépassant la marque de... Leônidas.
Fluminense reprend son bien en remportant le championnat en 1940 et 1941 mais Flamengo répond de la meilleure des manières avec le premier tri de son histoire entre 1942 et 1944. Le dernier acquis face au Vasco, où l'Argentin Valido, champion en 1942, sort de sa retraite pour marquer l'unique but de la rencontre. Les années suivantes sont plus difficiles et Flamengo ne parvient pas à remporter le titre pendant neuf ans. L'attente est si longue que les joueurs se rendent à la paroisse de São Judas Tadeu pour inverser la tendance. Peu importe si les prières du prêtre Góes sont efficaces, Flamengo réalise une nouvelle fois le triplé (1953-1955) et Jude devient le saint patron du Flamengo. Au cours de la période, les idoles se nomment Zizinho, Zagallo, Gérson, Dida, Henrique ou encore Carlinhos. Il faut attendre 1963 pour voir Flamengo remporter de nouveau le carioca, lors d'un 0-0 contre Fluminense, où 194 603 personnes se massent au Maracanã. Carlinhos, surnommé o Violino pour sa classe, prend sa retraite en 1969 et lors de son jubilé, il offre symboliquement – comme Biguá l'avait fait pour lui en 1954 – ses chaussures à un jeune espoir du club. Son nom ? Arthur Antunes Coimbra, dit Zico.
L'ère Zico
Présent en tribunes lors du Fla-Flu de 1963, Zico naît au sein d’une famille de flamenguistas. Titulaire au Flamengo depuis 1974, année où Flamengo remporte le championnat carioca, Zico mène le club rubro negro vers les pages les plus glorieuses de son histoire, avec onze joueurs de niveau international. En 1978, un but en fin de match de Rondinelli contre Vasco aide Flamengo à remporter une nouvelle fois le championnat carioca. La réforme du championnat permet au Flamengo d'ajouter deux nouveaux titres lors de la même année 1979. Après avoir dominé la scène régionale, Flamengo remporte le premier Brasileirão de son histoire contre l'Atlético-MG, réduit à huit contre onze Une équipe que Flamengo avait déjà affronté en 1979, dans un match caritatif où Pelé retrouvait, sous les couleurs du Mengão, le Maracanã pour la première fois depuis le jubilé de Garrincha, six ans auparavant. Flamengo s'impose 5-1, Zico claque un triplé, devient le meilleur buteur de l'histoire du club, et Pelé prévient. « Si ces jeunes continuent comme ça, confiants et sûrs d'eux, ça ne va pas être facile d'affronter Flamengo ». Les retrouvailles entre Flamengo et l'Atlético-MG, lors de la Copa Libertadores 1981, sont explosives. Avec l'aide de l'arbitre José Roberto Wright, Flamengo passe le premier tour (lire 21 août 1981 : Flamengo - Atlético Mineiro, le vol du siècle) et finit par remporter la compétition après trois matchs violents – et deux doublés de Zico – contre les Chiliens de Cobreloa. La violence est telle, que lors du troisième match, l'entraîneur du Flamengo, Paulo César Carpegiani, joueur du club de 1977 à 1980, fait rentrer Anselmo en fin de match dans le seul but d'agresser Mario Soto. L'année 1981 est parfaite pour le club, avec un nouveau championnat carioca et la Copa Intercontinentale, remportée sans contestation 3-0 par le Flamengo de Zico et Nunes contre le Liverpool de Dalglish. Quarante ans après le doublé de Zico face à Cobreloa, Flamengo retrouve le Centenario pour une nouvelle finale de Libertadores, face à Palmeiras. La moisson de titres se poursuit (deux Brasileirãos en 1982 et 1983) jusqu'au départ de Zico pour l'Italie et Udinese.
Sans Zico, Flamengo atteint la finale du carioca 1983 contre Fluminense. Perdue 1-0 sur un but en fin de match de Assis. Puis en 1984. Contre Fluminense. Perdue 1-0 sur un but en fin de match du définitivement « bourreau » Assis. Mais après deux années italiennes convaincantes mais pourries par les blessures, Zico revient au Mengão. Il fait son retour en amical contre une équipe de stars internationales. Sous les yeux de Falcão, Rummenigge ou Maradona, Zico soigne son retour par un coup franc parfaitement tiré. Il marque également pour son premier match officiel avant de se blesser gravement sur une agression de Marcio Nunes. Il revient en février 1986 pour son seul match avec Sócrates pour Flamengo, face au Fluminense. Flamengo s'impose 4-1 et Zico signe un triplé (lire Fla-Flu 1986 : le retour de Zico).
Flamengo remporte le carioca 1986 puis le controversé Brasileirão 1987 (une histoire à lire dans le LOmag n°11). En 1990, Zico dispute son 732e et dernier match pour Flamengo contre Fluminense. Il marque son 509e et dernier but, sur coup franc. Mais une autre légende a déjà fait son retour au club : Júnior. L'homme aux trois Brasileirãos et cinq cariocas a passé cinq années en Italie, où il a été élu deuxième meilleur joueur étranger de Serie A (devant Rijkaard, van Basten ou Maradona) avec Pescara mais a aussi souffert du racisme (les supporters du Torino avaient sorti une banderole « il vaut mieux un Noir qu'un Juventino » après des insultes des tifosi de la Juve). Il revient au club à la demande de son fils, alors qu'il est âgé de trente-cinq ans. Mais papy fait de la résistance et continue de remplir son armoire à trophées. Il remporte la deuxième édition de la Coupe du Brésil, en 1990, le championnat carioca en 1991 contre Fluminense et le Brasileirão 1992 où il marque aussi bien en finale aller que retour. Après 874 matchs pour Flamengo, Júnior prend une retraite bien méritée.
Romário pour célébrer le centenaire et années récentes
1995. Flamengo fête son centenaire et le nouveau président Kléber Leite, souhaite plus que tout un titre pour fêter dignement l'événement. Pour épauler Sávio, l'excentrique président rapatrie Romário et Edmundo pour former « la meilleure attaque du monde ». Flamengo atteint la finale du carioca mais un but de la poitrine de Renato Gaúcho en fin de match permet au Fluminense de briser les rêves des Flamenguistas. Romário remporte deux cariocas, termine quatre fois meilleur buteur (de 1996 à 1999) avant d'effectuer son retour au Vasco en 2000, où il termine une nouvelle fois meilleur buteur. Romário quitte le club rubro negro après 204 buts en 240 matchs.
Comme l'année précédente, Flamengo affronte Vasco en finale mais Romário est cette fois-ci du mauvais côté. Flamengo remporte son deuxième titre consécutif puis son troisième, toujours contre Vasco en 2001, avec un but rentré dans la légende. Le Serbe Dejan Petković marque le but du titre sur coup franc de trente mètres à la 88e minute.
Flamengo a l'occasion de remporter de nouveaux titres contre Vasco comme le carioca 2004 ou la Coupe du Brésil 2006. La victime se nomme ensuite Botafogo, battu trois années de suite en finale du carioca, entre 2007 et 2009. Cette même année, Flamengo s'offre les services de deux de ses anciennes légendes, Adriano et Dejan Petković, et remporte le Brasileirão, une première depuis 1992. À ces deux titres en 2009, il faut ajouter le championnat carioca d'aviron, permettant au Flamengo d'être « campeão de terra et mar », comme le rappelle l'hymne du club, composé en 1920, année où Flamengo remporte pour la première fois le championnat dans les deux disciplines. Car avant d'être un club de football, Flamengo était un club de régates. Cent ans plus tard, Flamengo réalise le doublé championnat carioca – Brasileirão, mais c’est en 2019 que Flamengo marque l’histoire, en remportant le Brasileirão après dix ans d’attente, mais surtout la Copa Libertadores, avec un doublé de Gabigol au bout du suspense face à River Plate. Défait en finale de Libertadores en 2021, Flamengo a une nouvelle occasion face à l’Athletico Paranaense de décrocher le tricampeonato, déjà conquis au Brésil par Santos, São Paulo, Grêmio et Palmeiras.