Alors que son homonyme argentin vient de célébrer un titre de champion, de l’autre côté du Rio de La Plata, il est un autre Racing, bien plus modeste mais aujourd’hui centenaire.

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En 1919, le football est déjà bien installé en Uruguay. Peñarol et Nacional, six titres chacun, se disputent déjà avec une rivalité forte, au sein d'un championnat ayant d'autres champions comme les Montevideo Wanderers ou River Plate FC, ancêtre du River Plate actuel. En plus de ces clubs historiques, beaucoup d'autres clubs de quartier voient le jour, poussés par le développement exponentiel du football en terre céleste. Il se développe notamment vers le nord et l'ouest de Montevideo en même temps que la ville s'y développe. Après Rampla Juniors en 1914, Fénix en 1916 et Progreso en 1917, c'est au sein du quartier de Reducto que naquit un nouveau club, le Racing Club de Montevideo.

L'origine

En 1919, un groupe de jeunes se réunit en effet pour former un nouveau club et l'inscrire à l'Asociación Uruguaya de Fútbol (AUF). On y retrouve notamment Osvaldo Roberto ou Casimiro Céspedes. Le club cherche d'abord son nom, se faisant appelé Yuyito, puis Guaycurú FC (du nom de rues du quartier), puis finalement, au moment de l'inscription formelle, l'équipe décide un nom plus commun dans le monde du football, Racing Club, en hommage au club d'Avellaneda sur la rive voisine. Malgré ce nom, les joueurs restent connus comme les « cerveceros », les brasseurs, en raison de l'usine en face de laquelle l'équipe a commencé à jouer. Les couleurs choisis sont le blanc et le vert. Le premier maillot est blanc avec poche verte au niveau du cœur et short vert. Pour s'inscrire auprès de l'AUF, l'équipe doit impérativement avoir un terrain à sa disposition pour les matchs, c'est une condition sine qua none. Après de longues recherches, l'équipe doit finalement se délocaliser pour un temps au Nord de la ville, dans le quartier de Piedras Blancas. L'équipe peut donc enfin jouer la saison 1920 de la division Extra, troisième échelon de l'époque. Terminant à égalité de point avec Colón FC, autre club du quartier, l'équipe joue une finale qu'ils perdent et doivent donc rester en division Extra. En 1922, le Racing Club de Montevideo bénéficie de la scission au sein de l'AUF avec certains clubs dont Peñarol qui créent une autre ligue, la Federación Uruguaya de Football (FUF), pour protester contre l'organisation de l'AUF. Le Racing choisit le bon côté de l'histoire, déjà, en restant au sein de l'AUF, et en profite pour monter rapidement les échelons jusqu'au Graal, dès 1923, accéder à la première division. Le Racing gagne son premier match de première division contre Charley, deux buts à un. Le club reste en première division après la fusion entre les deux ligues (AUF et FUF), et envoie même ses premiers joueurs en sélection, dont son buteur Antonio Mazzone qui marquera lors du premier PérouUruguay de l'histoire, organisé en terre inca pour inaugurer le stade de la communauté italienne Vittorio Emmanuelle III. En 1930, le Racing voit aussi l'un de ses joueurs devenir champion du Monde : Victoriano Santos Iriarte, buteur lors de la finale contre l'Argentine. Ce sens de la formation vaut au club son nom surnom, l'escuelita, l'école.

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Le Racing fait partie du premier groupe de club a adhérer au professionnalisme dès 1932 et durant ses années l'équipe enchaîne les places d'honneur, terminant régulièrement entre la septième et la dixième place. Mais le stade de l'équipe n'est pas assez grand et trop éloigné du Reducto originel, le club décide donc d'acquérir un terrain dans le quartier de Sayago, beaucoup plus proche, pour y construire un stade en bonne et due forme : ce sera le Parque Osvaldo Roberto, stade actuel de l'équipe. Ensuite, pendant quelques décennies, le club va réaliser de nombreuses montées et descentes entre la première et la seconde division, période durant laquelle d'autres joueurs sortiront de ses rangs comme le gardien Ladislao Mazurkiewicz ou Julio Cesar Benitez. 

Participations aux coupes continentales

En 1990, le club faillit participer à la Copa Libertadores. Il termine en effet cinquième du classement, l’autorisant à participer au tournoi qualificatif dit Liguilla pre-Libertadores. Le Racing termine deuxième, battant Peñarol lors d'un match de barrage, mais il lui fallait alors encore jouer un dernier match, contre le champion Bella Vista, que Racing perd aux tirs aux buts. Il faut attendre vingt ans pour y parvenir.

En 2010, sous les ordres de Juan Verzeri, le club se qualifie de nouveau pour le tournoi qualificatif. Le club cervercero ne s’en laisse pas conter et bat Nacional, Cerro et Defensor lors de la dernière journée pour terminer deuxième. Avec ce classement, le Racing se qualifie pour la phase de barrage continentale de Libertadores contre les Colombiens de Junior. A l'aller en Colombie, le Racing arrive à arracher le nul grâce à deux buts de Matías Mirabaje et Ignacio Pallas. Le retour, au Gran Parque Central, voit la victoire du Racing deux à zéro et la qualification pour la phase de groupes de la Libertadores, grâce à deux buts de celui qui allait devenir une idole, Liber Quiñones. Le tirage est difficile pour le Racing, tombant dans le groupe de Corinthians, Cerro Porteño et Independiente de Medellín. Pourtant, le Racing réussi l'exploit de terminer deuxième de ce groupe de la mort, battant notamment le Cerro Porteño deux buts à un au Centenario, et obtenant le nul à Asunción ainsi qu'à Medellín. Le club deuxième devrait être qualifié pour le tour suivant, mais c'est sans compter sur une anomalie de l'histoire, qui fait que deux clubs mexicains sont repêchés pour les huitièmes n'ayant pu les jouer l'année précédente pour cause d'épidémie du virus H1N1. Ainsi, seul les six meilleurs deuxième sur huit sont qualifiés pour le tour suivant. Avec un bilan équilibré de deux victoires, deux nuls et deux défaites (contre Corinthians), le Racing reste sur le bas-côté, avec le Deportivo Quito. Flamengo, sixième meilleur deuxième, s'en sort de justesse. Le club ne participera plus jusqu'à nos jours à une compétition continentale, mais restera l'un des rares clubs du continent à avoir un bilan positif en Copa Libertadores, avec trois victoires et trois nuls et deux défaites. Dernier fait de gloire, en 2014, le club entraîné par Mauricio Larriera termine deuxième de l'Apertura 2014 avant de couler, seizième lors du Clausura. Depuis, le club se bat pour rester en première division.

Liber Quiñones, dernière idole

Contrairement à de nombreux autres joueurs, Liber n'est pas formé au Racing mais au Defensor Sporting. Malgré tout, c'est au sein du Racing qu'il effectue ses débuts professionnels en 2006. Grâce notamment à son sens du but infaillible, il obtient l'ascension en première division en 2008 et continue à se développer au sein du club. Pour son premier tournoi, il est co-meilleur buteur du championnat avec un certain Antonio Pacheco. Ces bons résultats permettent au club de se qualifier pour la première fois pour la Libertadores, notamment grâce à deux buts de Quiñones en barrage. À partir de ces bons résultats, il va faire comme de nombreux autres joueurs uruguayens de cette époque : partir. Il joue ainsi au Chili en 2010, en Argentine en 2011, au Mexique en 2014. Entre chaque équipe ou presque, il revient jouer au Parque Osvaldo Roberto pour éclairer son Racing. Il ne fait qu'une infidélité à son club, en 2013 avec Danubio, club avec lequel il marque huit buts, gagne l'Apertura, ce qui permettra malgré son départ que le club bohemio joue les finales et termine champion. Depuis 2015, hormis six mois au Salvador où il avait remplacé Abreu à Santa Tecla, il ne quitte plus son Racing, étant devenu meilleur buteur de l'histoire du club. C'est une institution au sein du club, capable de faire avoir des problèmes à un entraîneur qui le met sur le banc, mais, malgré l'âge, il reste un vrai renard, capable sans courir de se trouver au bon endroit au bon moment.

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba