Capitaine de l'Inter, champion du Monde 2022 avec l'Argentine, l'attaquant de vingt-six ans a franchi un cap depuis son arrivée à Milan en 2018. Symbole du renouveau interiste aussi bien sur la scène nationale que continentale, Lautaro réalise toutes les promesses placées en lui à ses débuts avec Racing.

Si vous n'êtes pas un inconditionnel de basket, la ville argentine de Bahía Blanca, située à plus de six cents kilomètres de Buenos Aires, à la frontière de la Pampa et de la Patagonie, est la capitale du basket argentin. L'ancienne vedette NBA des années 2000 et coéquipier du Français Tony Parker, Manu Ginóbili y est né en 1977. L'ancien joueur des Spurs a joué pour le club local d'Estudiantes possédant un solide palmarès national avant de rejoindre l'Europe et les États-Unis. Mais un autre club de la ville s'est distingué en 1971 : Olimpo. Dans un match organisé pour l'inauguration de son gymnase, Olimpo fait tomber la Yougoslavie (78-75), récente championne du Monde 1971. Un exploit longtemps oublié, mais remis sur le devant de la scène à l'occasion du cinquantenaire de cette victoire improbable notamment grâce à un superbe article de Juan Manuel Trenado pour le journal La Nación. Pourtant, ce n'est pas au basket, sport qu’il a pratiqué jusqu'à ses quinze ans, que Lautaro Martínez s'illustre. Natif de la ville, le jeune garçon jongle entre les deux sports avant de s'orienter principalement vers le football, suivant alors la tradition familiale (son père, Mario José ayant décroché dix titres comme latéral dans quelques clubs locaux). Il garde néanmoins un goût prononcé pour le basket, comme il le raconte dans une interview réalisée pour le programme d'avant-match entre l'Inter et le Real en 2020 : « L'une de mes plus grandes passions est le basket-ball, j'aime le suivre et, enfant, j'y jouais souvent avec mon frère Jano ». Dans une autre interview donnée à El Gráfico, il dit préférer regarder un match de basket à un match de football.

En 1993, il rejoint Liniers, l'un des anciens clubs de son père. Pour ESPN, le capitaine de l'Inter décrit sa relation avec son papa : « Mon père était un professionnel, il était toujours là pour moi quand je lui demandais des conseils, mais il ne mettait jamais rien en avant, il m'expliquait toujours tout avec humilité. Il nous disait que sans respect et sans sacrifice, nous ne pourrions jamais jouer au football. Après les matchs, nous lui demandions toujours des conseils ». Le jeune Lautaro ne traîne pas longtemps à Liniers. À la suite d'une séance d'entraînement avec une sélection U17 de la ville, celui qui est meilleur buteur d’une équipe qui s’incline en finale nationale face à Rosario est repéré par Fabio Radaelli, à l'époque coordinateur des équipes de jeunes et entraîneur de la réserve de Racing. Il se souvient dans le journal local bahianais La Nueva : « J'ai été surpris par trois ou quatre caractéristiques qui, à son âge, sont celles d'un joueur supérieur. Je savais que dans les jours suivants, il passerait un test avec Vélez et River, mais pour moi, après ce jour, il n'était pas nécessaire de voir quoi que ce soit d'autre. Je l'ai acheté directement ». Le flair de Radaelli ne le trompe pas. Pourtant l'adaptation de l'adolescent à son nouvel environnement n'est pas aussi facile que ça. Son frère aîné et sa famille lui manquent. « Je suis arrivé à Racing à l'âge de seize ans et on m'a logé dans une pension. Mais au début, je n'ai pas voulu y rester et je suis retourné à Bahía Blanca. À l'époque, nous dormions à quatre par chambre, on nous apportait à manger et on nous emmenait à l'école. C'est très agréable parce qu'on apprend beaucoup des enfants avec lesquels on vit. Pour moi, c'était agréable, mais aussi difficile. Tout a changé à partir d'un tournoi à Mar del Plata que j'ai disputé avec Racing. Brian Mansilla, un attaquant, s'est blessé : je suis entré et j'ai marqué un but. Ce tournoi m'a permis de changer de carrière ». À partir de ce moment, Lautaro éclate au grand jour et domine le championnat de sa catégorie grâce à ses nombreux buts inscrits (cinquante-trois buts en soixante-quatre matchs) et à ses aptitudes pour le basket notamment sa capacité à lire les actions, à se démarquer dans les zones chaudes et à se positionner en fonction de ses coéquipiers et de ses adversaires. D'ailleurs, un autre joueur de football argentin originaire de Bahía Blanca présentait des similitudes dans le jeu avec Lautaro Martínez, en ayant des qualités différentes : Rodrigo Palacio.  

Un an seulement après son arrivée à Racing, il fait ses grands débuts professionnels en remplaçant Diego Milito. Cependant, quelques mois plus tard, en avril 2016, pour son troisième match en pro contre Argentinos Juniors, il se fait remarquer d'une manière négative en recevant deux cartons jaunes en deux minutes d'intervalle qui lui valent sa première expulsion. La réaction des supporters est immédiate. « Ils m'ont tous écrit sur Internet et j'ai décidé de fermer tous mes comptes sociaux. Les gens sont comme ça, si tu marques trois buts tu es le meilleur, si tu rates trois passes ils se demandent comment tu peux jouer à Racing ». Une expulsion qui aurait pu le couper dans son élan, d'autant que la concurrence en attaque est féroce avec la présence de Diego Milito, Lisandro López, Gustavo Bou et Roger Martínez. Mais le jeune garçon a de la ressource. « Le seul qui pouvait renverser la situation, c'était moi », confie Martínez à El Gráfico. Si son temps de jeu est famélique, il profite d'une occasion pour inscrire son premier but en pro contre Huracán, travaille énormément en attendant son heure notamment avec Facundo Sava, entraîneur intérimaire de Racing qui le prend sous son aile et le fait bosser en plus après l'entraînement. « J'avais beaucoup d'amis à Racing, y compris Mansilla lui-même, qui revenait parfois dans ma chambre, me trouvait en train de pleurer et me donnait des conseils. C'est l'une des personnes qui m'a le plus aidé. Je suis resté en contact avec beaucoup d'entre eux », relate le principal intéressé pour EPSN quand il évoque cette période. L'année 2017 est celle du début de son ascension vers le sommet. Après avoir disputé en janvier le Sudamericano U20 en Équateur qu’il termine co-meilleur buteur avec cinq réalisations, il profite de la grave blessure au genou de Lisandro López en février pour glaner ses galons de titulaire à la pointe de l'attaque de La Academia. Cette fois, il ne se laisse pas distraire et frappe fort. Cinq buts lors de ses sept premiers matches joués de la saison 2016/17. Il mandate son agent afin de lui trouver un nutritionniste personnel. À seulement vingt ans, Lautaro ne veut rien laisser entraver sa progression. Au final, il termine l'exercice avec neuf buts au compteur en vingt-trois apparitions. Racing se hisse à la quatrième place et obtient un ticket pour la phase de groupes de la Libertadores.

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Des rumeurs de départ en Europe commencent à émerger, comme souvent quand un jeune talent d'Amsud brille sur la scène nationale ou continentale. Les deux clubs madrilènes veulent le signer. Malgré une visite médicale avec les Colchoneros, sans la permission du Racing, Lautaro renouvelle son bail avec l'équipe albiceleste. Le jeune buteur sait faire son autocritique quand c'est nécessaire. Très exigeant avec lui-même, il s'emporte quand il ne trouve pas le chemin des filets pendant quatre journées avant de signer deux buts consécutifs. En février 2018, contre Huracán, il claque un triplé et récidive quelques semaines plus tard à l'occasion de son premier match de Copa Libertadores face à Cruzeiro. S'inspirant de plusieurs joueurs dont l'Uruguayen Luis Suárez dont nous avons également fait le portrait sur Lucarne Opposée ou le Colombien Radamel Falcao, l'Argentin détaille pour ESPN : « J'ai surtout regardé Falcao à River pour ses mouvements. Je me vois un peu comme lui dans sa façon d'attaquer le but, mais ce n'est pas un joueur qui vient décrocher quelques mètres en arrière comme je le fais à l'Inter ou comme je le faisais à Racing ». Après ses performances, la rumeur envoie Martínez en Italie grâce à Diego Milito qui appelle Javier Zanetti pour lui recommander le prometteur attaquant. Les spéculations se confirment quand le président du club, Victor Blanco, officialise son transfert vers l'Inter Milan. Au terme d'une saison où il marque à treize reprises en vingt-et-un matchs de championnat et cinq fois sur six rencontres de Libertadores, le joueur de vingt-et-un ans quitte son cocon argentin pour l'Europe et la cité lombarde. 

Un nouveau chapitre  

Quand il débarque à Milan, un autre Argentin occupe la place de numéro 9 et porte le brassard de capitaine : Mauro Icardi. Incontestable titulaire, l'ancien meilleur ami de Maxi López est à l'Inter depuis 2013 et vient de remporter le titre honorifique de capocannoniere (à égalité avec Ciro Immobile) avec vingt-neuf unités. De retour en Champions League après sept ans d'absence, les Nerazzurri ont investi sur le marché des transferts. En plus de Lautaro, le club a recruté de Vrij, Asamoah, Vrsaljko, Nainggolan, João Mário, Politano et Keita Baldé. Après un départ raté, les hommes de Spalletti redressent la barre et réintégrent le trio de tête de Serie A. En août, Martínez signe ses grands débuts sous ses nouvelles couleurs contre Sassuolo. Un peu plus d'un mois plus tard, il ouvre son compteur but face à Cagliari. Au cours de la saison, ses prestations lui permettent d'obtenir plus d'espace dans le onze titulaire. Il profite de la mise à l'écart de Mauro Icardi pour devenir un titulaire à part entière au poste de n°9 puisque le technicien romain est un adepte du 4-2-3-1 alors qu’avant le néo-interiste évoluait principalement sur le flanc gauche de l'attaque. Il rend à son entraîneur la confiance placée en lui notamment lors du Derby della Madonnina remporté par l'Inter grâce à un but sur penalty. Si Spalletti obtient un nouveau ticket en Champions League en finissant à la quatrième position du classement, le nouveau président du club : le Chinois Steven Zhang renvoie le futur sélectionneur de la Nazionale à la fin de la campagne 2018/19. Pour sa première saison italienne, Lautaro possède un bilan assez discret de neuf buts pour trente-cinq apparitions, mais il a bien digéré son transfert en Europe et a gagné ses galons de titulaire aux dépens de son compatriote Icardi, sur le départ pour Paris.  

En remplacement de Spalletti, l'Inter nomme Antonio Conte. Le technicien originaire des Pouilles possède un solide palmarès forgé avec la Juventus où il a gagné le Scudetto à trois reprises (2012, 2013 et 2014) et Chelsea (champion de PL en 2017). Sans titre depuis 2011 et la victoire en Coppa, les dirigeants voient en Conte le candidat idéal pour redorer le blason du Biscione. Dans ses bagages, Conte ramène d'Angleterre le Belge Romelu Lukaku pour former un duo d'attaque avec Lautaro. L'ex-Mancunien a pour fonction de fixer les défenses grâce à son physique imposant et le petit Argentin doit tourner autour pour animer le secteur offensif du 3-5-2 instauré par l'ancien juventino. Les deux joueurs trouvent rapidement l'alchimie et créent une belle entente sur le terrain. Leader du championnat à douze reprises, l'Inter est à la lutte pour le titre de champion mais doit céder la couronne à la Juve pour un petit point après le break imposé par la pandémie du COVID-19. En Europe, comme la saison précédente, le club lombard est reversé en Europa League. Le calendrier est chamboulé et voit l'équipe italienne atteindre la finale après avoir battu Getafe, Leverkusen et le Shakhtar Donetsk lors de confrontation directe à match unique. Face au spécialiste de la compétition, le Séville FC, quintuple vainqueur de l'épreuve avant le coup d'envoi, les coéquipiers de Martínez s'inclinent 3-2 et perdent l'occasion de devenir l'équipe italienne la plus titrée en Europa League. Repositionné dans l'axe de l'attaque, cette deuxième saison en Italie est plus aboutie pour l'ancien joueur de Racing qui améliore ses stats (vingt-et-un buts en quarante-neuf matchs) et prend de l'épaisseur dans le jeu.

Après sa deuxième place en Serie A et la finale européenne, Conte est confirmé dans ses fonctions. Toujours avec le 3-5-2, son Inter est rapidement dans le bon wagon sur la scène domestique notamment après la série de huit victoires consécutives. Lautaro en profite pour inscrire son premier triplé italien contre Crotone. Cependant, le buteur argentin traverse une petite traversée du désert sans inscrire le moindre but (six matchs) ce qui nuit à sa régularité et devient un problème récurrent. Mais si les résultats nationaux sont bons, en Europe c'est la bérézina. Eliminés dès la phase de groupes de la Champions League, les Nerazzurri disent adieu à la scène continentale dès le début du mois de décembre. Cette élimination est certainement le socle du Scudetto à venir. À partir de février et la défaite en demi-finale de la Coppa contre la Juventus, l'Inter peut se focaliser uniquement sur le championnat. Le duo infernal formé avec Lukaku, l'un des plus prolifiques d'Europe, place leur club en tête du classement à compter de la vingt-deuxième journée. La large victoire contre le Milan (3-0) avec un doublé de l'Argentin est le tournant de la saison 2020/21. Sacrée championne à quatre journées de la fin, l'Inter remporte son dix-neuvième titre et se rapproche un peu plus de la deuxième étoile. Avec un but face à l'Udinese pour sa centième présence en nerazzurro, Lautaro ponctue un exercice 2020/21 avec dix-sept buts au compteur et surtout son premier trophée en carrière. Une année bien remplie pour l'Argentin qui est devenu papa pour la première fois en février 2021 d'une petite Nina avec sa compagne Agustina Gandolfo.  

Au cœur de Milan 

En dépit du succès en championnat, Antonio Conte et l'Inter se séparent. La raison ? La réduction de l'effectif imposée par les dirigeants et non acceptée par l'entraîneur italien. Lors du mercato estival, deux joueurs à forte valeur marchande (Hakimi au PSG et Lukaku à Chelsea) sont vendus pour un montant avoisinant les deux cent millions d'euro. Pour remplacer Conte, Simone Inzaghi est nommé après son bon travail sur le banc laziale. La transition entre les deux entraîneurs est réussie puisque l'Inter est rapidement dans la course à sa propre succession. Comme la saison précédente, la campagne européenne est une déception et même si cette fois les transalpins accrochent la deuxième place, l'aventure s'arrête dès les huitièmes de finale contre Liverpool malgré un but de Lautaro à Anfield (0-2 / 0-1). Aux coudes à coudes avec le rival historique et voisin du Milan pour le titre, les hommes d'Inzaghino (en VF le petit Inzaghi surnommé ainsi quand il jouait attaquant car c'est le frère cadet de Pippo Inzaghi) doivent abdiquer et laisser leur couronne aux joueurs de Pioli qui remportent à leur tour leur dix-neuvième titre national. En guise de consolation, l'Inter se venge en remportant la Supercoppa (2-1 ap) et la Coppa à chaque fois contre leur autre meilleur ennemi : la Juve (4-2 ap). Avec le départ de Lukaku à l'intersaison estivale, Lautaro s'est mué en leader de l'équipe et a formé un nouveau duo complémentaire avec le Bosnien Edin Džeko. Cette mutation est le fruit d'un travail quotidien pour se perfectionner et devenir meilleur. D'ailleurs, pour ESPN, il confesse : « Si je ne connais pas les défenseurs, je regarde beaucoup de vidéos sur leur façon de jouer. Mais, fondamentalement, j'essaie de m'améliorer : je regarde beaucoup de vidéos sur moi ».

Cette évolution débouche naturellement sur l'attribution du brassard de capitaine avec la mise en retrait du poste de titulaire de Samir Handanovič au profit d'André Onana à partir du mois d'octobre 2022. Un an après son départ, le buteur belge Romelu Lukaku revient à Milan en prêt mais cette fois, c'est Lautaro la star du secteur offensif. Lukaku doit désormais alterner et partager son temps de jeu avec Džeko. Désormais bien installé dans l'équipe et la cité lombarde, Martínez est incontournable. Il a construit sa vie privée à Milan avec un socle d'amis argentins qu'il a fait venir en Italie. L'ouverture de son restaurant Coraje dans l'élégant quartier du centre historique de Brera illustre bien cela. D'ailleurs, il vit dans le quartier moderne de City Life situé dans le nord-ouest de la ville, non loin de San Siro, quand la majorité des joueurs des deux clubs de Milan choisit de vivre à la campagne pour être plus près des centres d'entraînement respectivement basés à Appiano Gentile pour l'Inter (cinquante minutes de route depuis Milan) et à Carnago (une heure de route) pour Milan. À l'inverse des autres saisons, les Lombards sont rapidement décrochés pour le Scudetto. Personne ne peut lutter avec le Napoli survolté de Luciano Spalletti qui est sacré dès la trente-troisième journée. Mais contrairement aux campagnes continentales précédentes, les Nerazzurri parviennent à s'extraire du groupe C pourtant composé du Bayern Munich et de Barcelone. Avant d'entamer la phase à élimination directe, l'Inter s'offre une nouvelle Supercoppa contre Milan sur le score sans appel de 3-0 avec une réalisation signée Lautaro. Opposé à Porto pour les huitièmes de finale, les Italiens passent l'obstacle portugais à l'italienne (1-0 / 0-0). En quarts, ce sont encore des Lusitaniens au programme. Mais comme leurs rivaux, Benfica doit s'incliner après avoir concédé la défaite à l'aller sur son terrain (2-0 / 3-3). Le sort est parfois taquin puisque l'adversaire en demi-finale n'est autre que le Milan. Dans un duel fratricide, les Nerazzurri prennent une bonne option dès le match aller avant de plier le game au retour sur un but de Martínez (2-0 / 1-0). Avant de se concentrer sur la finale européenne, les Milanais s'adjugent une autre Coppa face à la Fiorentina avec un doublé de Lautaro à la clé. Pour le titre de Champions League, le dernier adversaire n'est autre que l'ogre Cityzen de Pep Guardiola et du cyborg Haaland qui a battu lors de sa première année le record de buts en une saison de Premier League appartenant à Andy Cole et Alan Shearer. Logiquement favori, Manchester City remporte le match sur la plus petite des marges quand bon nombre de spécialistes prédisent une large victoire des Skyblues. L'Inter a opposé une belle résistance en gênant tactiquement les Anglais et a renoué avec son histoire européenne après plusieurs années plus contrastées.

Depuis le début de la saison 2023/24, Lautaro est un capitaine épanoui. À nouveau orphelin de Lukaku, parti de l'Inter pour la Roma non sans avoir créé une nouvelle polémique puisque le Belge a négocié son arrivée à la Juve avant de choisir la capitale italienne après une ultime volte-face, Lautaro a désormais pour partenaire d'attaque le Français Marcus Thuram. Leur association fonctionne à merveille, le fils du champion du Monde 98 s'avère être un mix hybride de Lukaku et de Džeko. Souvent décrié pour son manque de régularité notamment en Champions League, compétition dans laquelle il n'a inscrit que cinq buts en vingt-sept rencontres, Martínez rectifie le tir avec des stats honorables en Europe et surtout une efficacité létale en Italie avec déjà dix-huit buts en autant de matchs en Serie A. L'Argentin devance Dušan Vlahović et l'inoxydable Giroud. Lautaro semble surtout avoir pris une autre dimension et avoir atteint une certaine maturité dans le jeu. Peut-être que le titre de champion du Monde 2022 n'y est pas étranger ? Sa technique fine, son physique compact, son sens du dribble, son timing malgré sa relative petite taille, sa capacité de jouer dos au but et de décrocher pour participer au jeu, son sens de l'effort quand il fait le pressing sur la défense adverse, en font l'un des attaquants les plus complets sur la scène européenne. Lors du dernier Derby milanais, s'il n'a pas marqué, il a livré une prestation XXL en étant un élément majeur du onze d'Inzaghi. Qualifiée pour les huitièmes de finale de Champions League (l’Inter affrontera l'Atlético de Madrid d'un ancien interista : Diego Simeone), l'Inter n'a lâché la tête de la Serie A qu'à la faveur de la victoire en Supercoppa contre le Napoli*.  Un troisième succès consécutif dans cette compétition offert dans les ultimes minutes du temps additionnel par Lautaro Martínez. À cette occasion, l’Argentin a soulevé son premier trophée en tant que capitaine.

Le bilan de la saison nerazzurra sera étroitement lié à la réussite de son buteur argentin, qui n'a jamais aussi bien débuté en carrière. Car hormis Thuram les solutions offensives de remplacement - Arnautović et Alexis Sánchez - ne sont pas satisfaisantes. Cinq ans après son arrivée à Milan, Lautaro Martínez s'est parfaitement intégré à sa nouvelle vie en Italie et représente beaucoup pour tous les tifosi interisti. Sollicité depuis longtemps par Barcelone, l'Inter veut le prolonger jusqu'en 2028. S'il accepte et reste encore de nombreuses années en Lombardie, Lautaro a tout pour devenir une bandiera à l'instar d'un autre Argentin arrivé au club en 1995 et toujours dans l'organigramme : un certain Javier Zanetti. 

 

 

Photo une : MARCO BERTORELLO/AFP via Getty Images

* En raison de la Supercoppa, la Juventus devance l'Inter d'un point au classement mais a un match en plus au compteur, l'Inter devra l'emporter à domicile contre l'Atalanta fin février pour reprendre leur place de leader.

Nicolas Wagner
Nicolas Wagner
Rédacteur Europe pour Lucarne Opposée