La trente-deuxième édition de la J.League débute ce vendredi et promet quelques belles luttes acharnées à tous les niveaux. On déroule le guide de la saison.

Alors que des joueurs japonais affluent chaque année de plus en plus en Europe, de l’autre côté de la Terre, le championnat de J1 League stagne. Il ne progresse plus depuis plusieurs années. Le vainqueur de la saison 2023, le Vissel Kobe, en est un bon exemple. Loin d’être magnifique à voir jouer, il a cependant réussi à prendre des points décisifs dans une course au titre presque ridicule où tous les prétendants en perdaient bêtement chaque semaine, comme si personne ne voulait décrocher ce Saint-Graal.

À l’image de toute l’Asie de l’Est, le football japonais subit de plus en plus de difficultés financières, d’autant que certains clubs sont très mal gérés, notamment au niveau de la masse salariale. Cette situation couplée au fait que beaucoup de joueurs nippons ont pour objectif de jouer en Europe, une fuite de talents s’opère de plus en plus et la formation japonaise n’est pas encore prête à la compenser. Malgré tout, si le niveau de jeu est un peu moins haut qu’avant, la J1 League reste un championnat compétitif, très homogène, offrant régulièrement des surprises. Il est donc toujours délicat à pronostiquer. Voici donc le guide de la J1 League 2024, qui risque de nous offrir une folle course au titre.

Où en est le Vissel Kobe ?

Champion surprise de la saison 2023, le Vissel Kobe a enfin remporté sa première J.League. Un poids en moins sur les épaules des joueurs qui sont censés se battre pour le titre depuis 2018. La concrétisation d’un projet initié par Hiroshi Mikitani depuis le début des années 2000. Mais le club de la préfecture du Hyōgo ne compte pas en rester là. Kobe compte bien devenir le sixième club de l’histoire de la J.League à remporter deux titres consécutifs.

Sur le papier, l’équipe s’est d’ailleurs très bien renforcée. Certains postes manquant de profondeur de banc ont été comblés, notamment sur le front offensif, où Yuya Osako était le seul buteur au niveau. Il disposera cette saison d’une vraie doublure avec la présence de Taisei Miyashiro, arrivant de Kawasaki. D’autres bons coups sont à noter, comme le latéral Rikuto Hirose (Kashima Antlers), le défenseur formé au club Takuya Iwanami (Urawa Red Diamonds), ou encore les deux milieux Yosuke Ideguchi (Avispa Fukuoka) et Yuya Kuwasaki (V-Varen Nagasaki). N’enregistrant aucun départ majeur à part celui de Leo Osaki, qui était un cadre du vestiaire, le club emmené par Takayuki Yoshida est un des plus gros favoris. Cependant, le Vissel Kobe a une capacité presque paranormale à ne jamais se trouver là où on l’attend. En 2022, le club devait jouer le podium, mais a finalement lutté toute la saison pour le maintien. En 2023, personne n’attendait Kobe, qui a donc fini par être champion. À voir comment sera géré ce statut de favori et de club à abattre en 2024.

Kawasaki Frontale doit se faire pardonner

Si la course au titre en 2023 a été intense et disputée, elle aurait pu l’être encore plus si un club n’était pas totalement passé au travers de sa saison : Kawasaki Frontale. Club de tous les records en 2020 et 2021, la génération phénoménale de Frontale a vieilli, mais n’a pas été remplacée comme il se devait lors de la saison 2023. Le club n’a aussi pas été épargné par les blessures sur la ligne défensive, terminant ainsi à la huitième position. Il paraît déjà loin le Kawasaki d’Oniki, qui ultra-dominait tous ses matchs, avec des latéraux en position d’ailier. Le technicien japonais est cependant toujours là malgré les critiques et le club du Kanto s’est fortement renforcé, notamment sur le front offensif, avec les arrivées de Patrick Verhon, milieu offensif de dix-neuf ans arrivant de Bahia, et du buteur Erison, en provenance de Botafogo. Avec Bafetimbi Gomis, toujours là à trente-huit ans, l’inusable Akihiro Ienaga, toujours aussi décisif à trente-sept ans, et le Brésilien explosif Marcinho, l’attaque de Frontale sera crainte par toutes les équipes. Il faudra cependant surveiller la défense. Elle a certes été renforcée par les arrivées du latéral Sai Van Wermeskerken (Nijmegen) et du défenseur Yuichi Maruyama (Nagoya Grampus), mais elle reste peut-être un peu limitée, surtout si Jesiel rechute. Sur le papier, Frontale semble un peu juste pour aller glaner le titre, mais 2023 nous a montré que tout est possible. D’ailleurs, sept jours avant la reprise du championnat, Kawasaki a battu Kobe lors de la Supercoupe.

La revanche de Yokohama ?

Vainqueurs en 2022 et favoris en 2023, les Marinos ont cependant fait face à leur principal ennemi : le manque de régularité. Couplé à des choix tactiques douteux de celui qui était surnommé le « Nouveau Postecoglou », Yokohama sera cette saison très revanchard. Le club de la préfecture de Kanagawa a cependant perdu trois joueurs importants : Marcos Junior, parti à Hiroshima, Ryotaro Tsunoda, qui a fait ses valises pour Cardiff, et Takuma Nishimura, international japonais qui a opté pour la Suisse, et le Servette. Leur remplacement peut laisser sceptique. Le club a enregistré les arrivées de trois trentenaires, avec Nam Tae-hee, Coréen ayant fait presque toute sa carrière au Qatar, Jun Amano, qui débarque de Jeonbuk en Corée, et Kazuya Yamamura, défenseur qui arrive de...Kawasaki. Comme quoi la rivalité au Japon n’existe que sur Twitter. Parmi les autres recrues, on peut citer Ren Kato, peut-être le meilleur latéral de J2 League en 2023, et Manato Yoshida, un international U23 arrivant du parcours universitaire. Même si la base de l’effectif est de qualité, le club est de plus en plus vieillissant. Certains postes manquent beaucoup de qualité, notamment celui de gardien, puisque c’est William Popp, qui jouait à 2023 à Machida en seconde division, qui devrait être titulaire. Il faudra au final surtout scruter le niveau d’Anderson Lopes, qui sera absolument essentiel si Yokohama veut croire au titre.

Les autres prétendants

Outre les trois clubs déjà cités, trois autres pourraient pourquoi pas remporter la J1 League 2024. Le plus à même d’y parvenir est Urawa. Poussé par le public le plus chaud du pays, le club de Saitama peine cependant à participer aux courses au titre et chaque saison est rapidement distancé. Les Reds n’ont pas remporté le championnat depuis 2006 et peuvent cette saison plus que jamais en rêver. Le nouveau coach Per-Mathias Høgmo a vu arriver de nombreux nouveaux joueurs cet hiver, à tous les postes. Parmi eux, d’excellents coups, à l’image de Samuel Gustafson, international suédois. La filière nordique du club a aussi fonctionné pour aller chercher l’ailier Ola Solbakken, prêté par la Roma. Urawa a aussi su piocher dans le championnat, en allant chercher des valeurs sûres comme Rikito Inoue (Kyoto Sanga), Thiago Santana (Shimizu S-Pulse), Naoki Maeda (Nagoya Grampus), Ryoma Watanabe (FC Tokyo) ou encore Hirokazu Ishihara (Shonan Bellmare). Cet effectif ultra complet est sur le papier largement taillé pour aller gagner un championnat. Cependant, comme à chaque fois, le facteur psychologique sera à surveiller pour les Reds.

Un autre grand nom du Kanto va espérer le titre, comme chaque saison depuis trente ans : Kashima Antlers. L’équipe de la préfecture d’Ibaraki n’a plus gagné de J1 depuis 2016, mais reste chaque année redoutable et redoutée. Elle pourra compter sur un nouveau coach, qui connaît le championnat japonais : Ranko Popović. Le technicien serbe ne fait certes pas l’unanimité, mais semble avoir les épaules plus solides pour ce poste que Daiki Iwamasa. À part Diego Pituca, les Antlers n’ont perdu aucun joueur majeur. Il y a donc eu peu d’arrivées. Une d’entre elle est tout de même très intéressante : Aleksandar Cavrić, prêté par le Slovan Bratislava. Son adaptation devra être express, car Yuma Suzuki revient tout juste de blessure, et ne sera pas à 100% en début de saison. Or, l’an passé, c’est le manque d’efficacité offensive qui a rapidement enterré les espoirs de titre pour Kashima. 2024 sera aussi potentiellement l’année de la confirmation pour Kaishu Sano, Yuta Matsumura et Ikuma Sekigawa. Les Antlers devront en tout cas accrocher le wagon de tête dès le début, et ne surtout pas se faire rapidement distancer.

Même s’il est moins favori, le Sanfrecce Hiroshima reste un club capable de coups d’éclat. Tout comme Kashima, il n’y a pas réellement eu de départ majeur cet hiver. En revanche, quelques recrues intéressantes sont venues apporter de la profondeur, notamment offensivement. Marcos Junior (Yokohama F.Marinos), Yuki Ohashi (Shonan Bellmare) et Mutsuki Kato (Cerezo Osaka) sont trois joueurs avec une certaine expérience du championnat. Si Makoto Mitsuta retrouve son niveau de 2022, alors le Sanfrecce pourra poser beaucoup de soucis. D’autant que Michael Skibbe entame sa troisième saison sur le banc du club du Chugoku.

Les outsiders

Même si certains clubs semblent limités pour espérer accrocher le titre ou le top trois, il ne serait en revanche pas très étonnant de les voir lutter pour la cinquième place. Le meilleur exemple est Nagoya Grampus. Bien que son nouveau logo soit immonde, l’équipe de la préfecture d’Aichi a affiché ces dernières années une belle régularité dans le top 8. L’équipe emmenée par le pragmatique Kenta Hasegawa et son jeu loin du football champagne, a cependant, et c’est rare, vécu un hiver mouvementé sur le plan du mercato. Le trio défensif qui faisait la force de l’équipe n’existe plus : Haruya Fujii est parti à Kortrijk en Belgique, Yuichi Maruyama à Kawasaki Frontale et Shinnosuke Nakatani au Gamba Osaka. Il a donc fallu totalement reconstruire cette ligne. Ils ont été remplacés par Shion Inoue, qui arrive de Kofu en J2 League, Kennedy Mikuni, de l’Avispa Fukuoka, et Ha Chang-rae, défenseur coréen de Pohang. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur le papier, c’est beaucoup moins rassurant. Nagoya signe ces dernières années beaucoup de joueurs en provenance de J2 League. Cela a donc aussi été le cas avec le recrutement de Katsuhiro Nakayama (Shimizu S-Pulse) et Masahito Ono (Montedio Yamagata), qui comblent le départ de Ryoya Morishita en Pologne. Nagoya donne globalement l’impression de s’être affaiblit, à l’exception peut-être du front offensif, puisque Kasper Junker signe définitivement et que Grampus enregistre l’arrivée de Yuya Yamagichi, une valeur sûre du championnat.

Après avoir montré de belles choses en 2023, le Kyoto Sanga, club soutenu par Nintendo, peut afficher de vraies ambitions. Fort d’une jeunesse qui ne part pas, à l’image de l’excellent Sota Kawasaki et de son acolyte au milieu Shimpei Fukuoka. Peu de départs majeurs ont été enregistrés, à l’exception du défenseur Rikito Inoue et du latéral Kosuke Shirai. Ils ont respectivement été remplacés par Yoshinori Suzuki (Shimizu S-Pulse) et Toichi Suzuki (Lausanne-Sport). Avec un Taichi Hara en grande forme et l’éclosion de talents comme Rikuto Iida, Sora Hiraga ou Yuto Anzai, on pourrait voir le magnifique Kyoto Sanga du coréen Jo Gwi-jae se battre pour un top 7, même si cela reste compliqué.

Très à l’aise financièrement et excellant dans la formation et la post-formation de talents, le FC Tokyo est cependant très décevant ces dernières saisons, et végète dans le ventre mou. L’effectif 2024 est en théorie de nouveau très qualitatif. Il est porté par des jeunes joueurs comme Taishi Nozawa, Kuryu Matsuki ou Kashif Bangnagande. Le second est d’ailleurs parmi les capitaines de Tokyo pour la saison 2024, preuve de cette confiance envers les jeunes. L’effectif est complété par un recrutement de joueurs ayant fait une belle saison 2023, comme Takahiro Ko (Albirex Niigata), Kosuke Shirai (Kyoto Sanga) et Tsuyoshi Ogashiwa (Consadole Sapporo). D’autres jeunes qui viennent d’arriver seront à suivre, dont Soma Anzai, Teppei Oka et Ryunosuke Sato. Quelques doutes sont néanmoins présents sur la capacité de Peter Cklamovski à faire hausser le niveau de jeu de cette équipe. Néanmoins, et comme chaque année depuis dix ans, le club de la capitale fera partie des outsiders.

Qu’attendre des deux clubs d’Osaka ?

Cador des années 2000, le Gamba Osaka joue le maintien depuis trois saisons, chutant à chaque fois un peu plus dans les tréfonds du classement. La faute à des mercatos ratés et à une ambiance austère autour du club de la banlieue Nord d’Osaka. Pourtant, cet hiver, comme l’hiver passé, le mercato est intéressant. La plupart des joueurs importants sont restés, à l’exception de Yuki Yamamoto. Et les recrues sont pertinentes, surtout au milieu de terrain avec les arrivées de Tokuma Suzuki, en provenance du Cerezo Osaka et de Kota Yamada du Kashiwa Reysol. Le front offensif semble peut-être encore limité, malgré l’arrivée du brésilien Welton, mais le Gamba doit être capable d’au moins jouer le top 8.

Son voisin, le Cerezo Osaka, est dans une situation différente. Bien installé en milieu de tableau ces dernières années, il a cependant du mal à viser plus haut. Son mercato hivernal a d’ailleurs été particulièrement calme, à l’exception des arrivées en défense de Shunta Tanaka du Consadole Sapporo et de Kyohei Noborizato de Kawasaki. Il faudra peut-être expliquer aux dirigeants que les problèmes sont offensifs et que l’attaque a uniquement été renforcée par le brésilien Vitor Bueno. Le Cerezo d’Akio Kogiku semble bien parti pour végéter de nouveau entre la huitième et la onzième place.

Un ventre mou loin d’être ennuyeux

Bien que le ventre mou rime souvent avec ennui, ce ne sera pas forcément le cas en J.League cette saison, puisqu’on devrait y voir des équipes au jeu attractif. La plus célèbre dans ce cas-là est le Consadole Sapporo. Troisième meilleure attaque et pire défense en 2023, les hommes du désormais légendaire Micha Petrović vont cependant arriver avec une équipe très diminuée. Des joueurs importants comme Shunta Tanaka, Tsuyoshi Ogashiwa et Lucas Fernandes sont partis, tout comme Akito Fukumori, qui était un véritable pilier en 2021 et 2022. Pour les remplacer, le mercato s’est fait sans budget et paraît plutôt faible. Musashi Suzuki, ancien international japonais, est prêté par le Gamba Osaka. Sur les ailes, deux joueurs du relégué Yokohama FC arrivent : le fiable Tatsuya Hasegawa et l’explosif Tomoki Kondo, meilleur passeur du club de Kanagawa en 2023. Shun Takagi, ancien gardien d’Oita, arrive pour apporter une alternative à Sugeno, trente-neuf ans. Enfin, en défense centrale, la révélation de la J2 Rei Ieizumi arrive d’Iwaki. Ce sera compliqué pour Sapporo d’espérer le top 10, surtout qu’il y a des chances que l’attaque soit beaucoup moins prolifique. Attention à ne pas faire la saison de trop avec Micha.

Sautons du coq à l’âne. Finit le jeu offensif, place désormais au cholismo japonais avec l’Avispa Fukuoka de Shigetoshi Hasebe. En J1 depuis trois ans, le club de Kyūshū a terminé deux fois dans le top 8 avec pourtant un des plus petits budgets. Grâce à un recrutement très malin, et au formidable travail d’Hasebe, c’est un véritable enfer pour tout le monde d’affronter Fukuoka. Au cours de la saison 2023, l’Avispa a même su se réinventer, proposant davantage de jeu, devenant presque une équipe regardable. L’effectif n’a pas trop changé cet hiver, malgré la perte de Yuya Yamagishi, indispensable en attaque. Il a été remplacé par le suisse Nassim Ben Khalifa, du Sanfrecce Hiroshima. Quelques bons coups ont été faits, avec Masaya Tashiro et Yuto Iwasaki, qui arrivent tout deux du voisin le Sagan Tosu. Le partenariat avec l’excellente université de Fukuoka sera aussi une arme pour l’Avispa, qui pourra compter comme deuxième gardien Kazuaki Suganuma, international U23 japonais. Même si jouer le top 10 semble délicat sans Yamagishi, le club de Kyūshū devrait assurer son maintien sans trop de problèmes.

Assurant toujours sans souci son maintien depuis dix ans, malgré des finances exsangues et de lourdes dettes, le Sagan Tosu devrait encore finir en milieu de tableau. Rampe de lancement pour de nombreux joueurs, qui ne restent que deux ou trois saisons, l’effectif varie beaucoup chaque année. Or, cet hiver, et c’est rare, la plupart des meilleurs joueurs de 2023 sont restés, notamment Yoichi Naganuma, So Kawahara, Yuki Horigome ou encore la muraille Park Il-gyu. Le Sagan a cependant perdu les deux tauliers de sa défense qui ont été très intelligemment remplacés par les arrivées de Katsunori Ueebisu en provenance d’Oita Trinita en J2 et de Kim Tae-hyeon, international U23 sud-coréen qui arrive d’Ulsan. Le problème de Tosu restera cependant l’attaque, qui n’a pas vraiment été renforcée, avec même certaines arrivées totalement ubuesques. C’est notamment le cas de Vinicius Araujo, un Brésilien de trente-et-un ans qui n’a marqué aucun but en 2023, alors qu’il a disputé vingt-cinq matchs au Qatar, puis en troisième division japonaise. L’autre club de Kyūshū sera malgré tout une équipe à suivre, notamment pour l’intelligence tactique de son coach, Kenta Kawai.

Un promu passionnant

Pour sa première accession à la J1 League, le Machida Zelvia affiche beaucoup d’ambitions. Promu après avoir roulé sur la J2 2023, le club de la banlieue de Tokyo a totalement remodelé son effectif. Avec le départ de William Popp, Kosei Tani devrait tenir les buts. L’ancien gardien ultra prometteur est parti en seconde division belge, où il a disparu des radars. De retour au Japon, il sera en concurrence avec Louis Thébault-Yamaguchi, franco-japonais passé par Lorient dans sa jeunesse et qui arrive de Mito HollyHock en J2. En défense, Machida a ensuite pioché dans les bons coups, avec surtout l’arrivée de l’ancien toulousain Gen Shoji, qui évoluait à Kashima Antlers, et celle d’Ibrahim Dresević, joueur du Kosovo qui arrive de Karagümrük. Keiya Sento de Kashiwa Reysol et Shunta Araki du Sagan Tosu garniront un milieu qui fait la force de Zelvia et qui n’a pas trop bougé. Offensivement, l’éternel espoir coréen Oh Se-hun sera en concurrence avec l’éternel espoir japonais Shota Fujio, et le grand (par sa taille) Mitchell Duke. Sur les ailes, les recrues Na Sang-ho du FC Seoul et Byron Vasquez de Tokyo Verdy offriront beaucoup d’explosivité. Il est dur de ne pas être au moins intéressé par l’équipe que construit Machida. Néanmoins, il y a beaucoup de paris et l’attaque paraît un peu limitée, surtout avec la blessure du brésilien Erik. Il faudra faire attention à ne pas trop s’emballer.

Une course au maintien imprévisible

Dans cette lutte pour le maintien, cinq équipes paraissent en dessous des autres. L’Albirex Niigata semble malgré tout la mieux armée. Après un début de saison 2023 tonitruant, puis un passage à vide, l’Albirex est allé chercher son maintien assez sereinement, terminant même à la dixième place. Mais cet hiver, certains piliers sont partis. C’est surtout le cas de Takahiro Ko et Taiki Watanabe. Cependant, les moyens de l’Albirex sont limités. Ils ont été remplacés respectivement par Eiji Miyamoto, révélation d’Iwaki en J2, et par Riita Mori, arrivant de la Waseda University. Le club du Hokushinetsu a fait deux bons coups en allant chercher Motoku Hasegawa au Ventforet Kofu et Yuji Ono expérimenté attaquant du Sagan Tosu. L’effectif semble ainsi plutôt taillé pour se maintenir, mais attention au manque d’efficacité offensive, qui pourra être fatal.

Cependant, en matière d’inefficacité inoffensive, le Shonan Bellmare est imbattable. En J1 depuis six ans, le club de la ville de Hiratsuka s’est chaque fois sauvé miraculeusement. En proie à de gros problèmes financiers, il a du se serrer encore un peu plus la ceinture lors de cette trêve hivernale. Les deux meilleurs joueurs de champ, Hirokazu Ishihara et Yuki Ohashi sont partis. Bellmare a fait quelques coups intéressants, avec les arrivées de Lukian de l’Avispa Fukuoka, de Yuto Suzuki du Jubilo Iwata, ou encore de Kohei Okuno du Gamba Osaka. Cela semble quand même maigre. Pourtant, rien n’est impossible pour Shonan, qui compte dans ses rangs un dernier atout de taille : son gardien international sud-coréen Song Bum-keun.

Plusieurs clubs de cette course au maintien ont des problèmes financiers. Et c’est aussi le cas de Kashiwa Reysol. En chute ces dernières années, le mercato de Kashiwa a cet hiver été encore très calme. Quelques joueurs importants sont partis : Kota Yamada, Keiya Shiihashi ou Keiya Sento. L’équipe de Masami Ihara pourra compter sur l’arrivée de quelques joueurs ayant fait une bonne saison de J2 en 2023, comme Eiji Shirai de Tokushima Vortis, Takuya Shimamura du Roasso Kumamoto, et Hiroki Noda du Montedio Yamagata. Le retour du milieu Yuto Yamada, prêté à Tochigi SC en J2 où il a cartonné, fera du bien. Mais dans une saison à trois descentes, dur d’être optimiste pour Reysol.

Dans le rouge absolu et proche du dépôt de bilan en 2023, le Jubilo Iwata a pourtant réussi à aller chercher une montée absolument salvatrice pour ses finances et le club du Tokai a bien redressé la barre. Avec des liquidités très encadrées, il fallait réussir à compenser les départs de joueurs importants tels que Yuto Suzuki, Fabián González et Kotaro Omori. Et c’est plutôt réussi, avec des pioches intelligentes et jeunes comme Shunsuke Nishikubo de JEF United, Keita Takahata de Oita Trinita, Rei Hirakawa du Roasso Kumamoto, ou encore Hiroto Uemura de la Waseda University. Mélangés à des jeunes formés au club et à une colonie de Brésiliens, le Jubilo pourrait créer l’exploit de se maintenir avec pourtant un budget bien plus court que les autres équipes.

Enfin, c’est par surprise, abnégation et un peu par miracle que le Tokyo Verdy a réussi à remonter en J1, championnat que les Tokyoïtes avaient quitté en 2008, avant de longtemps végéter en seconde division. Pour ne pas changer, c’est un club en proie à des difficultés financières qui a beaucoup vécu plus haut que ses moyens ces dernières saisons. C’est aussi l’effectif le plus jeune de J1, puisque seuls trois joueurs atteignent les trente ans. À cause de son faible budget, le premier vainqueur de l’histoire de la J1 League a perdu quelques joueurs majeurs, comme Ren Kato, Byron Vasquez et Ryota Kajikawa. Il aura en revanche vu beaucoup d’arrivées, notamment de joueurs en prêts. Kyoto Sanga a ainsi prêté Yudai Kimura et Fuki Yamada, deux attaquants qui ont connu des sélections avec le Japon U23, Kashima Antlers a cédé le défenseur Naoki Hayashi et l’attaquant Itsuki Someno. Enfin, Verdy va aussi pouvoir compter sur son centre de formation et ses partenariats avec des universités. Ils devraient lancer en 2024 beaucoup de futurs talents du championnat : Joi Yamamoto, Gakuto Kawamura, Soma Meshino, Yuta Arai, et Manato Furukawa. Cela sera néanmoins compliqué de se maintenir avec un effectif si inexpérimenté et il est dur d’imaginer ce club historique ne pas finir dernier, ou avant-dernier.

Killian Besson
Killian Besson
Défenseur et amoureux du foot asiatique (et océanien)