Week-end de finales en Guinée Equatoriale avec d’un côté une place à prendre sur le podium, de l’autre, un remake d’une ancienne finale entrée dans la légende pour sa conclusion.

Deux finales à zéros, deux victoires aux pénos

Après la farce de la fin de sa demi-finale, la Guinée Equatoriale pouvait décrocher le podium si elle parvenait à prendre le dessus sur laRDC qui voulait offrir à son gardien Robert Kidiaba une dernière en apothéose. Si le légendaire portier congolais a brillé pour sa dernière et offert la troisième place à ses Léopards au cours de la séance de tirs au but, l’apothéose n’aura pas été sur le terrain. Devant un stade quasi-vide, Nzalang et Léopards n’ont quasiment rien proposé si ce n’est une belle opportunité pour Nsue d’entrée de match et quelques situations congolaises en seconde période bien sorties par un excellent Ovono. Après 90 minutes d’ennui, les deux formations allaient être départagées aux tirs au but au cours de laquelle le gardien congolais voyait Balboa dévisser avant de sortir le tir de Bosio. La RDC s’impose 4-2 et décroche une place méritée sur le podium.

L’heure de la grande finale avait donc sonnée entre deux expérimentés : Côte d’Ivoire et Ghana soit des Eléphants qui disputaient leur troisième finale en six éditions et des Black Stars, assurés de terminer dans le top 4 pour la cinquième fois consécutivement. Côte d’Ivoire – Ghana, remake de l’édition 1992 et son interminable séance de tirs au but, duel entre deux finalistes qui n’avaient pas marqué en finale lors de leurs deux dernières apparitions à ce stade. 0-0 assuré ? Une frappe de Gradel au quart d’heure, deux poteaux ghanéens en première période, seuls moment véritablement marquants d’une finale fermée dont le dénouement aux tirs au but paraissait inévitable. Et comme en 1992, la séance de tirs au but restera mythique et se trouvera un héros inattendu (classique du genre). « Je ne suis pas grand par le talent, ni par la taille mais j’ai envie de progresser, j’ai travaillé pour l’équipe » déclarera Copa Barry en fin de rencontre. Lui, le gardien remplaçant souvent critiqué et présenté comme le maillon faible, titulaire de dernière minute après la blessure de Gbohouo la veille fera, entrer cette formidable séance de tirs au but dans la légende. A 8-8, il ne reste plus que les gardiens pour se départager. Barry stoppe le tir de Razak. En larmes, perclus de crampes, il s’élance alors et place sa balle hors de portée du gardien ghanéen. 9-8, la Côte d’Ivoire décroche sa 2ème CAN de l’histoire, de la même manière et face au même adversaire que lors de la première fois et permet à son coach Hervé Renard de devenir le premier sélectionneur à remporter deux CAN avec deux sélections différentes.

 

Bilan mitigé mais belles promesses

Les mauvais esprits ne retiendront que les évènements des quarts et de la demie, les autres ne les oublieront pas mais préfèreront en rester au foot. C’est notre cas. Sur le terrain, autant cette 30e édition ne restera pas dans les annales en terme de nombre de but, de rythme de qualité technique ou de matchs échevelés – même si on aura eu quelques beaux moments comme le Guinée Equatoriale Congo en ouverture ou le derby congolais en quarts - autant elle aura permis de faire naître quelques promesses pour l’avenir et livré quelques enseignements.

Premier d’entre tous, l’écart s’est resserré entre les différents pays d’Afrique. Plus disciplinés tactiquement, les anciennes petites équipes sont désormais devenues plus compliquées à manœuvrer pour les grands favoris qui se retrouvent souvent forcés de devoir puiser plus tôt dans leurs ressources s’ils n’ont pas le métier suffisant pour débloquer des situations. Ainsi, à l’image des surprises qu’avaient pu être le Cap-Vert ou le Burkina Faso lors de l’édition précédente, le Congo aura été la grande révélation de l’édition 2015.

Reste que paradoxalement, si l’écart semble se réduire, les grands favoris et habitués ont tous répondu présents. Que ce soit la Côte d’Ivoire ou le Ghana, le grand vainqueur de cette CAN reste le métier. En sachant gérer parfaitement les matchs compliqués et imposant l’efficacité comme principe de base, les deux finalistes et leur approche très européenne des compétitions n’ont cessé de monter en puissance avant de s’annihiler lors de la finale. C’est probablement ce qu’il a manqué à l’Algérie joueuse mais maladroite de Gourcuff où à la Tunisie à réaction de Leekens.

Restent enfin les belles révélations comme la RDC. Si la légende Kidiaba s’en est allé, le groupe de Florent Ibangé possède encore une marge de progression énorme et aura profité de sa troisième place pour acquérir une expérience qui pourrait lui être utile dans 2 ans. Une compétition qui devrait malheureusement être privée du Maroc et de la Tunisie mais dans laquelle on attendra avec impatience de voir la Guinée, dont la marge de progression semble tout aussi importante, mais surtout les deux géants Cameroun et Sénégal pour qui, une fois encore, tout semble à reconstruire.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.