Premier tour de la CONCAChampions 2020 et si l’on s’attendait à peu de surprises, la magie du football – et surtout le constant développement du foot centro-américain – est venu rappeler que rien n’était écrit d’avance. Et si les Mexicains s’en sortent, un gros est déjà tombé.

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À chaque nouvelle saison de CONCAChampions, les mêmes questions : une équipe MLS pourra-t-elle enfin stopper l’hégémonie mexicaine sur la zone ? On focalise toujours sur les équipes venues du Nord tant la puissance économiques de celles-ci a tendance à rendre l’affaire de plus en plus compliquée pour les centro-américains et autres caribéens (lire notre entretien avec Juan Carlos Rojas, président de Saprissa). Grave erreur, la première phase de l’édition 2020 est venue le rappeler.

Nombreux ont été les formations bousculées par les équipes venues du Sud. C’est le cas par exemple du Montréal de Thierry Henry. Efficace mais en danger à l’aller à Saprissa, l’Impact était rentré avec un bon nul 2-2 qui lui offrait un ballotage favorable. À condition de tenir chez lui au retour. Certes les Montréalais ont tenu, mais ils n’ont guère rassuré tant ils ont été bousculés. Le Deportivo Saprissa, qui avait cadré 11 tirs chez lui, a totalement dominé le match retour, faisant de Clément Diop l’homme du match (sauvetage devant Bolaños en première période, horizontale parfaite sur une dernière frappe de Torres). Mais rien n’y a fait. L’Impact n’a pas eu le ballon, n’a jamais été dangereux ou presque (une seule frappe chez lui au retour), mais du haut de ses trois tirs cadrés en 180 minutes, a franchi le cap des huitièmes. Une forme de miracle, qui montre que le Sud n’est finalement pas si loin.

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La démonstration définitive est venue de trois autres rencontres qui voyaient entrer en lice deux grands favoris et un prétendant. Les deux favoris sont les habitués América et Tigres. Logiquement, ce huitième de finale n’était qu’une mise en bouche pour chacun. Dans les faits, la catastrophe industrielle n’était pas loin. Après le nul ramené du Guatemala, l’América a largement dominé Comunicaciones à l’Azteca. Mais faute de se montrer suffisamment adroit où aidé par l’arbitrage (deux transversales touchées et deux penalties non sifflés en première période), le leader de la Liga MX s’est retrouvé à un rien de l’élimination. Car Comunicaciones est progressivement sorti de sa torpeur, lancé par une frappe puissante de Justin Daly qui faisait passer quelques frissons dans les travées du Coloso de Santa Úrsula. Derrière, il y a eu un autre avertissement, donné par un Mexicain, Agustin Herrera, qui perdait son face à face avec Óscar Jiménez mais allait finir par punir les locaux en obtenant un penalty qu’il transformait peu après l’heure de jeu. Et tout s’est tendu. Car l’América a surtout été maladroit devant le but ou dans les derniers choix, buté sur un excellent José Calderón, avant de sauver les meubles en toute fin de match, après une vingtaine de minutes passées en supériorité numérique. La qualification sera finalement acquise après une séance de tirs au but au cours de laquelle les Guatémaltèques ont choisi de tirer uniquement sur leur gauche, l’honneur est sauf.

Il l’est aussi pour l’autre favori Tigres. Face aux Salvadoriens d’Alianza, les Felinos étaient rentrés à la maison avec une courte défaite (1-2) qui laissait augurer un retour tout en gestion. Grave erreur. Tout était pourtant bien parti au Volcán : domination de début de match, ouverture du score rapide signée Enner Valencia sur un service parfait d’André-Pierre Gignac qui s’offrait ensuite un doublé. 3-0 en une moitié de mi-temps, l’affaire paraissait ainsi entendue. Puis deux énormes erreurs de marquage, deux fois Portillo laissé seul, et en moins de dix minutes, Alianza était revenu à 3-2 (sur ses deux seules frappes cadrées du match), se retrouvant ainsi en position de qualifié. La suite n’a été qu’une longue domination de Tigres, totale, mais rien n’y faisait. Des cages qui se dérobent aux montants en passant par un excellent Victor García dans les buts. Puis le miracle, la montée Muñozesque de Nahuel Guzmán au bout du temps additionnel, celle du 4-2 qui qualifie sur le fil les hommes de Tuca Ferretti. Oui, les géants mexicains ont eu chaud, mais ils sont passés.

Ce n’est pas le cas de Seattle. Champion MLS, les Sounders font évidemment office d’outsiders et l’on n’imaginait pas les voir en danger. Encore moins après le 2-2 ramené du Honduras face à Olimpia. Mais s’il est une chose à retenir de cette édition 2020, c’est bien qu’il n’y a plus de matchs faciles en CONCAChampions. Mené au score d’entrée de partie chez lui, Seattle a vite réagi, a réussi à retourner la situation mais, faute de convertir sa possession en réelles occasions, est resté sous la menace d’un retour, chose qui s’est produite sur un golazo de fin de match signé Carlos Pineda. Ce manque d’efficacité allait ainsi coûter la qualification aux Sounders : Roldan envoyait son tir au but dans les tribunes, Leerdam butait sur Menjivar, personne ne gâchait côté Hondurien. Et voilà comment l’un des outsiders passe à la trappe d’entrée de compétition.

Ailleurs, il n’y aura pas eu de surprises. Cruz Azul a tranquillement écarté les Jamaïcains de Portmore United, signant le carton des huitièmes au retour (victoire 4-0), Atlanta United n’a pas véritablement tremblé face à Motagua et New-York City a également tranquillement écarté les Costaricains de San Carlos. L’exploit des huitièmes reste tout de même à mettre au crédit d’une formation issue de la MLS : Los Angeles FC. Battu 2-0 au Mexique la semaine passée, les Black and Gold se retrouvaient dans l’obligation de réussir un exploit pour espérer se qualifier. Exploit car si la possibilité de voir une équipe phare de la MLS s’imposer chez elles face à une équipe du haut du tableau mexicain, en l’occurrence, León, n’est pas de l’ordre de l’unique, s’imposer par trois buts d’écart est tout autre. Et pourtant. Emmené par un Carlos Vela intenable, Los Angeles a totalement écrasé une Fiera rapidement asphyxiée et totalement inoffensive. Au point que l’homme du match côté León a clairement été Rodolfo Cota qui a passé le plus clair de son temps à retarder l’échéance. Le portier mexicain a subi plus de vingt tirs, quand son équipe n’en a cadré qu’un. Mais cela n’a pas été suffisant. Un doublé de Vela, une merveille signée Diego Rossi (qui venait de manquer un but tout fait quelques minutes auparavant) et Los Angeles réussi la grosse perf’ nord-américaine de ces huitièmes. Et se présentera en quarts face à Cruz Azul.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.