19 ans après sa dernière finale, le Monumental retrouvait les frissons de la Libertadores. Après le nul décroché au Mexique, ses Millonarios devait s’imposer pour décrocher leur rêve.

Le grand moment était venu dans un Monumental en fusion. Plus de 60 000 spectateurs étaient venus assister à ce qu’ils espéraient être le sacre de leurs Millonarios. Pour l’occasion, Marcelo Gallardo, privé de banc et de vestiaire après son exclusion du match aller, avait procédé à quelques retouches imposées par les suspensions de Mercado et les blessures de Mora et Viudez. Mayada débutait côté droit, le côté gauche était donné à Bertolo, l’attaque était confiée au duo Alario – Cavenaghi. Côté Tigres, peu de changements dans le onze de Tuca Ferretti : Rivas prenait la place d’Ayala blessé, Aquino faisait son retour à gauche à la place d’Alvarez.

Après un recibimiento exceptionnel, les 22 acteurs découvraient la pluie, compagnon de finale. Le début de match est tendu, haché, tourne au duel physique. Les occasions quasi-inexistantes, on s’en remet à une merveille de passe de Kranevitter pour Cavenaghi ou à des offensives menées par les deux fusées Aquino – Damm pour se procurer quelques frissons. Les minutes défilent, la tension reste palpable, les imprécisions viennent gâcher toute tentative. Jusqu’à l’éclair. Lionel Vangioni déboule côté gauche, enchaine petit-pont centre au cordeau, Lucas Alario se plie en deux pour dévier au premier poteau. Le Monumental implose, River ouvre le score juste avant la mi-temps. Le temps de digérer le but pendant la pause, la pluie redouble, les contacts aussi.

Le début de second acte est haché, Tigres tente de montrer les crocs, River se replie et attend. Sa première sortie est fatale. Carlos Sánchez pénètre dans la surface mexicaine et s’écroule, Dario Ubriaco indique le point de pénalty. L’uruguayen tient à le tirer lui-même, privant Cavenaghi d’une belle histoire, mais ne tremble pas. Il ouvre son pied et prend Guzmán à contre-pied, 2-0 le match est plié. Le capitaine Cavenaghi laisse sa place au héros de la dernière Sudamericana, Leonardo Pisculichi. Ce dernier va tirer son premier corner du match et le dépose sur la tête de Ramiro Funes Mori. 3-0, la fête est totale, monumentale. Tigres regrettera ses occasions du début de seconde période comme la tête d’Aquino ou la reprise ratée de Gignac. Ils regretteront sans doute aussi d’avoir envoyé River en huitième un soir de folie au Pérou. Car dans une ambiance indescriptible, la Libertadores a choisi de rester une année de plus en Argentine.

La victoire du Gallardisme

River a une nouvelle fois fait étalage de son intelligence. Sans briller, les Millonarios de Gallardo ont su retourner une rencontre annoncée délicate et étant devenu maîtres dans la gestion des temps forts et des temps faibles. La victoire de River, c’est la victoire du génie d’un homme, Marcelo Gallardo. Un temps annoncé nouveau Bielsa par sa volonté d’intensité et de verticalité, el Muñeco est surtout devenu un entraîneur à part, imposant un nouveau style, savant mélange de ces valeurs bielsiste et d’intelligence tactique, de capacité à s’adapter au contexte et à l’adversaire. Conséquence, son River est aujourd’hui capable de changer son style, véritable caméléon devenu imprenable. A chaque match, el Muñeco peut adapter son style de jeu, changer ses hommes qu'il connait par coeur. Il est toujours juste dans ses choix, toujours décisif dans ses remplacements. Preuve encore en finale où la flamboyance attendue de son équipe a laissé la place à la rigueur défensive et l’efficacité, pourtant apanage de son adversaire du soir. La force de ce River est de prendre l’adversaire à son propre jeu. A chaque tour, une fois la machine lancée, Gallardo a piégé son homologue comme lors de la trilogie face à l’ennemi Boca lors de laquelle il a donné une leçon d’échec à Arruabarrena. Alors que la France découvre Bielsa, alors que l’Europe encense Simeone, à qui el Muñeco fait tant penser dans sa gestion de l’effectif, l’Argentine voit éclore un nouveau style : le Gallardisme.

Après avoir fait ses premiers pas (et décroché un titre de champion – voir Uruguay : Bicampeón) en Uruguay, Marcelo Gallardo enchaîne désormais Sudamericana (voir Sudamericana : River écrase la finale) , Recopa (voir Recopa Sudamericana : River décroche un nouveau titre), EuroAmericana (voir Supercopa EuroAmericana : River remporte l’intercontinentale bis) et Libertadores et peut désormais faire remobiliser son River dans la course au titre de champion (3 points de retard avec un match de plus à disputer – voir Argentine – Primera Division 2015 : vers un trio de tête ?). Ensuite, il pourra venir conquérir l’Europe.

19 ans après sa dernière victoire, son River retrouve les frissons d’une libertadores. Oublié le purgatoire d’une Primera B, oublié les moqueries subies depuis, River et son capitaine symbole Fernando Cavenaghi, présent dans les moments les plus durs du club, est de retour. A l’heure de chanter, le peuple millonario peut désormais saluer son entraîneur de génie Marcelo Gallardo, remercier ses anciens revenus faire briller le club et surtout se rappeler qu’el mas grande ne meurt jamais, mieux, il renait.

Résumé

 

 

Feuille de match

River Plate 3 – 0 Tigres

Copa Libertadores 2015 – Finale retour

Estadio Monumental

Buts : Lucas Alario (44), Carlos Sánchez (74, sp), Ramiro Funes Mori (78)

Arbitre : Darío Ubriaco

Avertissements : Alario, Funes Mori, Cavenaghi pour River Plate, Jiménez, Juninho, Rivas, Gignac et Torres Nilo pour Tigres

Formations :

River Plate: Marcelo Barovero; Camilo Mayada, Jonatan Maidana, Ramiro Funes Mori, Leonel Vangioni; Carlos Sánchez, Matías Kranevitter (m.81, Luis González), Leonardo Ponzio, Nicolás Bertolo; Lucas Alario (m.68,Sebastián Driussi), Fernando Cavenaghi (m.76, Leonardo Pisculichi). Entraîneur : Marcelo Gallardo.

Tigres : Nahuel Guzmán; Israel Jiménez (m.76, Joffre Guerrón), Juninho, José Rivas, Jorge Torres Nilo; Egidio Arévalo Ríos (m.64, Jesús Dueñas), Guido Pizarro, Daniel Aquino, Jurgen Damm; Rafael Sobis, André-Pierre Gignac. Entraîneur : Ricardo Ferretti.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.