Ce jeudi à Zürich, une nouvelle vague d’arrestations au siège de la FIFA a violemment ébranlé les instances de la CONMEBOL. Car au milieu des 16 arrestations du jour figurent plusieurs dirigeants de l’instance sud-américaine. L’heure est donc venue de faire le point sur cet énorme jeu de domino qui secoue le continent.

La corruption à la FIFA est d’un niveau « inconcevable ». Tels sont les mots de Loretta Lynch, ministre américaine de la justice. Au même moment de nouvelles têtes tombaient pour suspicion de « racket organisé et abus de fonction ». Parmi elles, des dirigeants de la CONCACAF et de la CONMEBOL. Si du côté des institutions, les rares à oser s’exprimer tentent de faire bonne figure et parlent encore et toujours de la Copa Centenario (qui devrait se tenir aux USA dans une ambiance bien particulière), le jeu de domino géant n’en finit plus de faire tomber l’ensemble des dirigeants des différentes fédérations. Les habitués vous diront qu'en matière de corruption, l'inconcevable n'existe pas en AmSud. La liste est en effet impressionnante. Outre les différents partenaires impliqués dans la gestion des droits télés, la liste des dirigeants de la CONMEBOL, occupant aussi une fonction au sein des diverses fédérations du continent s’allonge à vue d’œil. Aucun pays n’est épargné.

Ainsi, dans la famille FIFAgate, Il y a :

Les argentins

Eduardo Deluca était l’œil et le bras armé de Grondona au sein de la CONMEBOL de laquelle il fut secrétaire général de 1986 à 2011. C’est à ce poste que lui succèdera José Luis Meiszner : ancien président de Quilmes et secrétaire général de la CONMEBOL, poste qu’il a quitté la semaine dernière. Homme de confiance du kirchnériste Aníbal Fernández et longtemps le bras droit de Grondona pendant ses trente années de présidence du Cervecero, Meiszner avait déjà eu des ennuis avec la justice argentine pour des histoires d’évasion fiscale, Meiszner possédant quelques comptes offshore. Au milieu de tout ce petit monde, Alejandro Burzaco, CEO de TyC, a joué un rôle central.

Les boliviens

Romer Osuna fut trésorier de la CONMEBOL poste auquel il fut remplacé par Carlos Chávez, tombé en mai dernier qui était trésorier de la CONMEBOL et toujours en prison en Bolivie pour des histoires de corruption.

Les brésiliens

Outre José Hawilla, patron de Trafic Sport reconnu coupable, plusieurs dirigeants de la CBF (fédération) sont tombés ou visés par des mandats d’arrêts. José Maria Marin était membre du comité d’organisation des tournois olympiques disputés sous l’égide de la FIFA et président transitoire de la CBF après la chute de Ricardo Texeira, président de 1989 à 2012 qui a officiellement quitté son poste pour raison de santé et fait depuis l’objet d’un mandat d’arrêt international. Reste que le dernier président de la CBF n’est pas épargné puisque Marco Polo del Nero, qui a récemment discuté avec Sergio Jadue à São Paulo et qui occupait un poste au comité de la FIFA est dans les derniers ciblés par la justice américaine.

Le colombien

Luis Bedoya a plaidé coupable dans les faits de corruption qui lui ont été reprochés en novembre dernier. Président de la fédération colombienne de football de 2006 à cette année puis vice-président de la CONMEBOL en 2013. Il était également membre du comité exécutif de la FIFA.

Le chilien

Premier à tomber, Sergio Jadue ne sera peut-être pas le dernier, les investigations se poursuivant et des perquisitions ayant lieu à Santiago. Sergio Jadue était président de la fédération et de l’ANFP, après avoir déposé un arrêt maladie d’un mois au terme d’un voyage au Brésil, il a fini par annoncer sa démission lors de vacances aux USA qui se sont avérées finalement être une mise à disposition de la justice afin de collaborer et alléger sa future peine.

L’équatorien

Luis Chiriboga est pour l’instant encore à la tête de la fédération équatorienne de football, poste qu’il occupe depuis 1998. Mais la menace se rapprochait et a fini par se préciser. Le FBI lui tournait autour suite aux dénonciations de Burzaco, son nom fait partie des 16 derniers cités par la justice américaine.

Les paraguayens

Si Nicolás Leoz, le parrain version paraguayenne, a clairement joué un rôle important, son successeur, Juan Ángel Napout, l’homme de la transparence, vient de faire partie de dernier wagon des arrêtés. Président de la CONMEBOL depuis 2014, réélu en mars dernier avant d’être nommé vice-président de la FIFA, il a aussi été président du Cerro Porteño en 1989 à l’âge de 32 ans puis président de la fédération paraguayenne entre 2007 et 2014.

Le péruvien

Manuel Burga a longtemps été dans l’ombre à la fédération avant d’en prendre la présidence en 2002. Réélu en 2007 et 2010, il s’était vu refusé la possibilité d’aller chercher un quatrième mandat en 2014 après avoir été poursuivi pour des affaires de blanchiment d’argent au pays.

L’uruguayen

Eugenio Figueredo a fait partie des 19 arrêtés en mai dernier. Ancien président de l’AUF, la fédération uruguayenne, il était aussi vice-président de la CONMEBOL entre 1993 et 2013 avant de remplacer un temps Nicolás Leoz à sa tête mais aussi vice-président de la FIFA, proche de Blatter.

Le vénézuélien

Rafael Esquivel a été président de la FVF depuis 1988 et membre du comité exécutif de la CONMEBOL. Arrêté en mai dernier pour corruption, il a été contraint de quitter son poste pour des affaires de racket auprès de Traffic Sports dans l’attribution des droits télé de la Copa América. C’est son départ qui est aussi actuellement à l’origine du chaos qui règne dans le football vinotinto.

Il n’y a donc désormais plus aucune fédération sud-américaine qui échappe au scandale de la FIFA. Aujourd’hui nommé à la tête de la CONMEBOL, l’uruguayen Wilmar Valdez, nommé dans des conditions quelque peu chaotiques à la tête de la fédération uruguayenne en avril 2014, assure l’intérim. Ne reste plus qu’à attendre la suite des évènements qui devrait annoncer de nouvelles condamnations. A l’orée du centenaire de sa plus prestigieuse des compétitions, la CONMEBOL doit se préparer à un renouvellement total en son sein mais aussi dans ses différentes fédérations.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.