Dans un quart de finale de Copa Sudamericana 100% colombien, Santa Fe a vu la victoire lui échapper par manque de réalisme et par une intervention douteuse du VAR qui sévissait pour la première fois en Colombie.

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« Quel mauvais match pour les supporters venus au stade ». Malgré la victoire de son équipe 1-0 sur le terrain de Santa Fe lors de la seizième journée de la Liga Águila, l’entraineur de La Equidad Luis Fernando Suárez demeure lucide. Une fois de plus le Campín a été le théâtre d’un match médiocre devant des gradins clairsemés. On ne sait pas bien si les 10 000 fidèles qui continuent d’accompagner Santa Fe mériteraient de recevoir l’ordre du mérite ou d´être internés, mais leur présence est une preuve de fidélité authentique alors que le León enchaine les matchs insipides depuis un an. Il faut dire, aussi, que la souffrance est dans l’ADN du club et que les saisons de titres ont plus souvent été le fruit d’un dur labeur que d’un enchantement footballistique. Cependant, tout est plus difficile à encaisser depuis le 17 décembre 2017. Ce jour-là, Santa Fe a connu la plus grande humiliation de son histoire : un échec en finale du championnat contre Millonarios, l’autre grande équipe de Bogotá. 

Depuis ce derby maudit, Santa Fe traine sa peine. Lors du championnat d’ouverture de l’année 2018, l’équipe a échoué piteusement à se qualifier pour les quarts de finale et s´est fait logiquement sortir de Copa Libertadores, en finissant troisième de son groupe derrière River et Flamengo. Depuis lors, les choses ne se sont guère arrangées, puisque Santa Fe est tout proche d’un nouvel échec dans la phase « tous contre tous » du tournoi de clôture 2018. Dans ce sombre paysage, les supporters auront toutefois vécu deux éclaircies au goût de revanche. La première le 6 mai 2018, en empêchant Millonarios de se qualifier pour le second tour de la Liga Águila I, et la seconde le 2 octobre dernier en se qualifiant en quart de finale de la Copa Sudamericana aux dépens du même Millonarios. Si l’addition des succès contre l’ennemi ne suffira pas à faire oublier totalement la finale de décembre dernier, ces deux moments de bonheur ont mis du baume au cœur des fans du León. Surtout, la qualification aux tirs au but en Copa Sudamericana, après deux matchs insipides, conclus sur le score de 0-0, a laissé entrevoir la possibilité d’une épopée continentale avec en point de mire un deuxième succès après la victoire en 2015.

À l’heure d’aborder le quart de finale, le feu sacré ne semble toutefois pas revenu et le Campín est toujours loin d’afficher complet. Sur le chemin du León, un nouveau club colombien se présente : le Deportivo Cali emmené par l’international Colombien Nicolás Benedetti et l’avant-centre argentin José Sand. Ce match pour lequel, Santa Fe ne s’avance pas en favori est aussi l’occasion de retrouvailles avec Gerardo Pelusso et Camilo Vargas. Si le premier nommé a eu maille à partir avec les ultras de Santa Fe à la fin de son passage au club de la capitale, dans leur ensemble, les supporters du León conservent une grande reconnaissance envers celui qui a mené leur club à la victoire lors de la Sudamericana 2015. Le gardien Camilo Vargas fait en revanche l’unanimité contre lui. Formé à Santa Fe, celui-ci avait contribué au renouveau du club au début des années 2010 avant de signer à l’Atlético Nacional en janvier 2015. Cette « trahison » n’a jamais été pardonnée au gardien international colombien.

Chauffés à blanc par la présence du gardien honni et par le très beau parcage verdiblanco, les supporters du León poussent leurs joueurs à se surpasser dès le coup d’envoi. Même Rubén Bentancourt, habituellement moqué par le Campín, est encouragé avec ferveur lorsqu’il s’arrache en vain pour récupérer un ballon filant en six mètres. Cette « action » restera d’ailleurs le seul fait d’arme de l’Uruguayen qui, encore une fois, passera complètement à côté de son match. La piètre performance de Bentancourt n’empêche pas à l’équipe locale de se créer trois grosses occasions en début de match. Sur la première d’entre elles, Guastavino passe tout proche d’inscrire un but qui aurait fait le tour du monde, mais son lob depuis la ligne médiane échoue sur la barre en hommage au challenge TV foot. Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Wilson Morelo de jouer de malchance en voyant sa reprise lécher le poteau de Vargas. En revanche, le troisième manqué doit plus à la maladresse qu’à la malchance, Juan Daniel Roa manquant complétement son face à face avec le gardien alors qu’un but lui aurait permis de célébrer comme il se doit sa première sélection avec la Colombie lors du match amical face au Costa Rica le 17 octobre.

Comme souvent, le manque de réalisme de l’équipe locale va être sanctionné par l’équipe visiteur sur une belle tête d’Ezequiel Palomeque. Secouée par l’ouverture du score, Santa Fe parvient toutefois à recoller au score juste avant la mi-temps grâce à un penalty transformé par Morelo après une faute de Darwin Andrade. Si les ralentis ne permettent pas vraiment de déterminer si la faute a eu lieu dans la surface de réparation, l’égalisation parait amplement méritée au vu de la première mi-temps.

Après la pause, le match reprend à sens unique, mais Santa Fe peine à concrétiser sa domination, Luis Manuel Seijas buttant sur Camilo Vargas. De plus en plus saignants, les joueurs de Santa Fe vont finir par porter le bruit et la fureur dans la moitié de terrain des Azucareros au cours des vingt dernières minutes. À dix minutes de la fin, le stade peut enfin exploser. À peine entré en jeu à la place du malheureux Bentancourt, Arley Rodríguez envoie le ballon au fond des filets d'une belle reprise de volée, faisant suite à un coup franc de Guastavino repoussé par la défense de Cali. En pleine célébration, les supporters de Santa Fe sont toutefois surpris par l’explosion de joie du parcage visiteur, faisant suite à l’annulation du but après recours au VAR. Bizarrement, l’arbitre Roddy Zambrano n’a pas cru bon d’aller vérifier les images lui-même alors que le hors-jeu n’avait absolument rien de flagrant. Le premier champion de Colombie voit donc la victoire lui échapper par l’intervention maléfique de la technologie, en fonction pour la première fois en Colombie. Quelques minutes plus tard, Rodríguez s’offre à nouveau un moment d’intense frustration avec un nouveau but justement signalé hors-jeu par le juge de ligne. Malgré une domination nette, Santa Fe se trouve donc en ballotage défavorable et devra réaliser un exploit au retour pour voir les demi-finales. À la sortie du stade, le supporter de Santa Fe peste contre le « maldito VAR », mais conserve la foi du charbonnier. Ce week-end, le León joue contre Rionegro Águilas. Une victoire 1-0 est toujours possible.

Résumé du match

Aymeric Bernilar
Aymeric Bernilar