La saison 2014 argentine désormais terminée, l’heure du bilan est enfin arrivée. Annoncé sans enjeu et potentiellement sans passion, le dernier tournoi aura suscité plus d’espoirs que prévu pour 2015.

 

Du jeu, des buts, du suspense

Comme évoqué en présentation de début de tournoi (voir Argentine : dernière transition (3e partie)), le format court de ceux-ci laisse toujours place aux surprises. Une fois n’est pas coutume, ce dernier tournoi court de l’histoire ne leur aura pas laissé beaucoup de place puisque l’ensemble des favoris annoncé, à l’exception des vacanciers de San Lorenzo, aura animé chaque journée du tournoi. Annoncé comme un tournoi de transition au cours duquel plusieurs équipes ne mettraient pas l’intensité habituelle, le Torneo Doctor Ramón Carrillo aura surtout offert son lot de grands matchs, une formidable lutte à quatre pour le titre et du spectacle entre plusieurs équipes décidées à placer le jeu au centre de tout. Avec 491 buts marqués en 190 matchs (soit une moyenne de 2.58), ce dernier tournoi est le plus prolifique depuis la temporada 2006/2007, celle qui reste la saison record de ces 10 dernières années. Lors de cinq des six derniers tournois, une seule équipe franchissait la barre des 30 buts inscrits. Cette fois-ci, elles sont cinq dont trois des quatre premiers. Si certains voient en l’absence de véritable enjeu comme explication à la l’absence de frilosité de la plupart des équipes, ce constat est probablement aussi le résultat de l’arrivée d’une nouvelle génération d’entraîneurs aux idées neuves.

La jeunesse s’installe sur les bancs

Tout amateur de football sud-américain le sait : les meilleurs techniciens du continent sont argentins. Preuve supplémentaire de la non gratuité d’une telle affirmation : sur les huit dernières années,  l’exception d’Óscar Tabárez, le titre de meilleur entraineur de l’année en Amérique du Sud est systématiquement revenu à un coach argentin. 2014 ne dérogera pas à la règle puisque les quatre finalistes sont argentin.

Au pays, alors que les clubs argentins règnent sur le continent cette année, une jeune génération a pris possession des bancs de touche et révolutionné son football. Diego Cocca au Racing ou Marcelo Gallardo à River restent bien évidement en première ligne par leurs titres glanés cette année mais les Mauricio Pellegrino et autres Jorge Almirón représentent parfaitement cette nouvelle vague qui a redynamisé le championnat argentin (sans oublier Matías Almeyda à Banfield, les frères Barros Schelotto au Granate ou bien évidemment Rodolfo Arruabarrena à Boca voire Daniel Oldrá à Godoy, l’une des belles surprise du tournoi). Tous diffèrent dans leur systèmes : Diego Cocca s’appuie sur un bloc compact et un jeu direct avec les hommes de couloir comme principaux perforateurs à l’image de la pépite Ricardo Centurión, Gallardo impose un pressing haut et un jeu fait de dédoublement s’appuyant sur un duo d’enganche (un vrai 5 à l’argentine et un vrai 10 diront les puristes), Pellegrino met en place une formidable machine à contrer reposant sur un trio offensif Correa – Veron – Carrillo aussi technique que percutant, Almirón prône la possession et fait reposer son jeu sur son milieu Mancuello – Rolfi et ses jeunes ailiers Pizzini – Pisano. Mais tous ont cependant en commun la volonté d’imposer leur rythme, leur goût prononcé pour l’intensité, jugé élément clé pour remporter un duel et la forte exigence technique. La conséquence fut que le tournoi aura livré son lot de combats épiques entre diverses formations, chacune ne voulant pas se soumettre au rythme de l’adversaire. Cette volonté d’imposer son impact sur la rencontre se retrouvera même dans d’autres formations devenus surprises agréables à suivre comme par exemple Godoy Cruz.

2015, l’année de la nouveauté

Reste désormais à savoir si les belles promesses affichées pendant ce tournoi perdureront à l’échelle du long championnat que sera celui de 2015. Car c’est bien évidemment la grande nouveauté de la saison prochaine : adieu les beaux tournois courts, place désormais à un championnat à 30 équipes et 30 journées (29 classiques + une dédiée aux Clásicos). Dès février prochain, ils seront donc 30 à lutter pour le titre de champion 2015 et si certains prédisent le retour des matchs fermés, les accessits pour les compétitions continentales étant à portée de tous, le championnat pourrait être bien plus ouvert que prévu. Car outre les deux premières places qualificatives pour la Libertadores, les équipes classées de la 3e à la 6e place disputeront une liguilla pour décrocher la troisième place en Libertadores (à la chilienne donc), alors que celles classées entre septième et dix-huitième place joueront un dernier match de barrage qui les enverra en Sudamericana (le septième étant opposée au dix-huitième et ainsi de suite). Ajouté à cela le formidable promedio sur 3 saisons qui enverra les deux plus mauvaises équipes en Primera B, la saison prochaine s’annonce aussi animée que le dernier tournoi. Rendez-vous est donc pris en février prochain.

Les plus beaux buts du dernier tournoi

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.