Passer de Bauza, technicien conservateur et pragmatique insistant sur le repli défensif et l’efficacité à Guede, chantre du football ultra-offensif. Telle est la révolution vécue par San Lorenzo depuis deux mois.

En Décembre le Ciclón a vu arriver l'un des entraîneurs les plus prometteurs du continent (lire Pablo Guede, la nouvelle (r)évolution argentine), un homme qui a construit sa réputation au Chili lors de son passage à Palestino qui a duré un an et demi (de juillet 2014 à décembre 2015) en révolutionnant littéralement le club de la province de Santiago en arborant un style de jeu propre à lui. Un style de jeu qui surprendra la presse chilienne, mais qui portera ses fruits avec à la clé une moisson de succès et une qualification historique pour la Copa Libertadores 2015 et un passage en phase de groupe (lire Nacional 2 - 1 Palestino).

De son côté, San Lorenzo a connu le succès sous la houlette de Edgardo Bauza, un entraîneur qui restera ainsi à tout jamais dans l'histoire du club en ayant remporté la première Libertadores du club (lire Enfin parmi les grands), mais dont le style de jeu ne laissera pas un souvenir impérissable. D’où la volonté du côté de Boedo de changer les choses en nommant Guede. Après un premier mois de compétition, l’heure des donc venue de voir où en est la révolution Guede.

Dès son intronisation à la tête du Ciclón l'entraîneur argentin a affirmé que tous les joueurs de l'effectif auraient leur chance et qu'aucun joueur ne se sentirait écarté du groupe. Comme à son habitude, Pablo Guede exploite l'intégralité de son effectif  tout en y apportant quelques retouches, comme ce fût le cas en janvier lorsqu’il a souhaité recruter Paulo Diaz, joueur qu'il a eu sous ses ordres la saison dernière à Palestino. Même si l'effectif qu'il a à sa  disposition n'est pas comparable d'un point de vue qualité avec l'effectif du Tino en 2014, il est utile de préciser que le natif de Buenos Aires sait très bien s'adapter avec le matériel déjà en place. Lors de son passage à Palestino, il a su tirer le meilleur d'un effectif ne dépassant pas les 24 ans d'âge et en ayant le plus petit budget du championnat.

Si on se penche sur le plan du jeu depuis son arrivée, on remarque déjà un changement radical dans la philosophie de jeu du Ciclón avec quelques points clés

Pressing intensif : « Une interception faite au plus près de la surface adverse a de fortes chances d'aboutir en but et plus vite on récupère le ballon, moins on souffre physiquement ». Dans la tête de Guede, le joueur a l'obligation de courir sinon il ne joue pas. Aucun joueur n'est dispensé, pas même les avants-centre. Son équipe a pour ordre de récupérer le ballon dans les 5 secondes qui suivent la perte afin d'empêcher l'adversaire d'élaborer son jeu. Et si ça ne fonctionne pas, on peut le voir en colère, comme ce fût le cas face à Sarmiento lors de la seconde journée quand son équipe a encaissé un but très tôt dans le match.

Possession du ballon : Des transitions rapides, du jeu en triangle, un jeu fait de passes courtes et rapides en partant du gardien de but, San Lorenzo préconise désormais la possession du ballon.

L'utilisation des latéraux : Más et Buffarini évoluent très haut sur leur côté et n'hésitent pas à apporter le surnombre en attaque. Cette saison ou plusieurs buts ont été inscrits à la suite de débordements des deux latéraux respectifs.

Des défenseurs centraux rapides : Dans son système Pablo Guede est adepte des défenseurs centraux rapides pouvant participer au jeu. Si un défenseur ne possède pas ces caractéristiques, il est fort probable qu'il ne joue peu voire pas du tout.

Ces principes sont désormais parfaitement appliqués par les Cuervos, le San Lorenzo 2016 n’a plus rien en commun avec son prédécesseurs. Mais pour qu’une philosophie soit adoptée, il faut que les résultats suivent. Avec un bilan de trois victoires en quatre rencontres de championnat et une humiliation infligée à Boca (4-0) en Supercoupe d'Argentine (lire Argentine - Supercopa Argentina : Inside Boca Juniors – San Lorenzo de Almagro), le Ciclón version Guede est toujours invaincu au pays. Le plus terrifiant est que l'équipe est encore en rodage et doit progresser dans beaucoup de domaines...

Cette équipe semble partie pour devenir une machine à succès, à empiler les buts. Une chose est sûre les hinchas du club et tous les passionnés de football prendront beaucoup de plaisir cette saison à voir évoluer le Ciclón. Le San Lorenzo 2016 est donc entré dans une nouvelle ère, un air frais venu d'un Ciclón qui peut tout balayer sur son passage. Après un mois de compétition, la méthode Guede semble déjà avoir porté ses fruits.

JC Abeddou