Les semaines se suivent et se ressemble pour les deux géants de Buenos Aires. En signant une nouvelle contre-performance, River et Boca ont enterré leurs rêves de titres. Pendant ce temps, la bagarre continue de faire rage en tête des deux zones.

Zona A : San Lorenzo espère de nouveau, Arsenal s’invite

Même si la possibilité d’un retour sur les leaders avait des airs de miracle de l’année, la réception de l’une des plus mauvaises équipes du tournoi devait permettre à River de (re)prendre sa marche en avant ou surtout de sortir d’un mois sans victoire en championnat qui avait valu au Millo de se retrouver englué en queue de classement de la zone. Il n’en fut rien. Gallardo avait décidé d’envoyer plusieurs remplaçant pour l’occasion, réservant sans doute le meilleur pour le périlleux déplacement au Brésil, d’entrée de partie, River semblait avoir tranquillement pris la mesure d’un Sarmiento qui n’avait il est vrai rien d’une menace. Iván Alonso ouvrait le score à la quatrième minute, Milton Casco doublait la mise 20 minutes plus tard, les affaires semblaient réglées. Semblaient seulement. Niz ramenait les verts une minute plus tard, River déjouait alors totalement, abusant de longs ballons pour Alonso et manquant d’imagination, allait laisser Sarmiento y croire. Les joueurs de Caruso Lombardi pressaient se procuraient des situations et allaient finir par retourner le match. Leo Ponzio voyait rouge pour un coup de coude sur Cháves, dans la foulée Arzura touchait le ballon du bras, Sarmiento se voyait offrir un penalty au bout du chronomètre qui allait lui permettre de ramener un point mérité du Monumental. Ce maigre point qui laisse River profondément englué dans les entrailles du classement, à dix points de la tête, enterrant quasi définitivement tout espoir de titre et de Libertadores.

River absent des sommets, la Zona A reste encore bien ouverte, le choc du week-end entre le leader Godoy Cruz et San Lorenzo ayant permis de resserrer les rangs. Avec une terrible série de huit matches sans victoire tout juste effacée par un succès au courage face à Belgrano la semaine précédente, le Ciclón se savait en danger à l’heure de se rendre à Mendoza pour y affronter un leader Godoy Cruz irrésistible depuis sa victoire au Monumental en février dernier. Car une défaite des hommes de Guede et les rêves de titres se retrouveraient confrontés face à la dure réalité d’un retard de 5 points. Les deux formations ont offert un match engagé, San Lorenzo cherchant à construire à travers son trio Ortigoza, Blanco, Belluschi quand Godoy s’appuyait sur son formidable duo García – Ayoví pour générer du danger. Le 4-1-4-1 de Guede a parfaitement fonctionné, Caurteruccio trouvant parfaitement sa place seul en pointe dans ce schéma et ouvrant finalement assez logiquement le score en début de seconde période sur un service de l’excellent Emanuel  Más avant de contrôler la fin de la rencontre, tout juste perturbé par quelques poussées d’el Morro García. San Lorenzo enchaîne donc en championnat et revient à deux points du leader, laissant aux autres prétendants l’occasion de se rapprocher.

Il n’y a finalement qu’Arsenal pour en profiter. Car dans son Gigante, alors qu’il semblait contrôler la partie, Central a tout gâché. Menant au score grâce à l’inévitable Marco Rubén, les Canallas dominaient tranquillement Vélez avant de se saborder. Pinola voyait rouge sur une bêtise, Stelcaldo en profitait pour ramener un Vélez alors revigoré. Mais un match de Central reste toujours un savant mélange de souffrance et d’art. Entré à la pause, la pépite Lo Celso faisait basculer la rencontre. Sur une autre planète, il menait son 10 rosarino, faisait exclure Leandro Somoza 10 minutes après son entrée, régalait et redonnait l’avantage aux siens. Le Gigante pouvait s’embraser,  Central était repassé devant, plus rien ne pouvait lui arriver. Sauf les coups tactiques de Bassedas. A un quart d’heure de la fin, le coach du Fortín avait fait entrer l’uruguayen Diego Zabala, en cinq minutes, il renversait le match, profitant d’une mauvaise passe de Lo Celso pour s’en aller offrir la victoire à Vélez, véritable coup de tonnerre du week-end. Derrière, Independiente n’a pu que se contenter d’un triste 0-0 chez lui devant Olimpo quand le Gimnasia a sombré à Córdoba face à un Belgrano en manque de points. C’est donc Arsenal qui en a profité.

En déplacement à Quilmes, les hommes de Rondina ont d’abord souffert des intentions offensives d’un Cervecero bien décidé à prendre le contrôle du match mais a parfaitement su attendre son heure. Elle arrivait peu après l’ouverture du score méritée pour les locaux en début de seconde période, méritée tant Quilmes avait généré les meilleures situations du premier acte (notamment par Andrada et Callelo). Réveillés par ce but, les joueurs d’Arsenal allaient alors lancer la machine. Sanabria égalisait dans la foulée, le match avait définitivement tourné lorsque Bellocq donnait l’avantage aux siens quelques instants plus tard. Derrière, un golazo de Carrera, un quatrième signé Caneo à l’entrée des 10 dernières minutes et Arsenal, en jouant véritablement une demi-heure, revient à un point de Godoy Cruz.

Zona B : Lanús et Estudiantes foncent, Huracán s’accroche

Dans la Zona B, l’affiche du week-end était l’improbable EstudiantesTucumán. Improbable non pas par la présence d’Estudiantes comme candidat au titre mais surtout par le fait que le promu, d’abord vu comme une joli surprise de début de saison, n’en est plus une. Opposant deux équipes en embuscade au général, elle allait surtout permettre de connaître l’identité du second, celui qui parviendrait à coller aux basques du leader Lanús.

Car quelques heures auparavant, le Granate effectuait un cours déplacement sur le terrain de Banfield pour un Clásico del Sur qui s’annonçait une fois encore bouillant. La force de la bande à Almirón est non seulement d’avoir acquis bien des certitudes avec ses succès répétés mais surtout de s’appuyer sur un football travaillé et répété à l’entraînement et qu’elle récite à merveille chaque week-end, qu’importe l’adversaire ou le contexte. D’entrée de partie, Lanús générait les premières occasions, imposait son style et allait ouvrir le score sur un mouvement collectif de près d’une minute et conclu tranquillement par Mouche après une hésitation de Soto. Le Taladro allait bien chercher à équilibrer les débats en seconde période, se procurer quelques situations, notamment par el Tanque Silva, Soto et Sarmiento mais allait voir ses espoirs s’envoler en même temps que son avant-centre craquait. Silva expulsait sa frustration sur l’arbitre de la rencontre, était logiquement exclu, Claudio Pérez emboitait le pas quelques instants plus tard, les choses se compliquaient alors et, patiemment, le leader allait sceller son succès d’un but de l’inévitable Pepe Sand. Plus que jamais, ce Granate-là est un candidat au titre.

Estudiantes et Tucumán savaient alors qu’il ne fallait pas se rater dans le duel les opposant. Le match, qui a clos la 10e journée a tenu ses promesses. Car d’entrée de partie, le Decano ouvrait le score par Aliendro et cherchait à continuer d’attaquer, Aliendro frôlant le 2-0 quelques minutes plus tard. Occasion manquée payée cash, comme souvent face aux Pinchas, car à la 20e minute, Gastón Fernández ramenait Estudiantes au score sur coup franc. Le match restait animé malgré un terrain dont la qualité était des plus honteuses et beaucoup pensaient que le Decano allait pouvoir tirer avantage de l’exclusion d’Auzqui à l’approche de la mi-temps. Mais la force des Pinchas est de savoir frapper au bon moment, la Gata récidivait juste avant le retour aux vestiaires, Estudiantes pouvait aborder le second acte en tête malgré l’infériorité. Les joueurs de Vivas parvenaient alors à endormir la partie, laissant tout de même dangereusement le ballon aux visiteurs. Tucumán allait être justement récompensé au bout du chronomètre sur un but de renard de son meilleur joueur Cristian Menéndez, le plus dur et logique semblait fait. Mais Estudiantes reste Estudiantes. Une dernière offensive, un penalty discuté (car une première fois manqué et retiré au prétexte que Luchetti n’était plus sur sa ligne) et Schunke allait donner les trois points aux siens, synonyme de deuxième place à trois points du leader.

Derrière, seul Huracán s’accroche, porté par un Wanchope Ábila devenu machine à but et auteur d’un doublé lors de la victoire spectaculaire du week-end décrochée au Ducó face à San Martín (4-3), le Racing et Boca cédant de nouveau du terrain. La Academia perd à Mar del Plata face à Aldosivi alors qu’elle avait parfaitement débuté la rencontre alors que les Xeneizes s’écroulent de nouveau sur le terrain de Tigre. N’ayant gagné qu’un seul match en 2016 et avec un nouveau coach sur son banc, Pedro Troglio ayant posé ses valises la semaine précédente, le Matador n’avait sur le papier rien de l’adversaire hors de portée d’un Boca qui avait certes fait tourné pour l’occasion mais ne pouvait se permettre de laisser filer le championnat, sa situation en Libertadores étant encore loin d’être assurée. Et pourtant. En première période, Boca avait certes le ballon mais se montrait bien trop peu créatif pour générer quelque danger, laissant à Tigre les rares meilleures situations. Au retour des vestiaires, les deux équipes semblaient enfin décidées à jouer, les occasions commençaient à se multiplier. Alors que Guillermo Barros Schelotto avait lancé Tevez, Tigre venait menacer les cages des Xeneizes et allait faire craquer l’arrière garde de Boca à deux reprises en trois minutes, laissant les hommes de Barros Schelotto sans la moindre réaction. Boca tombe une nouvelle fois et, à l’image de son grand rival River, a déjà enterré ses espoirs de titre voire de qualification à la Libertadores via le championnat. Ne reste alors que l’actuelle édition et la Coupe d’Argentine pour aller chercher un nouveau ticket continental.

Les buts

 

 

Résultats

Classements

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.