Alors que tout un pays respire à l’idée de préparer son voyage en Russie en juin prochain, le championnat reste une affaire totalement dominée par Boca. Auteur d’un sans-faute, le champion sortant semble sans concurrence, ses prétendants se regroupant à distance.

La Locura Argentina : Les papelitos de Paraná

Qui dit Argentine dit ambiances uniques, passion et démesure comme on les aime (sauf lorsqu’elles conduisent aux pires dérives). Alors, lorsque l’Estadio Presbítero Bartolomé Grella de Paraná se prépare à accueillir le champion sortant et toujours invaincu (invincible ?) Boca Juniors, on peut s’attendre à une belle réception. Ça n’a pas manqué. Pluie de papelitos, chants, tout était parfait pour que les hinchas de Patronato passent une grande soirée et nous en mettent plein les yeux. Seul souci, la démesure. Trop de papelitos tue les papelitos et surtout lorsqu’ils sont trop nombreux et qu’ils empêchent le jeu. Bilan, on a dû faire appel à une équipe de nettoyage pour les sortir du terrain. D’abord à la main, ensuite à la soufflerie, en utilisant les ventilateurs qui servent à gonfler les tunnels d’où sortent les joueurs. L’Argentine dans toute sa splendeur, l’Argentine comme on l’aime. Et voilà comment ce Patronato – Boca a débuté avec 20 minutes de retard.

 

 

De là à penser que cela suffirait à perturber ce Boca-là, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Car si les papelitos se ramassent à la pelle, les victimes des Xeneizes aussi. Le premier acte a été décevant (le terrain n’aidant pas vraiment, le ballon semblant avoir du mal à rouler, préférant rebondir). Patronato a gâché un sacré contre, un cinq contre deux, nombreux sont ceux qui cherchent encore à comprendre ce qu’Adrián Balboa a bien voulu faire (piquer sa balle pour tromper Rossi, remettre à son coéquipier, le débat est ouvert). Boca a surtout frappé de manière timide et maladroite mais a semblé monter en régime au fil des minutes. Cette montée en régime s’est traduite au score d’entrée de second acte lorsque le duo Benedetto – Pavón se mettait en action, le premier servant le second qui plaçait son ballon hors de portée de Bértoli pour le 1-0. Boca avait posé sa patte sur le match, l’affaire était pliée. Tout en contrôle, sans pour autant se montrer dangereux outre mesure mais sans jamais être véritablement inquiétés, les Xeneizes attendaient la fin de partie pour clore tout suspense, Benedetto venant conclure un classique, dédoublement côté gauche, centre de Fabra, but de l’avant-centre seul face au but. Et voilà comment sans Gago blessé, sans Goltz, également blessé, et sans Cardona suspendu, Boca réussit le six sur six et réalise le meilleur départ de toute son histoire en championnat, reléguant ses poursuivants directs à six points.

Les bons gros géants : River cale, les autres grands en profitent

Du côté de River, les priorités ne sont pas au championnat, le quart de finale de Copa Argentina et la demie de Libertadores occupant tous les esprits. Pour la réception de l’Atlético Tucumán, Marcelo Gallardo avait donc fait le choix de la profonde rotation. Cela se traduisait par un début de match poussif de la part du Millo qui dominait mais cherchait sa fluidité. Après une double occasion de River, une frappe de Rojas sortie par Lucchetti, le match accélérait quelque peu et le Decano se procurait la meilleure occasion lorsque Blanco, servi par Barbona perdait son face à face avec Batalla. Puis tout retombe jusqu’au retour des vestiaires où River va développer du jeu et mettre à mal les visiteurs. Emmenés par un excellent Nico De La Cruz, les hommes de Gallardo asphyxient leurs adversaires et vont marquer deux buts coup sur coup, le premier par Casco, seul au second suite à un centre de Moreira, le deuxième par Santos Borré servi par Auzqui. Le trio De La Cruz – Auzqui – Santos Borré semble fonctionner, à 2-0 on ne donne alors pas cher de la peau du doyen. Et pourtant c’est l’autre trio offensif qui va répliquer. Servie par un excellent Barbona, La Pulga Rodríguez réduit l’écart et enraye alors la machine de River. Gallardo ayant sorti De La Cruz et Santos Borré se retrouve piégé. La Pulga offre à Blanco le ballon du 2-2. Dès lors, River essaye mais souffre, notamment face aux percées de Barbona. Alors que le Millo aurait pu tuer le match à 2-0, il va alors se retrouver soulagé de ne pas le perdre et devra ainsi se contenter d’un nul qui le place ainsi à six longueurs de Boca.

Outre le retard accusé sur son plus grand rival, River voit aussi toute une meute se rapprocher et ne compte désormais plus que deux points d’avance sur Vélez, quatorzième. Dans cette meute, se trouvent d’autres géants. À commencer par San Lorenzo qui sous la houlette de Pampa Biaggio a repris des couleurs en prenant 7 points sur les neuf derniers mis en jeu. Avec Belluschi meneur de jeu, qui s’est régalé à offrir un but à Cerutti et à Blandi, le Ciclón est revenu au bon vieux 4-3-1-2 et a déroulé face à Defensa y Justicia où Juan Pablo Vojvoda débutait sur le banc. Au point que si les rumeurs font écho d’une volonté des dirigeants d’attirer Jorge Almirón début 2018, la nouvelle dynamique instaurée par Biaggio pourrait finir par donner à réfléchir.

Du côté d’Independiente, le but pris dès le coup d’envoi face à la Chacarita a bien failli rendre le déplacement encore plus piégeux. Mais la bande à Holan a rapidement réagi, se sortant du pressing haut imposé par la Chaca, marque de fabrique de Coyette, et égalisant avant la fin du premier quart d’heure. Le Rojo attendra ensuite le second acte pour profiter des espaces laissés par des locaux portés sur l’offensive et une fois devant au score a imposé sa supériorité, Chacarita ne restant au contact au tableau d’affichage uniquement grâce à l’énorme prestation de son gardien Pedro Fernández. Reste qu’avec ce succès, Independiente est à deux points de River.

Il en manque donc un, c’est le Racing. En retard en termes de points, la Academia l’est aussi dans le jeu. Face au Tigre de Caruso Lombardi, le Racing s’est certes imposé mais on peut encore se demander par quel miracle il y est parvenu. Sans idées, le Racing a eu beau empiler les joueurs offensifs (5 au coup d’envoi), il a surtout souffert durant l’essentiel de la partie et s’en est remis à un énorme Musso dans les buts. Le Matador n’est pas l’équipe la plus brillante de la Superliga, étant essentiellement bâtie pour jouer le contre, mais il s’est créé pas moins de quatre occasions franches qu’il n’a pas su convertir et l’a donc payé sur l’une des rares percées du Racing conclue par Ibargüen à dix minutes de la fin. Un bien beau hold-up du Racing qui revient tout de même à quatre points de River mais qui a bien du travail s’il veut remplir ses ambitieux objectifs, à commencer par la Sudamericana.

Nos outsiders ont du talent : le retour du Granate

Avec River et San Lorenzo, ils sont deux à afficher 12 points au compteur, les clubs préférés des amateurs de jeu de mots plus subtiles les uns que les autres, Colón et Lanús. S’ils font parfois rire en France, en Argentine, Granate et Sabalero n’amusent personne. Les hommes d’Eduardo Domínguez ont tranquillement contrôlé un Temperley bien trop tendre et faible pour espérer quoi que ce soit quand les hommes de Jorge Almirón se sont sortis du piège tendu par Unión. En première période, le Granate a manqué d’idées pour convertir ses phases de possession en danger sur les cages adverses et s’est retrouvé souvent perturbé par la vitesse de Franco Fragapane et l’excellente prestation de Bruno Pittón sur son côté gauche. C’est donc Unión qui a logiquement ouvert le score à dix minutes de la pause grâce à Botinelli et aurait pu pratiquement tuer le match dans les instants suivants si Andrada n’avait pas sorti une frappe de Zabala. Ces occasions manquées, Unión allait les regretter. Car au retour des vestiaires, Lanús retrouvait son jeu et allait dominer de la tête et des épaules, emmené par les Pasquini, Acosta et surtout l’immortel Pepe Sand qui claquait en cinq minutes ses 101e et 102e but, permettant aux siens de basculer en tête. Lanús ne cédait alors plus, malgré une dernière tête de Yeimar Gómez Andrade, le Granate pouvait savourer sa quatrième victoire consécutive en championnat et revient ainsi à la hauteur de son adversaire en demi-finale de la Libertadores, River Plate.

A puro fútbol

Estudiantes 1 – 1 Banfield : s’il faut désigner un perdant ce week-end, Banfield est le candidat idéal. Les hommes de Falcioni ont souvent souffert face à Estudiantes mais sont passés à un rien d’une victoire qui leur aurait offert la deuxième place de la Superliga.

Rosario Central 1 – 3 Argentinos Juniors : Après trois nuls en ouverture, Central enchaîne une troisième défaite de rang. Les jours de Paolo Montero sont comptés, l’Uruguayen a fixé le quart de Copa Argentina comme dernière chance.

Vélez Sársfield 1 – 0 Newell's Old Boys : Vélez confirme son excellent début de saison et met fin à une série noire de trois matchs sans victoire.

Godoy Cruz 3 – 0 Gimnasia La Plata : Sans doute le plus mauvais match du Lobo version Mariano Soso qui en a assumé la responsabilité. Reste qu’avec seulement une victoire et un nul en six matchs, le Gimnasia est bien loin des espoirs qu’il avait généré en avant saison.

Belgrano 0 – 0 Talleres : 42 ans que le Gigante de Alberdi attendait son clásico cordobés en Primera División. Malheureusement pour lui, le stade n’a pas eu l’occasion de célébrer un but. Piratas et Matador se quittent dos à dos, Talleres manque l’occasion de prendre la deuxième place du général.

Olimpo 0 – 2 Huracán : Match clé dans la course au maintien. Le Globo s’impose à Bahia Blanca et s’il se place dans le bon wagon de cette Superliga, met surtout son rival du soir à sept longueurs au descenso.

Arsenal 0 – 1 San Martín : Dans un stade qui sonne toujours aussi creux, Arsenal est logiquement tombé face à des sanjuaninos bien plus inspires.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.