À l’aube de la 12e journée déjà disputée par certains, San Lorenzo continue de s’accrocher aux basques de Boca. Au point que la Superliga prend des airs de duel.

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La locura argentina : Almirón s'en va

Lorsqu’il s’assoit sur le banc du Granate, Jorge Almirón se retrouve face à un double défi. Le premier, personnel, celui de rebondir après une période contrastée du côté d’Independiente alors que son passage à Godoy Cruz laissait entrevoir tant de choses. Le deuxième, plus délicat, celui d’assurer l’héritage laissé par les jumeaux Schelotto à la tête d’un Granate devenu club qui compte. 80 matches plus tard, au lendemain d’une Libertadores perdue face à un adversaire qui lui aura été supérieur, La Fortaleza mesurait l’immensité de la perte d’un coach qui a tout changé. « On dit qu’il n’y a plus rien à inventer en matière de football, je ne le crois pas », a-t-il déjà martelé. Alors certes, en apparence Jorge Almirón n’a rien inventé, mais il a posé des bases qui rendront son héritage encore plus difficile à assumer. Car sous son impulsion, Lanús a changé de dimension dans le jeu et la conséquence s’est vue sur le palmarès. Avant l’arrivée du Negro, le Granate comptait trois trophées majeurs dans son armoire. À son départ, il en compte le double. La recette aura été « simple », le Granate est devenu une machine à produire du jeu, dès les bases arrières, Almirón s’évertuant à effacer des esprits la notion de risque pour ne pas « instiller la notion de peur », rappelant à qui veut l’entendre que « chercher à construire dès l’arrière n’est pas prendre des risques mais revient à chercher à gagner. » Conséquence, Lanús a convaincu, a brillé, Jorge Almirón a dirigé 80 matches, en a remporté plus de 50% et délivré quelques leçons de football à l’image de la finale du championnat 2016 qui l’avait vu balayer un San Lorenzo pourtant donné favoris par certains. C’est ainsi que tout un stade est venu célébrer comme il se doit un entraîneur qui restera dans l’histoire du club comme l’un des plus grands. Adoubé par Menotti en personne (et dont il est fan), Jorge Almirón quitte donc l’Argentine au lendemain d’une finale historique. Si on ne retiendra pas grand-chose du dernier match opposant son Lanús à un Vélez Sársfield, qui aurait sans doute mérité la victoire, on retiendra que l’Argentine perd l’un de ses meilleurs techniciens, moins médiatique qu’un Marcelo Gallardo, mais tout aussi talentueux. Reste à savoir si son arrivée à Las Palmas sera autorisée par la Ligue espagnole qui semble décidée à bloquer les entraîneurs étrangers au motif de diplômes non reconnus. Comme si trois titres en deux ans et une finale de Libertadores ne suffisaient pas…

Les bons gros géants : Boca – San Lorenzo, duel au sommet

Avec son match comptant pour la 12e journée déjà joué (et gagné), San Lorenzo voulait profiter de son déplacement à Victoria pour engranger davantage et maintenir la pression sur Boca. Les hommes de Claudio Biaggio y sont parfaitement parvenus face à Tigre. Pourtant, le Matador a été des plus dangereux, à l’image du raté du Chino Luna seul au point de penalty qui envoyait sa frappe au-delà des tribunes alors que le but lui semblait promis ou de sa belle opportunité sur une talonnade de volée qui fuyait les buts des visiteurs. Dominateur mais incapable de le concrétiser au score, Tigre allait ainsi devoir en payer le prix fort Paulo Díaz surgissait sur un coup franc de Belluschi et ouvrait le score. Si Jansen ramenait les siens en fin de premier acte, les leçons de celui-ci n’étaient pas retenues par les hommes de Caruso Lombardi. Dominateur, Tigre allait souvent buter sur un énorme Navarro mais aussi s’exposer aux contres. Sur l’un d’eux, Blandi servait Cerutti, San Lorenzo était devant, Tigre ne reviendra pas (même s’il aurait dû bénéficier d’un penalty en fin de match pour une main d’Angeleri). La bonne nouvelle pour les fans du Matador est qu’il ne reste désormais plus qu’un match à Caruso Lombardi, qui s’en ira ensuite (Tigre n’a remporté qu’un seul de ses 11 matchs de championnat sous sa direction). Pour ceux du Ciclón en revanche, cette victoire aussi difficile à arracher fut elle, permet de rester collé à Boca.

Car si les Xeneizes n’ont ensuite pas tremblé face à Arsenal, même si les hommes de Barros Schelotto ont parfois eu du mal à tenir les percées de Rolón. Dans les faits, Boca a maîtrisé face à un Arse généreux mais encore trop faible, a redonné vie à l’ancien nouveau Messi, Guido Vadalá, qui a certes profité des blessures Darío Benedetto et Walter Bou, du mauvais match de Benítez face à Central et donc du manque d’offensifs pour jouer, mais qui a parfaitement saisi sa chance et peut, on le lui souhaite, enfin lancer sa carrière (le gamin n’a que 20 ans). Conséquence, Boca reste leader mais devra ne pas perdre face à Estudiantes s’il veut reprendre ses distances sur San Lorenzo.

Derrière ce duo, c’est le désert. Unión concède le nul chez lui face à Belgrano, Huracán rend un magnifique hommage à un aussi immense qu’ému René Houseman mais, alors qu’il a joué quasiment une mi-temps en supériorité numérique face à Patronato, ne parvient à s’imposer au Ducó, Colón et Talleres s’inclinent, pour la première fois de la saison sur le terrain de Tucumán pour le premier, chez lui face à un Estudiantes qui revient se placer au général pour le second. C’est donc derrière qu’il faut regarder, au sein d’un deuxième groupe qui s’est formé et pour l’instant se concentre sur la lutte pour les accessits. En son sein, l’équipe du moment reste Defensa y Justicia. Cela fait désormais quelques années que El Halcón se transforme en laboratoire pour coaches aux idées de jeu. Après Ariel Holan, après Sebastián Beccacece, c’est désormais Juan Pablo Vojvoda qui vient appliquer ses principes et obtient des résultats. Face à Godoy Cruz, DyJ a parfois souffert mais s’est appuyé sur son jeu fait de pression haute et du duo Nicolás Fernández – Gonzalo Castellani pour prendre le dessus sur un Tomba qui n’a jamais abdiqué et profité du relâchement des locaux qui exposaient alors leurs carences défensives pour revenir un temps dans la partie. Mais Defensa y Justicia conserve des ressources et signe une quatrième victoire consécutive, Vojvoda égale les meilleures séries de l’histoire du club en Primera réalisée par Holan et Beccacece.

Une série de victoire, River Plate ne semble plus savoir ce que c’est. En déplacement au Bosque pour y jouer un Gimnasia à l’équilibre précaire, la bande à Gallardo a encore sombré. Certes le Millo a eu son temps fort en première période, De La Cruz ou Auzqui se procurant quelques belles situations, mais une fois encore, River a exposé ses largesses défensives symbolisées par l’ouverture du score du Lobo en début de second période, un deux contre un plus ou moins bien géré par le duo Dibble – Colazo, l’ancien de Peñarol et de Plaza Colonia en ratera une belle ensuite, butant sur un Bologna totalement abandonné par sa défense, ou comme en fin de match lorsque personne ne viendra monter sur Braian Alemán qui offrira le but de la victoire aux siens. Entre temps, Scocco aura nettoyé une lucarne mais ce River-là n’avance plus, il signe sa cinquième défaite en six matchs et jouera tout sur une finale de Copa Argentina prévue ce week-end face à l’Atlético Tucumán et qui s’annonce bien plus compliquée qu’initialement prévu.

arbitres

A puro fútbol

Impossible de ne pas évoquer l’énième dérapage survenu en Argentine dans les divisions inférieures. Livrées à elles même, les petites divisions du football argentin sont rongées par les excès de violence qui dont les grands médias se repaissent pour assurer du trafic sur leurs sites web grâce aux vidéos exclusives qu’ils diffusent. Mercredi dernier, en Federal B (quatrième division), Bruno Amiconi, Marcelo Acosta et Mauricio Luna, arbitres du duel des quarts de finale pour la montée entre Juventus de Pergamino et Independiente de Chivilcoy ont été sauvagement agressés. Face à cela, les arbitres de l’élite ont tous décidé de poser avec les portraits de leurs collèges sévèrement blessés pour protester contre les conditions de plus en plus dangereuses qui règnent aux étages inférieurs. Leur message sera-t-il reçu ? Tant que les agressions ne servent qu’à assurer le buzz des médias locaux, pas sûr…

Olimpo 2 – 0 Chacarita Juniors : l’un des deux duels pour la survie du week-end dernier et Olimpo se donne de l’espoir en coulant davantage une Chaca qui cherche un successeur à Gastón Coyette.

Argentinos Juniors 2 – 2 Temperley : Belle occasion de perdue pour le Bicho qui se fait reprendre en toute fin de partie par un Gasolero sur une bonne série (2 nuls en déplacement, une victoire à domicile) et reste collé au train d’Olimpo dans la zone rouge.

Newell's Old Boys 2 – 2 Racing : Cocca parti (rassurez-vous, il a déjà trouvé un nouveau club – Tijuana), le Racing s’en remet à Licha López pour ramener un point de Rosario. Reste désormais à trouver un nouvel entraîneur pour enfin lancer la saison.

San Martín San Juan 2 – 1 Banfield : Avec un point pris en trois matchs, Banfield dégringole. Nouvelle défaite en championnat concédé à San Juan face à un Santo sur une bonne dynamique mais qui perd son coach, Néstor Gorosito, faute d’accord trouvé.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.