Le championnat argentin est de nouveau lancé et après une intersaison des plus animées, on peut véritablement penser que tout repart à zéro. Tout ou presque. Parce qu’il y a des certitudes qui ne sont pas prêtes d’être mise à mal et Boca l’a rapidement rappelé.

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On n’a de cesse de le répéter, une formule annuelle n’a aucun sens en Amérique du Sud devant les dégâts causés par les périodes de marché. Cette année, l’Argentine l’a encore mesuré en prenant de plein fouet une forte vague de départs même si les clubs ont rapidement réagi pour finalement tenter d’écoper. Reste qu’au moment de débuter la « deuxième » partie de saison (le championnat reprend à la 13e journée sur 27), nombreux sont ceux qui démarrent un nouveau cycle. Au point qu’il faudrait parfois envisager un nouveau guide de la saison tant les mouvements ont été nombreux et les effectifs chamboulés.

Argentine 2017 - Le bilan

La meilleure illustration vient du finaliste de la dernière Libertadores, Lanús. Après le départ déjà acté en décembre de Jorge Almirón, plusieurs cadres ont quitté le navire avec plus ou moins de fracas. Monetti, en manque de temps de jeu, parti rejoindre son coach à l’Atlético Nacional tout comme l’un des piliers du Granate, Diego Braghieri, Maxi Velázquez, plus de 400 matches avec le club, envoyé vers Aldosivi ou encore Pepe Sand, traité comme un malpropre à son départ, tout est à reconstruire dans la maison grenat, la mission d’Ezequiel Carboni s’annonce ainsi bien délicate. L’intersaison, c’est aussi le moment de procéder à des changements d’entraîneur : neuf ont ainsi pris leurs fonctions. Carboni en avance à Lanús, huit autres ont suivi avec diverses missions qui leur ont été confiées : Sergio Rondina doit sauver le Titanic Arsenal, il aura pour concurrents directs Sebastián Pena du côté de la Chacarita ou encore Christian Bassedas à Olimpo et Christian Ledesma à Tigre. Du côté de Vélez, on cherche à éviter à se faire peur et on sort les grands moyens. Le très côté Gabriel Heinze débarque, suscitant énormément d’espoir après la révolution qu’il avait opérée à Argentinos, espoir renforcé par les arrivées de quelques jolis coups comme Luis Abram, excellent défenseur central venu du Sporting Cristal, Jesús Méndez qui arrive de Toluca et surtout la star Mauro Zárate qui vient renforcer une ligne offensive, il est vrai, amputée de son diamant Maximiliano Romero parti rejoindre les Pays-Bas.

C’est aussi à cela que sert l’intersaison. Outre les pillages traditionnels, elle sert aussi à initier de nouvelles dynamiques, en changeant ou non le coach. Le Racing par exemple a rapatrié el Chacho Coudet qui aura pour mission de réveiller une Academia à la dérive ces derniers mois. L’ancien sauveur de Central ne s’appuiera pas sur un énorme mercato, la seule véritable arrivée de poids étant le talentueux mais irrégulier au possible Ricardo Centurión, même si les retours au pays des deux Nery, Cardozo (sans y pour le coup) et Domínguez peuvent apporter un nouvel équilibre au milieu. Initier un nouveau cycle c’est aussi la mission d’el Muñeco Gallardo à River après une fin d’année à peine sauvée par une victoire en Copa Argentina. Les chantiers du Millo sont nombreux, les arrivées pour s’y atteler moins. Franco Armani vient tenter de ramener de la sérénité dans les buts, il sera donc le quatrième portier aligné cette saison par Gallardo (…), la défense, qui a volé en éclat en fin d’année, compte sur les retours de suspension et de blessure de certains jeunes, l’attaque, quelque peu en panne, s’attache le renfort de poids du marché de River, l’ancien Xeneize Lucas Pratto et lui adjoint un meneur de jeu aussi irrégulier qu’un Pity Martínez (on tremble à l’avance de leur association un jour de moins bien autant qu’on est excité à l’idée de les voir tous deux au sommet en même temps). Sera-ce suffisant pour rebondir ? River invente la révolution dans la continuité, Gallardo continue de repousser ses limites en termes de management.

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Au milieu de l’agitation, certains ont pu continuer de travailler en s’appuyant sur leurs certitudes. Boca, qui a écrasé l’année, a cédé à la tentation de ramener Carlitos à la maison et a surtout fait le choix pertinent de muscler son effectif en vue de l’arrivée de la Libertadores, un objectif évident pour le club. Et Boca n’a pas fait les choses à moitié : les anciens latéraux de San Lorenzo Julio Buffarini et Emanuel Mas (les hinchas du Ciclón apprécieront), le retour de prêt de Wanchope Ábila s’ajoutent ainsi à Tevez et à un groupe déjà très solide. Il faudra aller chercher Boca qui a déjà un bon matelas d’avance. La mission s’annonce délicate. Le principal concurrent se nomme San Lorenzo qui mise sur une certaine stabilité quelque peu ébranlée par les départ de Marcos Angeleri, l’un des cadres de l’équipe et surtout d’Ezequiel Cerutti si précieux dans l’animation offensive. Cela fait partie des nombreuses interrogations qui vont se poser, à savoir qui pourra véritablement lutter avec Boca. Des trois surprises de cette première partie de saison, Unión, Talleres et Huracán, seule la T semble armée pour durer. Certes le club de Córdoba a perdu Sebastián Palacios et Jonathan Menéndez, mais il récupère l’ancienne future pépite de Boca, Alexis Messidoro, et surtout l’expérimenté Tanque Silva l’excellent Matías Pisano et le prometteur Samuel Sosa. Kudelka dispose donc toujours d’un groupe solide qui peut tranquillement prétendre à un accessit. Reste enfin le cas Independiente qui lui aussi va avoir la Libertadores dans le viseur. Du côté du Rojo, on a probablement perdu le facteur X, Ezequiel Barco, on a aussi perdu le capitaine Tagliafico mais on a plutôt bien recruté : Silvio Romero a tout pour être le 9 qui manquait tant à Holan (jusqu’au réveil de Gigliotti en Sudamericana), Fernando Gaibor a suffisamment de talent pour s’installer au milieu. Avec des certitudes acquises sur le continent, un entraîneur qui a fini par rester à la maison, le Rojo peut espérer.

Que retenir de la journée de reprise ? Boca en a profité pour creuser davantage l’écart en s’imposant chez lui face à Colón alors que San Lorenzo est tombé à Córdoba face à la T. River, sans aucune recrue sur le terrain (Pratto est entré en seconde période) est tombé au Ducó et se retrouve 20e à 18 points de Boca, le Racing a fait illusion un temps à Santa Fe face à Unión et Independiente est tombé chez lui, piégé par Estudiantes. Le nouveau championnat a donc débuté, mais les compteurs n’étaient pas remis à zéro. Pour certains, le nouveau cycle va donc débuter par un sprint, pour d'autres, comme Boca on commence à les imaginer voir finir au petit trot.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.